Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Bartle, 21 ans, est soldat en Irak, à Al Tafar. Depuis l'entraînement, lui et Murphy, 18 ans, sont inséparables. Bartle a fait la promesse de le ramener vivant au pays. Une promesse vaine... Murphy mourra sous ses yeux et le hantera toute sa vie. Yellow birds nous plonge au coeur des batailles où se déroule le quotidien du régiment conduit par le sergent Sterling. On y découvre les dangers auxquels les soldats sont exposés jour après jour. Et le retour impossible à la vie civile.Un roman américain magistral que Tom Wolfe n'a pas hésité à décrire comme étant le À l'Ouest rien de nouveau du conflit irakien. Nicolas Ungemuth, Le Figaro magazine.L'écriture éminemment poétique de Kevin Powers élève Yellow Birds bien au-delà du récit brut. Elisabeth Philippe, Les Inrockuptibles.Yellow Birds est un hymne vertigineux aux morts vivants. L'oraison de ceux qui rentrent. Nils C. Ahl, Le Monde des Livres.
A yellow bird
Whith a yellow bill
Was perched upon
My windowsill
I lured him in
Whith a piece of bread
And then I smashed
His fucking head... (1)
Chant militaire traditionnel de l'armée américaine.
(1) Un moineau jaune
Au bec jaune
S'est penché
Sur ma fenêtre
J'lui ai donné
Une miette de pain
Et j'lai éclaté
Ce putain d'serin...
Le soldat Bartle revient chez lui, à Richmond (Virginie), après vingt mois de guerre en Irak.
Il n'est et ne sera plus le même : la guerre l'a détruit.
Beaucoup de militaires ne reviennent pas indemnes, quand ils voient leurs camarades de régiments mourir dans d'atroces souffrances. Dans le cas de Bartle, il va voir disparaître son ami Murph, le sergent Sterling et tant d'autres.
Extrait : "Je n'aurais pas pu le formuler à l'époque, mais j'étais entraîné pour croire que la guerre fédérait tout le monde. Qu'elle rassemblait les gens plus que toute autre activité humaine. Tu parles. La guerre fabrique surtout des solipsistes : comment vas-tu me sauver la vie aujourd'hui ? En mourant, peut-être. Si tu meurs, j'ai plus de chances de rester en vie. Tu n'es rien, voilà le secret : un uniforme dans une mer de nombres, un nombre dans une mer de poussière."
Comme pour la guerre du Vietnam, la première guerre en Irak.... les futurs militaires n' ont pas été préparés aux atrocités dont ils vont être témoins ou qu'ils vont eux-même exécutées.
L'autre choc qu'ils vont subir est le retour à la vie civile, les stress post-traumatique que certains soldats vont développer : un mois à attendre au Koweit, puis transit par la base américaine en Allemagne où ils sont simplement debriefés.... puis retour au bercail.
Yellow Birds est un sans cesse va-et-vient, parmi les différents chapitres, traitant de la guerre en Irak et de la vie quotidienne, à Richmond, de Bartle.
Le lecteur peut sentir monter la tension, de jour en jour, pendant et après la guerre. L'ex soldat s'enfonce de plus en plus loin dans la dépression, le dégoût des autres, de lui-même.
Alors, Bartle avale pack de bière sur pack de bière. Il s'isole de ses anciens amis pour ne pas à avoir à leur raconter la guerre. Il ne peut plus faire semblant, comme si tout allait bien. Et surtout, il dort, beaucoup trop, pour oublier tout ce qu'il a laissé de lui dans la chaleur et le sable d'Irak.
Extrait : "Luke et les autres garçons et filles nageaient encore dans la rivière... Il me fallut résister à l'impérieuse envie de les haïr. J'étais devenu une espèce d'infirme. Ils étaient mes amis, n'est-ce-pas ? Qu'est-ce que je leur dirais ? "Hé, comment ça va ?" s'exclameraient-ils en me voyant. Et je répondrais, "J'ai l'impression que quelque chose me bouffe de l'intérieur et je ne peux rien dire à personne parce que tout le monde est si reconnaissant envers moi ; je me sentirais trop ingrat si je me plaignais de quoi que ce soit." Ou un truc du genre, "Je ne mérite la gratitude de personne, et en vérité les gens devraient me détester à cause de ce que j'ai fait, mais tout le monde m'adore et ça me rend fou."
Ce roman de Kevin Powers (né en 1980) est dans la lignée des romans et films américains traitant des vétérans de guerre. La violence, le désespoir, la recherche de leur part d'innocence à jamais perdue sont les vecteurs communs de leurs histoires.
Extrait : " Un journaliste nous avait demandé ce que cela faisait de se battre... "Racontez-moi, les gars, comment c'est vraiment. Je veux savoir quel genre d'adrénaline vous ressentez"... Murph tenta de lui expliquer. "C'est comme un accident de voiture. Tu comprends ? Cet instant entre le moment où tu sais ce qui va se passer et l'impact lui-même. On se sent assez impuissant à vrai dire. Tu vois, tu roules comme d'habitude, et tout à coup c'est là, devant toi, et tu n'as absolument aucun pouvoir. Et tu le sais. La mort, tu vois, ou autre chose, c'est ce qui t'attend. C'est un peu ça, poursuivit-il, comme dans ce quart de seconde dans un accident de voiture, sauf qu'ici ça peut carrément durer des jours."
Yellow birds est un véritable bijou. Kevins Powers ce jeune auteur qui a lui-même combattu en Irak parvient dans ce premier roman a évoqué la guerre dans ce qu'elle a de plus cruel, de plus affreux, avec un lyrisme qui confère à la pureté la plus absolue. Des magnifiques mots pour conter l'horreur la plus extrême.
À travers l'histoire de Bartle, ce jeune engagé de 21 ans qui décrit l'horreur de la guerre d'Irak, mais également sa culpabilité de n'avoir pu tenir la promesse de prendre soin et de ramener au pays son ami Murph, c'est toute l'absurdité des guerres que décrit l'auteur.
Dans ce roman aux chapitres explosés, la guerre n'est pas que celle du présent celle d'Irak, celle ponctuée - de longues attentes, pendant lesquels les soldats ont tout loisir de penser à ceux qu'ils ont laissés, à ce qui les a poussés à s'engager, à ceux qui sont déjà morts, et à leur possible mort - et de moments d'intense activité durant laquelle penser c'est être mort, durant laquelle il faut juste tirer pour abattre celui qui vous fait face, lui trouer la peau, avant qu'il ne troue la vôtre . Cette guerre c'est aussi la guerre du passé, parce que chaque homme, chaque soldat engagé dans un conflit est lui-même issu d'une guerre passée, tous sont le produit d'un conflit qui déjà eu lieu, la guerre n'est au final n'est qu'un éternel recommencement, qu'une machine à broyer des êtres. Cette guerre sera aussi celle du futur, celle qui ne lâchera jamais le soldat qui est rentré au pays, qui en réchappé, tout du moins en partie. Elle le hante et le hantera jusqu'à son dernier souffle, jusqu'à ce que ne son corps ne meure. Son âme, elle, est déjà morte, elle est restée là-bas à Al Tafar, elle n'a pas survécu à ce qu'elle a vu.
Yellow birds est un roman qui inspire le respect. Plus qu'un simple texte, c'est une symphonie des mots pleine d'humanité et de poésie. Un grand texte à couper le souffle dans lequel chaque mot est pesé, chaque phrase est ciselée et trempée dans l'émotion. S'il n'y avait qu'un seul roman à lire, ce serait vraiment celui-là...
Bartle, jeune homme en quête de repères n'a pas de perspectives d'avenir, bien décidé à changer les choses il quitte le domicile familial contre l'avis de sa mère pour s'engager dans l'armée. Il y trouve un monde rassurant, un monde où il n'a pas de décision à prendre, pas de choix à faire. Il se lie d'amitié avec Murph, un garçon un peu plus jeune que lui.
Très vite les choses tournent au vinaigre quand les deux jeunes comprennent qu'ils vont partir faire la guerre en Irak. Lors d'une soirée organisée avec les familles juste avant le départ, Bartle fait l'erreur de promettre à la mère de Murph qu'il ramènera son fils vivant d'Irak. Nous découvrons alors l'enfer du champs de batailles avec ces massacres, ses exactions d'un côté comme de l'autre.
Ce roman poignant alterne les scènes de guerre parfois à la limite du soutenables et les conséquences que le conflit a eu sur la vie de Bartle, un roman qui dénonce l'absurdité de la guerre. La guerre décrite comme un personnage ayant sa volonté propre. " La guerre prendrait ce qu'elle pourrait . Elle était patiente. Elle n'avait que faire des objectifs , des frontières. Elle se fichait de savoir si vous étiez aimé ou non . La guerre s'introduisit dans mes rêves cet été là, et me révéla son seul et unique but : continuer, tout simplement continuer. Et je savais qu'elle irait jusqu'au bout." Les soldats y sont décrits comme des morts en sursis qui ne se sentent vivants que lorsqu'ils voient tomber un camarade, ils ne se sentent vivants qu'en réaction à la mort qui frappe à côté d'eux. Ceux qui en reviennent ne sont plus que des coquilles vides seulement animées par la force de l'habitude et qui vivent dans le cauchemar de leur souvenir. Un très beau roman, très émouvant, perturbant.
Quand un diplômé en littérature, enrôlé dans l’armée américaine et parti combattre en Irak, décide de raconter son expérience, il produit un des récits les plus forts qui n’ait jamais été écrit sur la guerre. Le journal Le Monde ne s’y est d’ailleurs pas trompé en attribuant à Kevin Powers son prix littéraire.
L’auteur ne parle jamais des irakiens comme des ennemis. La seule véritable ennemie, c’est la guerre, dont il montre l’absurdité et la fatalité : « la guerre prendrait ce qu’elle pourrait. Elle était patiente. Elle n’avait que faire des objectifs, des frontières. Elle se fichait de savoir si vous étiez aimés ou non ». Bartle, âgé de 21 ans, a juré à la mère du jeune Murph qu’il prendra soin de lui et qu’il le ramènera vivant au pays. Bartle ne put tenir sa promesse. L’innocence de Murph ne résiste pas aux horreurs quotidiennes du champ de bataille. Son esprit l’abandonne et il y perdra la vie. Bartle se sent responsable de la mort de son cadet. Son sentiment permanent de culpabilité, ses cauchemars hantés par le bruit des fusils d’assaut et le cri des blessés, sa dérive de vétéran dont les cicatrices de se referment pas, constituent la trame de ce roman qui tire sa force de son réalisme. A un moment du livre, un journaliste demande à Bartle de lui décrire ce qu'il ressent quand il est au combat. Il répond: “c'est comme un accident de voiture. Tu comprends. Cet instant entre le moment où tu sais ce qui va se passer et l'impact lui-même. On se sent assez impuissant à vrai dire. Tu vois, tu roules comme d'habitude, et tout à coup c'est là, devant toi, et tu n'as absolument aucun pouvoir. Et tu le sais. La mort, tu vois, ou autre chose, c'est ce qui t'attend. C'est un peu ça, poursuivit-il, comme dans ce quart de seconde dans un accident de voiture, sauf qu'ici ça peut carrément durer des jours". Que cette métaphore est juste et puissante !
Quand il nous fait partager chaque instant de sa vie de soldat, Kevin Powers ne joue pas la comédie. Il ne feint pas, il n’élucubre pas sur la base de quelques témoignages glanés ici et là. Il a pris toutes ses émotions, brutes, intenses, et il nous les a transmises par la littérature pour les couvrir d’humanité.
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