"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans le cadre de cette collection très romanesque « ma nuit au musée » qui catapulte des écrivains dans un musée le temps d’une nuit, l’auteur a choisi de la passer dans le musée de l’Acropole où précisément il manque la moitié des marbres du Parthénon. Elle a emporté avec elle la biographie de l’auteur de ce sac, Lord Elgin, qui entamait une charmante expédition artistique et a terminé son voyage en pillage organisé.
Du coup on s’interroge…elle va donc passer sa nuit dans un musée à moitié vide avec des statues décapitées…et c’est là le tour de force justement de cette helléniste passionnée.
On ressent très précisément ce manque, cette absence, ce sacrilège et la dette millénaire que l’on ne pourra jamais repayer à la Grèce. Et pas seulement à cause des marbres.
Elle entrelace son histoire personnelle avec celle d’un rapt monstrueux, elle rend palpable cet outrage difficilement compréhensible en 2023. Et cela même pour ceux comme moi qui n’ont aucune connaissance en tant que spécialiste pour juger de la valeur artistique des sculptures de Phidias.
« Le faussaire se fait voleur »
Elle évolue ainsi pieds nus dans le musée pour ne pas troubler les vestiges d’une autre époque et nous rappelle aussi tout ce que nous avons dérobé à la Grèce Antique, ce que nous lui devons et prenons comme si cela nous appartenait jusqu’aux marbres du Parthénon.
Comme pour « la langue géniale », c’est une belle déclaration d’amour à la Grèce antique, ce « miroir et aimant de notre imperfection ».
C’est aussi une évocation de ce lien parfois inconscient avec cette Grèce antique, « leurs âmes sont devenues les nôtres ».
Une vraie nuit de repentance en notre nom, pour les actes commis par Lord Elgin et tous ceux qui pillent la Grèce.
Pour la petite histoire, la Grèce ne sera pas seulement vengée par Lord Byron, mais la malédiction d’Athéna s’abattra sur Lord Elgin.
Un voyage éblouissant pour commencer ce mois consacré à la Grèce. J’ai commencé ce « cycle » de lecture lancé pour m’imprégner de ce monde avant d’y poser un pied pour une courte escapade, pour essayer de comprendre ce qui a longtemps été dans mon esprit une idée, avant d’être un pays ou un territoire. J’ai ressenti le même émerveillement qu’en apprenant le chinois, cette nécessité de penser autrement parce que la conception linguistique de la réalité n’était pas celle de la langue française.
Cette déclaration d’amour au grec (ancien) est sans doute l’une des plus belles manières d’appréhender cet esprit qui souvent nous habite parfois sans que l’on y prête attention. L’ouvrage nous donne aussi furieusement envie de vivre, de penser comme un grec de cette époque.
Tout d’abord par la liberté qui se dégage des explications de l’auteur qui nous précise que les grecs vivaient au présent : « Eux qui étaient libres, se demandaient toujours comment. Nous qui sommes prisonniers, nous nous demandons toujours quand ». Le temps est secondaire comparé à la façon dont les choses adviennent. Nous plongeons dans la valeur aspectuelle de l’action.
Le thème de l’aoriste, qui a disparu, est d’une grande poésie, ce temps qui décrit une action « prise pour ce qu’elle est », « qui s’accomplit » sans considération de -de ses conséquences, parce qu’il n’y en a pas, pourquoi devrait-il toujours y en avoir? »
Mais il s’agit d’une liberté réfléchie et responsable. Avec la désinence des mots, il s’agit de réfléchir à ce que l’on veut dire mais une liberté quand même puisque celle-ci donne le sens aux mots et nous libère d’un ordre à suivre dans leur agencement.
Autre subtilité, qui a disparu « le duel », en plus du singulier et du pluriel, le « duel » exprime un couple par nature, par choix, « un nombre humain et non mathématique », et donne du sens aux relations entre les choses et les personnes. Son utilisation, très personnelle, est donc choisie par celui qui l’écrit et qui le parle.
Et l’optatif ! Là nous poussons la porte du « degré de réalité » exprimée par le locuteur. De sa projection sur ce qu’il désire, espère, il « rend compte de sa vie sans imposer sa volonté ou envahir la vie (et les mots ) des autres ». Avec cette délicatesse, on s’avoue à soi-même à haute voix ses désirs sans les faire subir aux autres car cette potentialité ne dépend que de soi.
Une autre grande leçon, celle d’assumer ses actes, d’être responsable.
Il y a un degré de nuances vertigineux mais rassurant aussi car profondément humaniste et qui ouvre de nouveaux mondes.
Évidemment on referme l’ouvrage en voulant apprendre le grec ancien pour arriver à vivre comme ce que l’on peut percevoir depuis la compréhension linguistique de leur monde, en homme libre et responsable.
Quand on referme les dernières pages de ce livre, on regrette que la lecture soit terminée mais cependant les pensées qui suivent pourraient devenir immortelles dans notre âme si nous étions des dieux. Cela dit, peut-être qu’ils continuent à nous guider, à nous inspirer, car tout porte à croire qu’une divine chouette s’est penchée sur la plume d’Andrea Marcolongo ou que cette dernière est une nouvelle Athéna, protectrice de ses lecteurs et montrant le chemin de la sagesse universelle à travers les siècles, à travers les civilisations.
Andrea Marcolongo est la capitaine d’une initiation au voyage, celui qui débute à l’intérieur de soi pour ensuite partir vers les autres ou un horizon inconnu, une navigation initiatique ou peut-être des retrouvailles, selon que vous soyez sédentaire ou nomade, qui mène vers l’infini, à l’image de Jason et les Argonautes c’est une recherche vers l’étincelle qui deviendra la plus précieuse des Toisons d’or. Une longue route du passé pour un appel vers le présent, pour ne jamais baisser les voiles mais les pousser avec force et conviction pour réaliser sa part de rêve.
Ceci n’est pas un livre comme les autres, c’est un manuel, une bible antique dans un monde contemporain, un guide pour ne pas oublier d’être simplement soi-même pour être prêt à embarquer tel un Argô en prenant notre part de héros qui existe dans notre chair, dans notre âme sur lequel il faut souffler pour réanimer notre véritable destinée, éveiller les rêves enfouis sous la cendre pour les faire jaillir dans la lumière de la réalité. Et peu importe si l’on tombe, le vrai courage est celui de prendre conscience de nos faiblesses pour les transformer en des forces insoupçonnées.
Le héros est celui qui ne « renonce jamais à son objectif », parfois fragile (les larmes dans l’antiquité n’étaient pas un signe de pusillanimité) mais toujours vaillant.
Ce récit qui prend sa source dans la mythologie montre que les Anciens sont excessivement modernes, que rien ne s’efface mais que tout se renouvelle perpétuellement, la vie est un palimpseste qu’il faut savoir saisir, aussi bien dans la souffrance que dans la joie, qu’il faut entourer de tout l’amour possible. Et ainsi, évacuer tout le superflu, chasser le superficiel pour ne jamais se mentir, relativiser et s’inspirer de ces héros antiques qui peut-être veillent toujours depuis les cieux à nous offrir des lueurs d’espoir même dans l’obscurité.
Un livre de chevet pour cueillir les pensées les plus positives à chaque réveil et trouver l’énergie nécessaire pour continuer son chemin de vie sous les meilleures augures et toutes les couleurs de l’existence.
Blog : https://squirelito.blogspot.com/2019/05/une-noisette-un-livre-la-part-du-heros.html
C’est l’histoire d’une passion.
Une passion qui dure depuis l’enfance.
La passion de l’auteur pour le grec ancien.
Elle fait le parallèle entre nos langues et le grec ancien.
Chez nous, la notion de temps est toujours représentée.
Chez les grecs, c’est la notion du comment.
Le grec ancien est influencé par la langue indo-européenne qui a disparu.
Après un début très accessible, tout devient plus pointu et donc plus ardu à lire.
On notera cependant certaines notions, comme l’appauvrissement de la langue. Avec entre autre la disparition du mode optatif.
L’auteur prodigue conseils et encouragements pour aborder l’étude du grec ancien de manière positive.
L’étude de cette langue, dit-elle, ouvre l’esprit et permet de se connaitre soi-même.
C’est une étude très complète sur l’origine, la complexité, l’évolution, voire la disparition d’une langue.
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