Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Callum, qui vit en Angleterre, interroge son grand-père sur la guerre.
« Opa », adresse de longues lettres à son petit-fils pour lui raconter ce qu'il n'a jamais raconté à personne, ses années de guerre.
Je me sens un peu mal placée pour parler de ce livre, étant donné que je l'ai lu en diagonale.
En effet, pas envie de me plonger dans des récits de guerre.
Et il est difficile d'être juge sur de tels récits.
Sur la pseudo-responsabilité de soldats à qui on a rien demandé et qui obéissent aux ordres.
Sur le rôle des allemands dans cette Allemagne nazie.
Sur la faute rejetée sur tout un peuple sur les atrocités commises.
« Nous, les Allemands » est une lettre posthume d’un grand-père, Meissner à son petit-fils, Callum. Librement inspiré de sa propre histoire familiale, l’auteur, Alexander Starritt, offre un court roman où le lecteur se verra très souvent basculé et poussé dans ses retranchements.
Écrit comme la réponse de ce grand-père, enrôlé après le lycée, à la question de son petit-fils quant à savoir ce qu’il a fait durant la guerre, celui qui ne se perçoit que comme un simple soldat et non un nazi va narrer essentiellement ses années passées sur le Front de l’Est. Il sera, ensuite, à la fin de la guerre, capturé par les Russes en Autriche et placé dans un camp de travail de prisonniers allemands en Russie.
En lisant ce livre, je n’ai pas pu éviter de me rappeler la chanson de Jean-Jacques Goldman, « Né en 1917 à Leidenstadt », dont les paroles « (…) Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens. Si j’avais été allemand (…) » résonnent dans mon esprit. Le Titre « Nous, les Allemands » servira tout au long de l’histoire comme une ritournelle au fil des pages.
À bien des égards, le roman prend la forme d’un témoignage au travers de cette lettre posthume. J’ai vraiment ressenti des sentiments antinomiques lors de cette lecture, bien que passionnante, parfois très dure. Alors qu’il élude la connaissance à l’époque des camps de concentration et d’extermination, Meissner semble envisager la guerre à l’Ouest comme une sinécure par rapport à ce qui se déroulait à l’Est.
Évoquant la question de la responsabilité ou de la culpabilité tant individuelle que collective, le narrateur suscite souvent des crispations pour son lecteur, comme cela a pu être le cas avec moi, tout comme pour Callum, son petit-fils. Ce dernier ne peut cesser de s’interroger pour savoir s’il saura continuer à aimer ce grand-père, connaissant sa participation à la Wehrmacht. On ne peut s’empêcher de s’imaginer à sa propre place, tout en n’éprouvant aucune empathie à l’égard de ce soldat.
Ayant eu de la famille déportée et assassinée au nom d’une religion, cela a été un exercice parfois ardu. Pourtant, ayant déjà lu de très nombreux livres et essais sur la Seconde Guerre Mondiale, j’ai vu là une rare occasion de lire un récit du côté des coupables.
Par cette capacité que l’auteur a eu de me faire ressentir autant d’émotions aux travers de ses mots, « Nous, les Allemands » sera sûrement un des livres qui m’aura marquée en ce début d’année et qui m’aura le plus retourné l’esprit. C’est pourquoi il n’est pas étonnant qu’il ait déjà remporté le Dayton Literary Peace Price, prix littéraire annuel des États-Unis “reconnaissant le pouvoir de l’écrit pour promouvoir la paix ».
Lu pour le prix Bookstagram du Roman Etranger.
Disons-le tout de suite, j’étais assez dubitative en refermant ce livre : où l’auteur avait-il voulu en venir ? Il m’a fallu une nuit de réflexion pour y vois clair.
L’auteur de la longue lettre adressée à son petit fils Callum est un ancien soldat qui a fait la guerre de 39-45 à l’Est. De ces années de guerre, nous ne saurons rien. En revanche, il revient sur une action qui a eu lieu lors de la défaite et qui le fait encore souffrir.
Et il en faut des pages, avant d’arriver à ce fait, somme toute assez anodin des années après : Meissnet et 3 acolytes, loin de leur garnison, ont tout fait pour retarder l’avancée des Russes, quitte à tuer.
Et là, je me suis demandée : mais il avait déjà tuer des Russes et autres Polonais pendant la guerre. Pourquoi ceux-ci en particulier ?
Parce que l’armée allemande était en pleine déroute, qu’ils auraient pu tout simplement rendre les armes. Mais, alors que le commandement était inexistant, ils ont continué le combat, tels de bons spartiates : Never retreat, never surrender.
Meissner voulait sans doute nous rappeler ce qui fait de nous des humains : notre acharnement.
Quelques citations :
A l’Est, les prisonniers de guerre ne s’amusaient pas à monter des plans d’évasion ni à fabriquer de faux papiers : ils mangeaient leurs amis. (p.87)
La honte ne s’expie pas : elle est une dette impossible à quitter. (p.91)
… que l’Histoire est un kaléidoscope, peut-être, dont les fragments de verre coloré, certains russes d’autres allemands, se recombinent à l’infini. (p.199)
L’image que je retiendrai :
Celle de la femme de ménage russe employée par la maison de retraite où vit Meissner et dont il se prend d’amitié, essayant de lui parler russe avec le peu dont il se souvient.
https://alexmotamots.fr/nous-les-allemands-alexandre-starritt/
Ce livre est une lettre posthume de Meissner adressée à son petit-fils, Callum.
Le jeune homme se souvient que lorsqu’il avait interrogé son grand-père sur ce qu’il avait vécu en Russie durant la guerre, ce dernier s’était irrité puis muré dans le silence.
Dans cette lettre, il décide enfin de se confier sur ce qui s’est passé jadis quand en 1940, à l’âge de 19 ans, alors qu’il pensait poursuivre des études scientifiques, il a été appelé à combattre sur le Front de l’Est pour la Wehrmacht.
Son récit se situe principalement sur quelques jours seulement de 1944, à la fin de la guerre, alors que l’Allemagne se dirige vers une défaite et qu’il erre avec quatre compagnons d’armes. Sous ce froid, les jours n’en sont que plus durs, c’est l’horreur : la faim, la fatigue, la peur, les tortures des Feldgendarmen et ces corps de villageois qu’ils découvrent pendus à un arbre « comme des prunes boursouflées ».
Ce roman m’a rappelé ces paroles de JJ Goldman :
« Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j’avais été allemand ? »
Car c’est bien ce dont il s’agit dans ce roman qui s’attaque aux questions de responsabilité collective, de culpabilité et de honte ressentie (ou non) par les personnes qui ont pris conscience qu’elles s’étaient sont battues du « mauvais côté », pour un pouvoir qui a commis des atrocités.
J’ai trouvé que ce roman était d’une grande profondeur et vraiment très bien écrit. Le vieil homme tente de répondre à ces questions complexes, d’une façon réfléchie, franche et honnête bien que nuancée, en admettant ses contradictions. C’est son point de vue unique, celui d’un artilleur du front de l’Est qui n’avait pas connaissance des camps. S’il ne semble pas endosser une quelconque responsabilité, il évoque par contre un vrai sentiment de honte.
Comme stipulé à juste titre sur le quatrième de couverture, ce roman est dérangeant car non seulement il comprend des passages éprouvants mais il nous oblige aussi à voir les dégâts causés par cette guerre sous un angle plus large.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !