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Arnaud Friedmann

Arnaud Friedmann

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Avis sur cet auteur (14)

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    Couverture du livre « L'invention d'un père » de Arnaud Friedmann aux éditions La Manufacture De Livres

    Evlyne Léraut sur L'invention d'un père de Arnaud Friedmann

    L’absolue paternité !
    Un livre d’urgence, sous l’illimitée douleur. La gravité et l’enjeu d’une littérature spéculative.
    « L’ Invention d’un père » , magistral, poignant, d’une lucidité indépassable.
    Contemporain, la beauté inouïe d’un récit dont les jours sont d’ombre et de lumière,...
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    L’absolue paternité !
    Un livre d’urgence, sous l’illimitée douleur. La gravité et l’enjeu d’une littérature spéculative.
    « L’ Invention d’un père » , magistral, poignant, d’une lucidité indépassable.
    Contemporain, la beauté inouïe d’un récit dont les jours sont d’ombre et de lumière, d’épiphanies et d’une tristesse infinie.
    À contrario, ici, pas de pathos. Nous sommes dans la dignité qui élève la trame dans l’immense intelligence du temps présent.
    Un homme quitte sa femme, trois jours avant la naissance de leur enfant.
    Et pourtant, tout semblait être sauf l’hiver, sans contour vacillant, dans leurs pensées et leurs sentiments. Mais le futur père dans le flux de sa conscience ne peut assumer et pour cause. Il prend peur et fuit avant l’enfant. L’horizon tel le miroir de la dualité de son âme. L’immersion dans une tragédie. L’abandon ultime, l’expansion d’une lâcheté incontrôlable, peut-être.
    Le huis-clos prend sens. Le sombre d’un récit où il n’y a pas de fenêtres sur l’avenir.
    Lui seul devient l’espace entier d’une rupture. L’écriture est de connivence. Elle vibre et retient les conséquences d’une décision. Celle de quitter le cocon, l’Alcazar, avant que les brindilles ne fendent le nid de l’enfant. Il reçoit un texto de Nathalie, son ex-compagne qui lui informe le prénom de l’enfant, le jour et l’heure. C’est une petite fille : Béatrice.
    On avance au plus près du secret. Il n’y a pas d’illustrations magnifiques. Le récit est le radeau de la Méduse de Géricault. Dans le vif d’une contemporanéité d’épreuves. Mais la délicatesse, la sensibilité sont garantes de ce récit sans consolation. Il apprend qu’il est malade. Le compte à rebours. Une maladie incurable le ronge. C’est un tsunami, fulgurant, tel le mot du médecin. Il va de révolte et de désespoir, chercher la fillette. Happer sa paternité, pour les quelques mois qui lui restent à vivre.
    Kidnapper sa fille, la cavale est lancée. Partir tel un père vierge encore de caresses enfantines, en pleine nature, dans les bois, et vivre avec l’enfant dans sa cabane d’enfance. Le retour à la matrice-mère. Tout est symbole. Le toit de cette cabane est de tôle, le plancher de bois et fendu. Les échardes sont nombreuses, les risques de blessures aussi. Le spartiate au garde à vous. Béatrice franchit le seuil de la vulnérabilité. Entre les soins et les pleurs, la faim et les changes. Il assume, se découvre, et ouvre ses ailes d’albatros à l’enfant de sept mois. Entre les branches et la solitude, il sait l’origine du temps. Les aiguilles qui défilent et arpentent son corps en souffrance. Il meurt à petits feux. Trente trois ans, la jeunesse fusillée en plein vol. la chute d’Icare.
    Il sait les dangers. Béatrice va être recherchée. Mais l’enfant est pure et ne sait pas la vie des grandes personnes. Elle babille, joue à quatre pattes sur le sol d’une cabane-grotte.
    Bercée d’amour dans cet oracle où la mort se surprend à être un instant, un instant seulement dansante.
    Il écrit l’épistolaire. Il inscrit sur la pierre qui résistera aux remords, lui et Béatrice sa fille, le lien et la filiation comme l’étoile du Sud.
    « De n’avoir qu’une lettre posthume pour s’inventer un lien avec sa fille. » « Il ne déchire pas les feuilles. » « Il n’a rien d’autre à offrir. » « Béatrice le regarde. Elle paraît comprendre les tourments de l’homme qui la change, n’en tire aucune inquiétude. Au contraire, elle sourit. »
    Il est magnifique dans sa rédemption. On aimerait le protéger, lui dire que ce livre est le sien, un hymne au père. Les jugements ne viendront pas. « L’Invention d’un père » et un mémorial. La prodigalité d’un Carpe Diem. Transmettre dans l’heure courte, sans îles ni espérances, les gestes de silence et d’apothéose.
    Le récit tremble de pluie. La cabane semble se rétrécir. L’agonie gouffre d’un jeune père qui persévère et invente un relationnel quasi théologal.
    « Soudain, une frénésie de mots. Une fureur. L’impatience, comme aux jours inspirés de sa jeunesse. » « Ne subsiste qu’un maintenant minuscule, sa fille qui pèse sur son torse et lui qui la regarde. » « Plus loin, un horizon d’arbres noirs. » « J’aurai connu ça avec toi. »
    « L’Invention d’un père » est une œuvre extraordinaire. Bouleversant, bleu-nuit, inoubliable.
    Atteindre par le pouvoir des mots, le retour du printemps. La raison d’un départ sans fuite ni faillite.
    Magistral, le point d’altitude de l’amour.
    Arnaud Friedmann est digne d’un génie évident. Ce livre est un parchemin d’une tendresse infinie et bien au-delà du renom, un livre universel. Publié par les majeures Éditions La Manufacture des livres.

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    Couverture du livre « Lettre ouverte au type haut comme trois pommes derrière la fille à talons » de Arnaud Friedmann aux éditions Le Realgar

    Yv Pol sur Lettre ouverte au type haut comme trois pommes derrière la fille à talons de Arnaud Friedmann

    Se promenant aux alentours de la gare de l'est, l'auteur croise une très belle jeune femme. Il voit également un homme, "à la verticalité contrariée" parce que dire nain pourrait être considéré comme une atteinte à l'intégrité dudit homme. Celui-ci tente d'aborder la femme, disons pour être...
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    Se promenant aux alentours de la gare de l'est, l'auteur croise une très belle jeune femme. Il voit également un homme, "à la verticalité contrariée" parce que dire nain pourrait être considéré comme une atteinte à l'intégrité dudit homme. Celui-ci tente d'aborder la femme, disons pour être correct, de manière inélégante. Elle l'ignore et continue sa route. Le nabot, pardon, l'homme "à la verticalité contrariée" ressent cela comme un affront.

    Et l'auteur ne réagit pas, par crainte de se prendre un mauvais coup. Six mois plus tard, il écrit à cet homme qui ne le lira sûrement pas. Une lettre tellement bien écrite que c'est dommage que son destinataire l'ignore, mais c'est tant mieux pour nous qui avons la chance de pouvoir la lire. Il explique son inaction : "J'ai failli t'arrêter dans la rue. Te poser la main sur le bras -le truc à ne jamais faire, le contact physique qui m'aurait valu un aller simple vers le bitume, une suite de points de suture, des déceptions quotidiennes devant le miroir de ma salle de bain habitué à renvoyer l'image d'un nez dans l'axe ; pas même la reconnaissance de la fille qui aurait continué son chemin sans se retrourner." (p.12)

    Le texte est beau, fait parfois sourire, nous ramène à nos hésitations à intervenir, car avouons-le, qui aurait réagi ? Qui aurait dit au nain de se taire ? L'agression verbale subie par cette jeune femme n'est sans doute pas la première ni la dernière qu'elle entendra dans sa vie et peut-être même dans sa journée. Comme Arnaud Friedmann, je me demande : "Mec, franchement, est-ce que ça a déjà marché ?" (p.3). Comment certains pensent que leurs techniques de drague lourdes peuvent déboucher sur un rencard ? Et je pense à toutes les femmes, et je les plains, qui quotidiennement se prennent des remarques, des demandes, des sifflets... Arnaud Friedmann aussi, mais lui, il le dit vachement mieux que moi, dans cette collection Lettre ouverte.

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    Couverture du livre « La femme d'après » de Arnaud Friedmann aux éditions La Manufacture De Livres

    Geneviève Munier sur La femme d'après de Arnaud Friedmann

    Besançon, 17 septembre, Livres dans la boucle. Il est le local de l’étape. Je ne le connais qu’à travers des échanges virtuels sur le tennis avec une amie commune et "La vie secrète du fonctionnaire" que j’ai aimé. "Il" c’est Arnaud Friedmann et selon cette amie, son petit dernier "La femme...
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    Besançon, 17 septembre, Livres dans la boucle. Il est le local de l’étape. Je ne le connais qu’à travers des échanges virtuels sur le tennis avec une amie commune et "La vie secrète du fonctionnaire" que j’ai aimé. "Il" c’est Arnaud Friedmann et selon cette amie, son petit dernier "La femme d’après" devrait aussi me plaire. Elle avait raison.

    Aussitôt acheté, l’encre de la dédicace à peine asséchée, et me voilà plongée dans l’histoire sombre de cette femme plus si jeune, divorcée et mère de deux filles. Elle a fait le chemin de Besançon à Montpellier pour retrouver l’amour de ses vingt ans. Il est tard, elle le quitte après avoir dîné chez lui et rentre à son hôtel. "Ils sont quatre, trois derrière, un qui se tient devant, qui met le cap sur [elle] comme si [elle] n’existai[t] pas. Ou que si justement. Comme si [elle] existai[t] trop." Ils échangent quelques mots, il la traite de "connasse". Elle ne baisse pas les yeux. Ils passent leur chemin. On pourrait dire que rien n’est arrivé et pourtant… Et pourtant cette "non-agression" aura un impact fort sur la narratrice, surtout lorsque le lendemain elle apprend que le corps d’une jeune fille a été découvert à quelques pas de la rencontre.

    L’intrigue finement racontée, la construction parfaite telle une tragédie en trois actes, l’écriture sèche, cinglante, précise, exempte de tout mot inutile, le rythme qui au fil des pages s’accélère petit à petit jusqu’à une fin "coup de poing" rendent le récit totalement addictif. Le talent de l’auteur est grand qui s’immisce dans l’âme féminine et en décrypte toutes les nuances. Cette femme qui ne porte pas plainte, "Est-ce qu’on porte plainte quand on s’est fait traiter de connasse ?", qui en vient presque à regretter de ne pas avoir été agressée parce que… parce que peut-être n’était-elle plus suffisamment jeune, plus suffisamment séduisante. Et surtout, qui s’interroge sur sa vie, confrontée au dédain de sa mère, à sa jeunesse qui s’en va, à ses pensées de plus en plus sombres. Une immersion totale dans la tête d’une femme. Une très belle réussite.

    Un grand merci à l’amie qui me veut du bien et m’a conseillé cette lecture toute en délicatesse et sensibilité.
    https://memo-emoi.fr

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    Couverture du livre « La femme d'après » de Arnaud Friedmann aux éditions La Manufacture De Livres

    Jo_Ly sur La femme d'après de Arnaud Friedmann

    Il est une heure du matin.
    Une femme seule traverse des rues désertes. Une femme dans la quarantaine. Encore séduisante. Et séduite ce soir-là par un amour de jeunesse.
    En face d'elle, quatre jeunes hommes.
    Le danger, elle ne le sent pas tout de suite. A cause d'une légère ivresse peut-etre....
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    Il est une heure du matin.
    Une femme seule traverse des rues désertes. Une femme dans la quarantaine. Encore séduisante. Et séduite ce soir-là par un amour de jeunesse.
    En face d'elle, quatre jeunes hommes.
    Le danger, elle ne le sent pas tout de suite. A cause d'une légère ivresse peut-etre. Celle du vin et celle du flirt. En tout cas, elle avance sans crainte...
    De cette agression, qui s'achèvera par un "connasse" retentissant, elle s'en sort indemne. Sans savoir ni comment, ni pourquoi.
    Une agression dont elle est incapable de se plaindre à la gendarmerie. Elle était menacée, elle le sait. Pourtant ils ne l'ont pas touchée. Pas molestée.
    Il faudrait des plaies, des injures un peu plus virulentes. Un vêtement déchiré. Quelque chose qui raconterait la violence réelle de cette rencontre.
    Le lendemain, elle apprend qu'une jeune femme a été tuée. Violée et tuée. Quelques rues plus loin. Elle avait vingt ans. Quatre individus. Et en double page, le portrait de celui qui a articulé connasse. Connasse. Connasse. Connasse.
    Le mot claque. Résonne. Comme un coup de feu.
    Le traumatisme et la culpabilité se teintent bientôt d'ambiguïté. Cette question, affolante. Affligeante dans cette situation. Pourquoi elle et pas moi ?
    Je n'ai pas pu lâcher ce livre. Je l'ai lu d'une traite, le souffle retenu, suspendu aux mots de cette quadra aux prises avec sa conscience. Dans tous les sens. L'auteur s'emploie à nous retranscrire les contacts, les bruits, les voix, les odeurs... avec une acuité parfois presque douloureuse.
    Cette agression révèle ou réveille quelque chose d'animal chez elle, qui prend racine tellement loin, dans son corps de fille. de mère. de femme.
    Subjuguée.
    Incapable de refermer le roman, même quand l'atmosphère devenait vicié, une atmosphère tellement bien rendue.
    Mais quel talent !