"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je me souviens avoir commencé à lire (avec délice !) les huit précédents volets dans les années 2000. Restait dans ma « PAL » (pile à lire pour les novices) le neuvième et ultime opus de cette formidable saga … Lors de mon passage à San Francisco, il y a quelques années, je me suis renseignée et – à ma grande confusion – j’ai plutôt amusé la galerie : non, la fameuse maison du 28 Barbary Lane n’a jamais existé …
Anna Madrigal vit à présent avec Jake, compagnon transgenre de trente ans son cadet. Notre bienaimée ex-logeuse (du 28 Barbary Lane) va bientôt fêter ses 93 ans (Dieu que le temps passe vite ! Le premier tome se déroule dans les années soixante-dix …) Elle aimerait, pour cette occasion, rassembler ses amis et anciens locataires – du moins ceux qui sont toujours de ce monde ! …
Anna Madrigal plonge le lecteur dans ses pensées profondes (ainsi les fans de cette longue intrigue se remémorent avec émotion la flopée de protagonistes : Michael, Brian, Mary-Ann, Ben, Shawna etc … ) Et découvrent Andy, cet adolescent de seize ans qu’elle fut jadis, dans une « autre vie » … Lorsqu’il vivait encore dans la « maison de plaisir » de sa mère Mona, en compagnie (proche) de prostituées et qu’il était amoureux de Lasko Madrigal … Que de chemin parcouru ! …
Un agréable « roman-épilogue », qui – toutefois – m’a un peu moins convaincue que les récits antérieurs … Probablement parce que j’ai eu la sensation de lire un compte-rendu du passé avant le bouquet final ! Ce qui ne m’a tout de même pas empêché d’éprouver du plaisir à sa lecture !
Les seventies à San-Francisco, enfin au 28 Barbary Lane, où vit une poignée de célibataires à la recherche d'un bonheur ou la liberté d'expression , sexuelle est prioritaire . Jai adoré tous les personnes haut en couleurs et tellement attachants , on m'a offert le 1er tome et j'ai dévoré les 2 autres ....
j'aurai adoré croisé Mary Ann, Michael, Brian..... et surtout Madame Madrigal dans ce San Francisco toujours magique.
sI vous aimez les belles sagas, et surtout l'ambiance San-Francisco alors n'hésitez pas.
Oui, Michael Tolliver est vivant, et il en est le premier surpris. En ce début de millénaire, il a 54 ans et est séropositif depuis une vingtaine d’années. Réchappé de l’hécatombe qui a fait tant de victimes parmi la communauté homosexuelle au début des années 80, il sait qu’il n’est jamais qu’en sursis, et ressent d’autant plus le bonheur d’être en vie. Et d’être amoureux. Il a enfin rencontré son prince charmant en la personne de Ben, 20 ans plus jeune que lui, et ils filent le parfait amour. Autour d’eux, gravitent certains de leurs amis de longue date, tels Brian et sa fille adoptive Shawna, et bien sûr Mme Madrigal, toujours vivante elle aussi et désormais vénérable octogénaire. S’il y a une légère ombre au tableau, c’est celle projetée par la (très conservatrice) famille de Michael, qui n’a toujours pas accepté son homosexualité, et encore moins son mariage avec un homme aussi jeune. Mais la mère de Michael est mourante, et elle appelle son fils auprès d’elle en Floride, peut-être en vue d’une réconciliation ? Presque au même moment, Anna Madrigal aurait elle aussi bien besoin de l’assistance de son fils de cœur. Un fameux dilemme pour Michael. Ou pas…
Publié 20 ans après le volume précédent (« Bye bye Barbary Lane« ), cet épisode (sans doute en partie autobiographique) est assez différent, innovant avec une narration à la première personne par Michael. Plutôt qu’une succession de saynètes virevoltant entre de multiples personnages hauts en couleurs et péripéties rocambolesques, il est davantage centré sur le couple Ben/Michael, ce dernier revenant sur le passé et livrant ses réflexions sur leur vie commune et l’amour en général. Les personnages sont moins nombreux, l’ambiance est plus posée, l’insouciance des années 70-80 n’est plus. Ce qui n’empêche pas Michael de donner à cette sorte de « mémoires » le même ton humoristique, ironique ou même salace. Un brin nostalgique, ce tome de retrouvailles avec Michael et sa famille « logique » (par opposition à sa famille biologique) réussit une fois de plus le dosage impeccable entre tendresse et causticité.
Dans ce huitième volume, Mary Ann revient à San Francisco après 20 ans passés sur la côte Est. Personnage principal dans les premiers tomes de la série, elle avait peu à peu laissé la vedette à Michael (Mouse) Tolliver, pendant qu’elle-même allait tenter sa chance comme star du petit écran à New York. Une chance qu’elle n’a pas vraiment rencontrée, et elle s’en revient à San Francisco, meurtrie dans son corps et dans sa tête. Trompée par son mari et atteinte d’un cancer, en proie au doute et à la culpabilité (elle s’en veut toujours d’avoir « abandonné », à l’époque, ses amis, son premier mari Brian, et Shawna, leur fille adoptive), elle espère guérir ses blessures auprès de Michael. Le temps a passé, Madame Madrigal a plus de 80 ans et se fragilise, Michael a la soixantaine bedonnante mais est toujours heureux avec Ben, son jeune mari, Brian parcourt le pays au volant de son mobile home, Shawna tient toujours son blog sur la sexualité, pendant que Jake, apparu au tome précédent, se prépare à son opération de changement de sexe, et que DeDe et D’Or font une réapparition accessoire. Nous sommes désormais en 2008, Obama a été élu, internet et Facebook font partie du quotidien. Maupin, comme toujours, s’adapte à l’époque et à l’âge de ses personnages. Si chacun se tracasse un peu plus pour sa santé, il y a toujours les mêmes craintes de ne plus plaire, de ne plus être aimé, de ne pas être aimé pour ce qu’on est. Seule Anna Madrigal semble au-dessus de ces préoccupations, et se contente de diffuser sa sagesse et sa sérénité à ses enfants de cœur.
Après « Michael Tolliver est vivant« , plus introspectif et écrit à la première personne, on renoue ici avec la marque de fabrique des « Chroniques » : une succession de chapitres courts avec beaucoup de dialogues, passant d’un personnage à l’autre, entremêlant de petites intrigues qui n’ont au départ aucun lien entre elles mais qui finissent par se rejoindre en une seule, en l’occurrence une sombre histoire liée à un vieux secret partagé uniquement par Michael et Mary Ann.
Bon alors les ficelles sont un peu grosses, ce n’est pas ultra-palpitant ni vraisemblable, mais cette saga continue à me faire sourire et oublier le temps de quelques heures la grise époque que nous traversons. De l’humour, des joies et des peines, de la nostalgie, de l’amour un peu fleur bleue ou épicé, des amitiés à toute épreuve, quelques observations bien balancées, des personnages attachants,…, une petite bulle de bien-être dans ce monde inconfortable.
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