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Florence Cestac : "Ce qui se passe en France concernant la production d’albums BD de qualité est unique au monde"

Présidente du jury du Prix BD Lecteurs.com, l'autrice et illustratrice revient sur l'évolution de la bande dessinée et évoque ses projets personnels

Florence Cestac : "Ce qui se passe en France concernant la production d’albums BD de qualité est unique au monde"

Dans quelques jours, le jury du Prix BD Lecteurs.com se réunira pour désigner le ou la lauréat(e) parmi les 6 finalistes retenus il y a quelques mois.

La présidente de ce jury est Florence Cestac, autrice, dessinatrice, éditrice et marraine de l’opération BD 2020. En attendant le verdict de ce prix que nous organisons en partenariat avec le Centre National du Livre (C.N.L), Florence Cestac a eu la gentillesse de nous accorder un entretien dans lequel on peut mesurer le chemin parcouru par la bande dessinée, mais aussi ses besoins actuels.

Celle qui a remporté le Grand Prix de la ville d’Angoulême, récompense la plus prestigieuse de la BD hexagonale, revient également sur son travail, les scénaristes avec lesquels elle a collaboré et évoque son prochain album…

 

- Vous êtes marraine de l’opération « BD 2020 » initiée par le Ministère de la Culture. Que peut apporter cette opération à la bande dessinée ? Quel sens lui donner ?

Enfin une vraie reconnaissance et un éclairage sur le monde de la bande dessinée de la part du Ministère de la culture ! Ça fait du bien !

L’art de la bande dessinée a été extrêmement créatif ces  dernières années comme aucun autre et ce qui se passe en France concernant la production d’albums de qualité est unique au monde. Ça mettra un terme à l'idée d'un « art mineur » et servira à mettre en valeur les différents auteurs. La bande dessinée ne fait plus peur et n’est plus réservée qu’aux enfants et adolescents. C’est un art qui semble facile mais qui demande beaucoup de temps et d’investissement personnel , au même titre qu’un écrivain, à faire découvrir à un plus large public.

 

- En quoi le monde de la bande dessinée a-t-il évolué ces dernières années, et comment voyez-vous l’avenir de la BD ?

Quand j’ai commencé a faire de la bande dessinée , dans les dîners mondains je disais que je faisais des livres pour enfants. Elle n’était pas enseignée dans les écoles d’art et ce n’était surtout pas un métier.

Maintenant les jeunes auteurs sont décomplexés avec ça et ont une grande liberté dans le choix des sujets. La bande dessinée s’est embourgeoisée en devenant moins populaire et la production exponentielle fait que les jeunes auteurs ont de plus en plus de mal à en vivre. Peut être revenir à des publications plus modestes et moins chères pour ne pas se couper du très jeune public.

 

- Parmi les scénaristes avec lesquels vous avez collaboré, on retrouve des noms tels que René Pétillon, Jean Teulé, Tonino Benacquista ou encore Daniel Pennac (avec qui vous êtes récemment montée sur scène pour l’adaptation de votre BD Un amour exemplaire). Comment avez-vous travaillé avec ces différents auteurs ?

Chaque rencontre avec un scénariste est une aventure différente . Il faut tout d’abord que le sujet nous tienne à cœur et que chacun reste bien dans son domaine sans empiéter sur l’autre. Avec René Pétillon (pour Super catho - N.D.L.R), comme nous avions été tous les deux dans des écoles cathos, c’est venu tout seul. En vrai professionnel, tout était en place et dessins exquises, je n’avais plus qu’à y mettre ma patte graphique. On devait faire une suite un jour et il est malheureusement parti  avant.. Il me manque beaucoup. Avec Jean Teulé (pour Je voudrais me suicider mais j'ai pas le temps - N.D.L.R) un scénario écrit au cordeau  a cent à l’heure et liberté totale pour les dessins.

Avec Tonino (pour Des salopes et des anges - N.D.L.R) lui aussi grand pro du scénario et découpage , je n’avais qu’a dessiner. Beaucoup de voitures et un car et j’ai horreur de dessiner le s voitures.

Avec Daniel (pour Un amour exemplaire - N.D.L.R) tout à fait différent : il me racontait l’histoire et je mettais en cases sur un cahier de brouillon au fur et à mesure. Ce n’était pas forcement sa spécialité, le scénario de bande dessinée, mais il est arrivé pile- poil sur 56 pages ! chapeau l’artiste.

 

- Pouvez-vous nous parler de vos projets ? Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je viens de finir un album qui devrait sortir en janvier 21. Le titre : Un papa… une maman… une famille formidable (la mienne). Juste démontrer que le modèle de famille patriarcale de référence  n’est peut être pas le seul et l’unique pour faire des enfants et des adultes bien dans leur peau  et accepter qu’il y en ait d’autres.

 

- Vous avez participé au choix des 6 finalistes du Prix BD Lecteurs.com : pouvez-vous nous dire quelques mots de cette sélection ?

Une sélection très variée, qui représente bien la production actuelle . Des albums avec des plus en plus de pages et très luxueux donc chers qui les coupent peut être du jeune public. La qualité du travail  est là et nous sommes très vite mis d’accord sur le choix de plusieurs finalistes.

 

Propos recueillis par Nicolas Zwirn

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Commentaires (4)

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