"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Agnès Dumont et Patrick Dupuis forment un duo qui fonctionne à merveille et me donne envie de lire leurs précédents ouvrages. Couverture jaune d’une grande sobriété pour un "Carton rouge", enlevé et bien foutu dans lequel nous découvrons un autre duo, très intéressant également.
Ce duo formé de deux amis, Paul Ben Mimoun, jeune policier en activité, et Roger Staquet, commissaire à la retraite est appelé à enquêter (en catimini) sur l’accident qui a failli coûter la vie à leur amie Clarisse Dubois, journaliste. Elle faisait des recherches sur la place des femmes dans le foot. Qui peut- bien lui vouloir du mal et pourquoi ? Nos deux fins limiers vont à leur tour plonger dans le monde des supporters de Standard de Liège.
J’ai beaucoup aimé ce roman pour nombre de raisons. Les recherches sont intéressantes et bien menées. Les personnages – y compris les secondaires – sont bien brossés, attachants, originaux. Et il n’est nul besoin d’aimer le foot pour apprécier ce qui se passe dans les coulisses, les bars de supporters et autres lieux de retrouvailles. J’ai aimé aussi l’écriture, à la fois simple et travaillée, les phrases faites parfois de petits détails qui nous sortent totalement du sujet et nous ramènent à une vie plus tranquille "En attendant Paul, l’ex-commissaire s’affairait dans la cuisine. Il avait opté pour un bœuf bourguignon et tronçonnait des bouts de carottes avec hargne… Il attrapa un gros ravier de champignons et entreprit de les nettoyer avec une brosse à poils souples…". J’ai aimé l’utilisation discrète d’expressions belges savoureuses, l’humour toujours présent qui allège les tensions. Sans oublier l’absence totale de coquilles.
J’ai beaucoup aimé aussi la construction, tout aussi simple que l’écriture puisque chronologique mais très efficace. Le choix de la période de l’année comme décor de ce roman, qui se déroule à la fin du mois de décembre, n’est pas en reste. Il donne lieu à de belles descriptions de rues et de paysages pluvieux et même enneigés.
Il est évident que je ne distribuerai pas de carton rouge à ce dernier opus d’un duo de choc. Je crierai plutôt : BUUUTTT !
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Carton rouge, Agnès Dumont, Patrick Dupuis, Weyrich
Lorsque Clarisse Dubois, journaliste est fauchée par une voiture et hospitalisée, ses deux amis Paul Ben Mimoun, policier et Roger Staquet ex-commissaire à la retraite sont sur le coup, officieusement.
Retour du trio, cette fois-ci davantage duo, qui pour cet opus doit enquêter au sein des supporters du club de football, le Standard de Liège. Mi-comédie, mi-enquête sociale dans un monde qui est étranger aux deux hommes qui sont aussi peu intéressés par ce sport que moi, c’est peu dire…
L’autre duo -celui qui écrit- fonctionne toujours très bien : il sait nous intéresser au milieu qu’il décrit, à son trio de personnages, Roger le vieux flic un peu bougon qui râle d’être dérangé dans sa vie tranquille mais qui n’aime rien autant que de l’être pour aider ses amis. Clarisse, la journaliste impétueuse, sans limite lorsqu’il s’agit de son travail et Paul, le jeune policier transi et amoureux secret (de polichinelle) de Clarisse qui semble être la seule à ne pas le remarquer.
Rien que du bon, rien que du plaisir dans cette série et ce dernier titre ne fait pas exception à la règle. J’ai souri aux aventures des deux hommes qui forment un duo plutôt mal assorti, j’ai pu même trouver des supporters de foot sympathiques, bon pas au point d’en devenir un moi-même, n’exagérons point. Bref, un très bon moment que vous pourrez prolonger avec les tomes précédents si vous ne les avez pas encore lus.
Nouvelle enquête du duo et parfois trio lorsque Clarisse se mêle de l'histoire. Entre Namur, Louvain-la-Neuve et Liège et pas mal d'autres noms de petites villes et villages que je ne connais pas : Nismes, Oignies, Couvin, Walcourt, Malonne, Viroinval..., le duo d'écrivains nous fait visiter la Wallonie. Et comme pour les tomes précédents, l'ensemble est très plaisant. Tout coule, tout s'imbrique de belle manière et l'ambiance est légère. Si l'on n'est pas franchement dans une comédie policière, ce n'est pas la grosse poilade mais on sourit souvent et surtout, le duo Dumont-Dupuis colle avec ses mots, ses tournures parfois rares -rendez-vous compte, il ose les imparfaits du subjonctifs- à ses deux personnages principaux. Roger Staquet est un flic retraité, à l'ancienne, plus proche d'un Maigret que d'un Inspecteur Harry et Paul Ben Mimoun, beaucoup plus jeune est élevé dans une tradition policière, décalé de son époque. Cela donne des réparties savoureuses entre les deux, des situations drôles et une émulation intellectuelle pour tenter de comprendre. Et puis, lorsque Clarisse est de la partie, ça change un peu, elle beaucoup plus rentre-dedans notamment vis-à-vis de Paul. Elle dynamise le duo.
L'enquête tient la route jusqu'au bout. Agnès Dumont et Patrick Dupuis l'ancrent dans le territoire wallon, et même si on ne le connaît pas on n'y est point perdu. C'est même assez agréable de s'y balader en si bonne compagnie. J'aime bien le détachement, l'humour léger et très présent de cette série qui je l'espère ne s'arrêtera pas là.
Savoir dire non, prendre une décision, affronter les avis des autres, se tenir droit et défendre son point de vue : pas toujours simple, voire impossible. Les huit nouvelles du nouveau recueil d’Agnès Dumont au titre révélateur : "Je ne dis jamais non" nous racontent ces difficultés. huit nouvelles, huit tranches de vie, huit plaisirs de lecture.
Pas facile, en effet, de dire non, de choisir un itinéraire, de s’y tenir, de ne pas obligatoirement suivre celui qui "en jette le plus". C’est ainsi que Bernard Dutilleux a bien du mal à dire à son collègue Luc que le "…bestseller philosophique dont son collègue lui avait dit le plus grand bien…" ne lui avait pas plu. De même Catherine n’a pas osé refuser à Sylvie de se rendre à une réunion "Sans doute par peur de passer pour une bobonne effrayée." Odile, quant à elle, refuse de donner son point de vue sur le nouveau DRH de la boîte dans laquelle elle travaille. Pourtant, "Elle enviait ses collègues et la décontraction avec laquelle ils lançaient des avis tranchés à propos de tout et de rien…quand, pour sa part, elle ne se permettait jamais la moindre opinion catégorique." Et puis, il y a aussi Jenny qui craint d’annoncer à son ami qu’elle ne pourra jamais avoir d’enfant de peur que… et d’autres encore.
Chaque nouvelle est une histoire, elle place un personnage au centre d’une aventure qu’il accepte ou pas. Personnage qui a du mal à se singulariser, sortir de sa "zone de confort", décider de se montrer, donner un avis personnel, s’extraire du lot peut-être. Pas simple d’endosser un habit différent, de quitter un costume insipide et invisible. L’écriture donne toute sa force à ces portraits tirés avec humour et tendresse. Elle est travaillée avec précision, les mots sont bien choisis, bien agencés, le rythme adapté et les chutes toujours parfaitement ajustées.
En un mot, j’ai aimé grignoter chacune de ces huit petites friandises capables en quelques pages de m’éclairer sur certaines de mes attitudes.
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