"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Si l'importance de la rupture artistique apportée par Yves Klein (1928-1962) avec sa " révolution bleue ", est largement reconnue, les interprétations de sa démarche se multiplient et se perdent bien souvent dans les méandres de la psychologie, de la religion voire de l'obscurantisme. Alors que le projet de l'artiste s'éclaire si on veut bien analyser son oeuvre fulgurante et ses écrits multiples, et les inscrire dans leurs rapports à l'histoire de l'art. Cet ouvrage défend une thèse forte, à savoir que l'oeuvre de Yves Klein achève la déconstruction du dispositif de la représentation et de la perspective héritée du Quattrocento et dont la déconstruction avait commence avec l'impressionnisme. Yves Klein clôture cette critique en abandonnant le tableau, cette " geôle " des couleurs et cette prison de la sensibilité. Du même coup, il abandonne la structure ternaire (modèle/toile/regard) qui soutient tout le dispositif de la représentation, au profit d'une structure binaire, celle du Vide et de la Vie ou de la Nature et du Sujet ; ou encore celle du Vide de Klein et du Plein d'Arman mis en scène en 1958 à Paris. En mettant fin de façon radicale à la représentation, Klein inaugure l'ère de l'a-représentation, de la post-représentation. Il invite à la construction d'une nouvelle forme symbolique en art, voire au-delà, et en explore les multiples potentialités avec le théâtre du Vide, l'immatérialisation ou l'architecture de l'air et du feu. En clôturant l'ère de la représentation picturale inaugurée et théorisée par Brunelleschi, Yves Klein " remonte " en amont de la perspective, et se libère de cette boite à illusions et de ce grillage de lignes et de dessins qui avaient servi eux-mêmes à se défaire de l'art religieux du Moyen âge. Klein libère le spectateur de la relation spéculaire et spectaculaire établie entre le point de fuite et le point de vue. Klein y substitue d'une part, l'infini, le Vide et l'Immatériel et d'une autre, la sensibilité, le Sujet et la Vie. Ces couples réordonnent l'espace de l'art contemporain et sans doute de la civilisation d'Occident. Cet ouvrage sous titré " Fin de représentation ", présente une analyse du dispositif de la représentation, le processus de sa liquidation chez Yves Klein et les possibles ouverts par cette " libération ".
Représentation/ Dissolution/Libération, ce mouvement ternaire a été nécessaire au triomphe de la relation duelle Vie/Vide. Abandonner le " tableau-prison " (Klein) ou le " tableau-tombeau " (Louis Marin), c'est ouvrir la boîte de Pandore des espaces illimités de création dont se sont déjà emparés de nombreux artistes ou courants, tels le Body art, le Land art et bien d'autres, depuis la disparition prématurée de Yves Klein. Pierre Musso, Professeur à l'Université de Rennes II, directeur de la collection " Europe/Fondations " chez Manucius, est l'auteur de nombreux ouvrages et essais sur la communication et la philosophie politique.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !