C’est un roman historique poignant que le jury du Prix Orange du Livre Afrique a décidé de récompenser.
Avec Ambatomanga, le silence et la douleur (éd. Atelier des nomades), la romancière malgache Michèle Rakotoson nous transporte dans l’invasion de Madagascar par la France, en 1894, à travers deux destins.
Celui de Félicien, un Breton épris d’aventure qui rejoint l’île avec son contingent. Et de Tavao, un esclave d’Ambatomanga qui doit accompagner le fils de son maître au combat.
« Je passerai ma vie à dire à l’Océan indien, qui a tendance à se croire à part, qu’on fait partie de l’Afrique »
- Comment vous est venue l’idée de mettre en miroir les destins de ces jeunes hommes, pris dans l’horreur de la guerre ?
C’est l’histoire contemporaine en fait. Beaucoup de jeunes, pleins de bonne volonté, veulent faire de l’humanitaire et s’engagent sans savoir où ils mettent les pieds ! Tout comme Félicien. Son père qui est amiral l’a mis en garde mais il n’écoute pas. Il pense qu’il part sauver des gens sans se rendre compte que cette guerre est une entreprise capitaliste.
- Qu’ont-ils en commun, une certaine naïveté alors ?
Ce sont deux victimes et deux grandes charités. Ils sont très naïfs, oui. Lorsque Tavao est arrivé d’Afrique, il a vécu l’esclavage, la mort de sa mère, les razzias et il en est sorti plus fort. Sa naïveté c’est de croire qu’il sortira de l’esclavage. Tandis que Félicien, en dépit de son prénom, ce qu’il endure est très difficile.
Le personnage que j’aime le plus, c’est Tavao. C’est un résilient superbe dont on ne veut pas entendre la parole.
- Comment vous êtes-vous documentée pour écrire ?
J’ai passé dix ans à faire des recherches. Je suis tombée sur un truc fabuleux sur Gallica, les journaux de jeunes militaires français qui écrivaient à leurs mères ! Il y a aussi les souvenirs de mon arrière-grand-mère qui m’avait raconté ce qu’elle avait vécu, notamment le départ en exil de la reine Ranavalona. J’ai fait des recherches sur les accords de Zanzibar, la traite dans l’océan Indien, les proverbes malgaches, etc. C’est presque un travail de psychanalyste social (rires) !
Il a fallu tout comprendre des intertextes, c’est un travail d’analyste, pas d’historienne. Ce qui m’a intéressée c’est aussi d’analyser les peurs, encore présentes, les séquelles de ce régime. C’est une histoire extrêmement douloureuse et complexe, où les torts sont des deux côtés. J’ai voulu que tout le monde comprenne ce qui s’est passé.
- D’un point de vue plus personnel, était-ce également une façon de rendre hommage à vos ancêtres et à leurs traditions ?
Absolument. De rendre hommage surtout à une culture de résistance paysanne qui a réellement existé. Le mouvement de résistance paysan était constitué de militaires des campagnes, des milieux populaires, des soldats de « deuxième ou troisième zone » qui s’étaient rassemblés. Tout comme dans le roman, Tavao est devenu Malgache et résistant. Un épisode pour moi très fort également c’est celui du grand boa qui se fait tuer. Il y a une culture commune des gens de la nature. On dit que cet animal est un esprit, mais il incarne aussi le respect d’un certain équilibre. Ce boa ne faisait de mal à personne. Ceux qui l’ont abattu avaient le prix de sa peau en tête alors que c’est un esprit mais aussi un animal qui défend les humains contre les prédateurs. Je ne suis pas anthropologue mais je voulais en parler.
« La Fondation Orange et le jury du Prix Orange du Livre en Afrique
sont en train de redonner une dignité au roman africain »
- L’Atelier des Nomades, la maison d’édition franco-mauricienne qui publie votre roman, prône le développement de la culture de l’île Maurice et de l’Océan Indien.
Auparavant, j’ai toujours été éditée à Paris mais mes livres n’arrivaient jamais à Madagascar… Cela a plus de sens d’être éditée par cette maison. Je pense que je vais travailler beaucoup avec elle, nous avons les mêmes préoccupations. Les livres à Madagascar sont très chers, par exemple… On ne peut pas continuer à être sans livre en étant au bout du monde ! Quelque chose de fabuleux se passe avec ces jeunes éditeurs. Le ministère de la Culture fait du bon travail mais il faut que les lecteurs suivent et il faut les accompagner.
- Que représente ce Prix Orange du Livre Afrique pour vous ?
Un complément financier absolument fabuleux (rires). Mais surtout de travailler sereinement, pendant deux ans, pour Opération Bokiko : en septembre, nous organisons le premier Salon du livre paysan à Andriampamaky, cela permettra d’avancer les frais concernant la logistique, la nourriture et les frais de déplacement. Pendant six mois, les jeunes de l’équipe sont allés rencontrer des paysans pour connaître leurs besoins, ensuite des sociologues iront auprès d’eux. L’enjeu est de comprendre de quoi les paysans ont vraiment besoin concernant l’éducation et pourquoi les jeunes arrêtent l’école si tôt. Il faut construire avec eux, en arrêtant de regarder du haut.
La culture paysanne m’a sauvée. Je suis fascinée par les propos des paysans entre les lignes. Un vrai paysan mesure tous les mots. J’ai mesuré tous les maux et les mots dans ce récit. C’est le livre d’une vieille paysanne (sourire). Après avoir galéré toute ma vie pour le livre, à mon âge, ce prix est une reconnaissance extraordinaire ! Et je remercie tout le monde. Je trouve ça fabuleux. Madagascar est une île du bout du monde. C’est une porte qui s’est ouverte. Plus largement, je remercie la Fondation Orange et le jury du Prix Orange du Livre en Afrique, ils sont en train de redonner une dignité au roman africain.
- Votre roman a d’ailleurs été lu dans beaucoup de pays d’Afrique via les comités de lecture qui avaient présélectionné Ambatomanga… Il y a une histoire commune entre Madagascar et l’Afrique ?
Je me sens Africaine- avec un petit métissage du fait que je viens de l’Océan indien. Et je passerai ma vie à dire à l’Océan indien, qui a tendance à se croire à part, qu’on fait partie de l’Afrique. Elle regorge de grands philosophes et penseurs, y compris dans sa diaspora. Je ne sais pas de quoi l’avenir est fait mais ce sont de grands résilients, de grands chercheurs et philosophes et c’est en Afrique que se prépare le futur.
Propos recueillis par Marjorie Bertin
On aime, on vous fait gagner Ambatomanga, le silence et la douleur, de Michèle Rakotoson
Tentez votre chance pour gagner des exemplaires de Ambatomanga, le silence et la douleur, de Michèle Rakotoson, publié aux éditions Atelier des nomades.
Pour participer, dites-nous ce qui, dans l'interview ci-dessus, vous donne envie de découvrir ce roman.
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Bravo aux gagnants ! Vous recevrez votre livre dans les prochains jours :
Aïkà De Lire Délire ; Regine Zephirine ; s.laby ; sylvie adam ; Ghislaine Degache
Bonjour,
J'adore les romans historiques et celui-ci touche à un sujet peu décrit du point de vue malgache.
Bonjour Le lien entre Madagascar et l'Afrique est un sujet passionnant. Je participe avec plaisir. Merci pour ce concours.
Bonjour, chroniquer "Ambatomanga, le silence et la douleur", de Michèle Rakotoson serait un grand plaisir de lecture. Dans l'interview, j'ai aimé l'approche d'auteure envers les humanitaires qui partent avec enthousiasme et se retrouvent dans des situations dangereuse. Je vous remercie pour cette offre.
Bonjour
J'ai une amie d'origine malgache qui m'a souvent parlé de son pays. Elle n'a évidemment pas connu cette époque là mais m'a parlé par exemple de la colonisation et du fait qu'elle avait appris à l'école que ses ancêtres étaient les gaulois. Alors envie d'en connaître un peu plus sur l'histoire de ce ce beau pays.
Merci pour ce concours.
Madagascar est depuis longtemps sur ma liste de lieux rêvés à visiter, je participe donc volontiers.
Bonsoir. Belle initiative que celle mise en lumière de Madagascar, de l'histoire coloniale de ce pays... et de ses conséquences encore visibles ou invisibles pour les générations actuelles. Que courage pour cette autrice de s'être lancée dans une si longue recherche sur l'histoire de cette grande ile. Merci de nous pour cette belle proposition
J’aime beaucoup les romans historiques, alors ce livre me donne envie
Cette interview a suscité l'envie de lire ce roman
Bonjour je participe et je croise très fort les doigts pour avoir la chance de lire cet incroyable roman qui m'attire énormément. D'abord parce qu'il parle de Madagascar, une île qui me fait rêver. Ensuite, parce que je suis déjà éprise du personnage de Tavao.
Merci pour ce concours
Cordialement
Morgane
Comment ne pas avoir envie de découvrir cette autrice qui cherche à promouvoir la lecture dans son pays ?
Par ailleurs, comprendre la "grande" histoire en la rapprochant de la vie de chacun, est toujours passionnant.
Merci de nous proposer cette découverte. Je suis curieuse et enthousiaste.
Cette interview a suscité l'envie de lire ce roman car je ne connais rien à l'histoire de Madagascar. J'ai maintenant envie d'en savoir plus et de découvrir les deux personnages principaux de ce roman.
Bonjour à tous,
Je suis très attiré par l'ouvrage de Michèle Rakotoson "Ambatomanga, le silence et la douleur" car :
- Il s'agit d'un roman historique, genre que j'apprécie particulièrement ;
- L'histoire se passe à Madagascar, ancien protectorat français, dont je ne connais pas tellement l'origine ;
- La page de couverture est séduisante par sa sobriété et ses couleurs pastel.
Bon dimanche et bon courage pour la semaine prochaine en espérant qu'elle sera plus calme que celle qui vient de s'achever.
Passionnée de littérature africaine, je suis particulièrement intéressée par ce roman qui s'intéresse à l'histoire de l'île et aux paysans.
Je suis passionnée par tout ce qui raconte notre histoire et spécialement celle de la colonisation dont je trouve qu'on sait peu de choses. Ce qui m'a le plus donné envie dans l'interview c'est les deux personnages antagonistes, Félicien qui part à Madagascar "sauver" des gens et Tavao qui croit qu'il sortira de l'esclavage. Ils sont tous deux idéalistes, mais qu'adviendra-t-il d'eux ? Par ailleurs il est fait mention de la reine Ranavalona et il se trouve que j'ai dans ma pal Ranavalona III Dernière reine de Madagascar de Jean-Claude Legros. Les deux livres se complèteraient parfaitement il me semble. C'est pourquoi je tente ma chance.
Pour moi le sujet ,l Afrique bien sur et bien sur Madagascar après le descriptif , je l avais mentionner déjà que se livre était vraiment à lire donc je tente ma chance ,vraiment contente qu elle a reçue se prix une très belle découverte pour moi
"C'est le livre d'une vieille paysanne (sourire)"
Bonjour.
S'il vous plait, je souhaite participer.
Merci.
beau sujet traité dans cet ouvrage
Je suis née à Madagascar et tout ce qui concerne son histoire m’intéresse. Tout comme l’arrière grand-mère de Michèle Rakotoson, mon grand-père m’avait raconté la rébellion qui s’était produite dans le Nord de l’île où il habitait.
Cela m’émeut beaucoup de voir une autrice parler de cette période de l’histoire de la grande île que mes ancêtres ont vécu.
Ce Prix Orange du Livre en Afrique est une formidable trouvaille !
Avec Ambatomanga, Michèle Rakotoson donne très envie de lire ce retour sur la colonisation de Madagascar. Combien de malheurs avons-nous déclenchés dans ces pays que nous pensions civiliser alors qu'il était surtout question d'exploiter leurs ressources matérielles et humaines ?
De plus, ce livre est édité par une maison d'édition franco-mauricienne. C'est très bien pour la diffusion d'Ambatomanga que j'aimerais bien découvrir.
Je participe pour découvrir les 10 années de recherches et d'analyses réalisés par Mme Michèle Rakotoson. Connaître et comprendre ce qu'il s'est passé à Madagascar. Ma maman avait vu un reportage, cette lecture nous permettrait d'approfondir notre connaissance sur cet événement historique que cette île a vécue.
Bonjour,
Madagascar est une île qui me fascine de par sa beauté et sa difficulté à sortir de la décolonisation.
Ce livre éclairerait ma lanterne.
Bonsoir,
Je suis très tentée par "Ambatomanga, le silence et la douleur" de la romancière malgache Michèle Rakotoson, ce roman qui a obtenu le fameux Prix Orange du Livre Afrique 2023, gage de très grande qualité !
Fan de romans historiques, je trouve en plus magnifique que ce dernier soit une manière pour l'autrice de rendre hommage à ses ancêtres et à leurs traditions...
Je tente donc ma chance et croise les doigts !
Bonsoir, félicitations à cette écrivaine ! Ce roman a l'air d'être incroyable, prenant, bouleversant.
Il a l'air vraiment magnifique !
Je veux découvrir cette partie de l histoire que je ne connais et qui doit être très riche en information , l écrivain ayant passé 10 années de recherches sur le sujet. Cela doit être passionnant
Une interview pleine d'humour malgré un sujet grave : Michèle Rakotoson, je l'aime déjà, grâce à ces quelques réponses
bonjour
Il est bien de faire entendre la voix des écrivains africains et je vous remercie de proposer ce roman qui permet de découvrir l'histoire lorsqu'en 1894, Madagascar a été envahi par la France. L'idée de raconter l'histoire à travers deux personnages opposés par l'origine comme Félicien le breton et Tavao l'esclave offre deux visions de la guerre et de la colonisation.
Michèle Rakotoson a fait un extraordinaire travail de recherche pour écrire ce roman . Elle parle aussi de la dignité du roman africain à travers ce prix et je trouve sa parole très forte. Bravo à elle
je suis impatiente de découvrir ce roman ainsi que la maison d'édition " l'atelier des nomades".
Bonsoir Tout le monde, je croise les doigts et tente ma chance en y croyant très fort pour Ambatomanga de Michèle Rakotoson. Madagascar est un pays (une Grande Île) si peu présent dans le paysage littéraire, rares sont les romans qui en font référence. Pourtant je ne doute pas une seule seconde de son potentiel imaginaire! J'espère découvrir l'île rouge, son peuple et son histoire à travers ce roman. Dans l'interview, l'auteure dit" Le personnage que j'aime le plus, c'est Tavao. C'est un résilient superbe dont on ne veut pas entendre la parole." Pour moi, c'est le coup de foudre : j'aimerais faire sa connaissance ! Cordialement :-)
Bonjour, Un beau sujet traité dans cet ouvrage, je tente ma chance pour tente de le remporter !