Véronique Olmi, romancière et dramaturge, publie son premier roman, Bords de Mer, chez Actes Sud en 2001, et reçoit le Prix Alain-Fournier en 2002. Elle est l’auteure de nombreuses pièces de théâtre, dont Mathilde et Chaos debout. Elle est la co-fondatrice du festival de théâtre « Le Paris des Femmes ». Son dernier roman, La nuit en vérité, est paru en 2013 aux éditions Albin Michel.
Le soleil baigne les journées de ce début avril quand on entre dans le secret des lectures de Véronique Olmi.
« J’ai bien avancé, mais quelle foison de livres ! Cela permet de comprendre le métier de libraire ».
On peut compter sur Véronique Olmi pour ne pas faire les choses à la légère. Fondatrice du comité de lecture du théâtre du Rond-Point, et jurée du Prix Rive-Gauche pendant deux ans, elle sait ce que le travail au sein d’un jury demande comme engagement personnel.
« Il y a des textes qu’on prend parce qu’ils sont sur le haut de la pile des livres à lire, mais parfois ce n’est pas leur moment, parce qu’on est encore saisi par le livre précédent dont on a du mal à sortir par exemple. C’est ainsi que la subjectivité, le contexte peuvent être injustes avec un texte. Je peux reprendre un roman, une pièce de théâtre que je n’ai pas aimés à la première lecture, plusieurs fois pour cette raison. Si c’est mal écrit, je le vois tout de suite, mais si je sens qu’il y a un auteur derrière et que je ne parviens pas à entrer dans le livre, je me donne trois chances de le recommencer ».
Cette année, Véronique Olmi découvre le Prix Orange du Livre côté jury.
« J’étais présente l’an dernier à la remise du Prix à Emilie Frèche pour Deux étrangers (Actes Sud), j’en ai aimé l’ambiance, l’énergie. Je savais aussi par Karine Tuil qui a déjà été jurée, que l’expérience serait passionnante, à travers des échanges très productifs. Ce sont les énergies conjuguées qui me portent, comme celles qui innervent le festival de théâtre Le Paris des femmes que j’ai cofondé avec Michèle Fitoussi et Anne Rotenberg. Alors quand Erik Orsenna m’a proposé de participer cette année, j’ai accepté sans réserves. Je ne le regrette pas ».
Il y a un adage qui dit que l’écriture naît de la lecture, Véronique Olmi y souscrit. « La lecture est le terrain des auteurs, leur terreau même : j’ai tout appris par la lecture, à commencer par apprendre à écrire ».
Véronique Olmi s’est d’abord tournée vers le théâtre où elle connaît un succès et une reconnaissance immédiats, repérée et mise en scène par les plus grands metteurs en scène comme Gildas Bourdet, Philippe Adrien, Brigitte Jaques-Wajeman, Jean-Philippe Puymartin ou Anne Rotenberg : Chaos debout, créé en 1998 au festival d’Avignon, rien que cela, sur une mise en scène de Jacques Lassalle. Ou encore Mathilde, créée au théâtre du Rond Point avec Ariane Ascaride et Pierre Arditi, mise en scène par Didier Long… Entre autres textes, tandis que l’auteure fait ses premiers pas dans le roman.
En 2001, elle publie Bord de mer (Actes Sud) qui reçoit le Prix Alain-Fournier. Dix romans plus tard, c’est avec La Nuit en vérité qu’elle ouvrait la rentrée littéraire 2013 chez l’éditeur Albin Michel.
« J’écrivais tous les jours quand j’étais petite mais j’ai su que j’étais écrivain quand j’ai été éditée la première fois. L’écriture est devenue insensiblement ma façon d’appréhender le monde, de lui donner un sens. Etre écrivain ne signifie pas pour autant qu’on est arrivé quelque part, ce n’est pas une finalité ; je ne suis arrivée nulle part et il m’est de plus en plus difficile d’écrire. Peut être est-ce une question de conscience, de sévérité, d’âge, la grâce de la jeunesse qui s’évanouit ? ».
On a envie de sourire devant cette femme au sourire si frais et au visage limpide. « Ecrire reste le plus beau métier du monde, même si c’est un métier de résistance ».
Et côté Prix Orange du Livre, que révèle Véronique Olmi de ses lectures ? « Oh, quelques-uns se détachent, ceux dont on parle, avance-t-elle, énigmatique, avant d’ajouter encore quelques indices : j’adore lire des livres qui m’épatent. J’aime être choquée, gênée, bousculée et je déteste la lecture de confort et de loisir. J’aime ressortir "pas pareille" d’un livre ».
Karine Papillaud
Crédit photo : Marianne Rosensthiel