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«Je suis tombé sur la vieille coupure de journal qui datait de l'hiver où Ingrid avait rencontré Rigaud. C'était Ingrid qui me l'avait donnée la dernière fois que je l'avais vue. Pendant le dîner, elle avait commencé à me parler de toute cette époque, et elle avait sorti de son sac un portefeuille en crocodile, et de ce portefeuille la coupure de journal soigneusement pliée, qu'elle avait gardée sur elle pendant toutes ces années. Je me souviens qu'elle s'était tue à ce moment-là et que son regard prenait une drôle d'expression, comme si elle voulait me transmettre un fardeau qui lui avait pesé depuis longtemps ou qu'elle devinait que moi aussi, plus tard, je partirais à sa recherche.C'était un tout petit entrefilet parmi les autres annonces, les demandes et les offres d'emplois, la rubrique des transactions immobilières et commerciales : On recherche une jeune fille, Ingrid Teyrsen, seize ans, 1,60 m, visage ovale, yeux gris, manteau sport brun, pull-over bleu clair, jupe et chapeau beiges, chaussures sport noires. Adresser toutes indications à M. Teyrsen, 39 bis boulevard Ornano, Paris.»
Pour l’admirateur inconditionnel de M. Patrick Modiano que je suis, c’est toujours un immense bonheur de se laisser emporter sur les traces d’un passé évanoui, mais qui influence encore le présent de ses personnages.
Dans « Voyage de noces », c’est Jean, double modianesque de l’auteur, un explorateur qui n’a plus envie de partir, qui va se cacher dans les bordures parisiennes pour se lancer sur les traces d’Ingrid Teyrsen, après qu’il a appris son suicide à Milan, alors qu’elle devait rejoindre des amis à Capri. Jean se replongera alors dans sa jeunesse, ces moments où il cherchait de l’aide du côté de Juan-les-Pins, et où Rigaud et sa femme Ingrid vont lui venir en aide. Il la recroisera dans Paris, plus tard, et ses souvenirs propres se mêleront à ceux de cette femme, son destin bouleversé et bouleversant, où l’on croisera l’insouciance et la fuite, l’Occupation et ses conséquences, et de multiples fantômes peuplant ces hôtels parisiens où se réfugiera le narrateur-détective.
Très belle réussite en tout cas, où l’on retrouve à son meilleur la petite musique propre à l’auteur, qui nous livre dans ce roman une des plus belles pages de son œuvre quand il décrit ce traîneau glissant dans un Paris désert, quand Rigaud et Ingrid cherche pour la première fois à rejoindre le 20, boulevard Soult où ils doivent s’installer. « C’est un village de montagne désert et silencieux pendant la messe de minuit ».
Bref, un excellent cru, où M. Modiano recompose un passé disparu, en puisant dans ces morceaux de réalité qu’il a emmagasiné pour en faire une très belle fiction, nous offrant ainsi une immersion salutaire dans une brume nostalgique semblable à un rêve, avec ces petits détails, ces petits riens qui sont beaucoup et qui relient, comme des leitmotivs, ce texte à ses autres ouvrages.
"Transmettre quelques-uns des détails disparates, reliés par un fil invisible qui menace de se rompre et que l'on appelle le cours d'une vie" est l'une des phrases du livre qui pourrait le résumer.
Le narrateur doit partir en voyage pour effectuer un documentaire, il na va pas y aller. Il va s'installer dans un hôtel à Paris. Ni sa femme ni son entourage ne savent où il se trouve.
Pendant son introspection il va essayer de reconstituer la vie d'une femme : Ingrid Teyrsen, dont il avait la connaissance dans sa jeunesse et dont il avait appris le suicide 18 ans plutôt.
Cette femme et son mari Rigaud l'avait accueillit chez eux pendant un court séjour dans le sud de la France, leur gentillesse et leur singularité avait ému notre personnage principal. Il avait croisé Ingrid, quelques années plus tard à Paris juste le temps d'une soirée. Et ensuite il avait appris par hasard qu'elle s'était donné la mort en Espagne.
A un moment de sa vie où il ne savait plus quelle direction prendre, le narrateur décide d'écrire les mémoires d'Ingrid et ainsi d'évoquer le voyage de noces qu'elle a fait avec son mari Rigaud dans le sud de la France pour fuir l'occupation et échapper à la déportation.
C'est un livre très émouvant sur les souvenirs, les remords et le sentiment de vide.
J'ai beaucoup aimé la façon dont est écrite l'histoire en mélangeant les souvenirs du narrateur, l'histoire d'Ingrid, le passé et le présent, et le tout en laissant une part belle à l'imagination et au mystère.
Explorateur et documentariste désabusé, Jean ne prend pas l'avion qui doit l'emporter vers le Brésil et une énième aventure. Au lieu de cela, il se cache à la lisière de Paris, dans un hôtel de la Porte dorée. Pendant que ses amis et sa femme le croient loin de la ville, il entreprend de retrouver la trace d'Ingrid, une femme qu'il a rencontré à plusieurs reprises au cours de sa vie. Tout jeune, alors que, sans argent, il faisait du stop du côté de Juan-les-pins, Ingrid et son mari Rigaud l'ont pris en charge avec bienveillance et générosité. Plus tard, par hasard, il a croisé Ingrid dans un quartier excentré de Paris et ils ont partagé un repas tardif. Et c'est encore le hasard qui l'a mise sur sa route, il y a dix-huit ans de cela, lors d'un voyage à Milan. Alors qu'il était descendu dans un hôtel de la ville, il apprenait qu'une femme avait mis fin à ses jours la veille dans l'une des chambres, et, cette femme était Ingrid. Aujourd'hui, il entreprend de retrouver les traces d'Ingrid à Paris et remonte les souvenirs de cette jeune fille juive qui, à 16 ans à peine, fuyait la capitale occupée avec Rigaud pour un faux voyage de noces sur la Côte d'Azur, derrière la ligne de démarcation.
On retrouve dans ce Voyage de noces, la petite musique propre à Patrick Modiano et les thèmes qu'il ne cesse de fouiller au fil de ces romans : l'Occupation, la déportation, Paris et la quête des traces et souvenirs éphémères que laissent les disparus. Ici encore, c'est à une enquête minutieuse que se livre le narrateur pour reconstituer la vie de cette Ingrid Rigaud qui l'obsède. Perdu dans sa propre ville, il cherche les lieux où elle a vécu, les objets qu'elle a pu toucher et brode, à partir de ses confidences aussi, une vie marquée par la guerre et la culpabilité du survivant. De Juan-les-pins aux confins de Paris, on suit Jean, Ingrid et Rigaud, êtres fantomatiques qui hantent des endroits parfois transformés, parfois disparus, en tout cas tombés dans l'oubli.
C'est à chaque fois beaucoup d'émotions que de suivre Modiano dans ses déambulations nostalgiques et ses quêtes impossibles. Ingrid, Rigaud et tous les autres ne survivent que dans la mémoire partielle de ceux qui restent et qui, eux aussi, un jour ne seront plus. Modiano est un collectionneur de bribes, de détails, de traces, de souvenirs...Et cela fait du bien de se souvenir avec lui, de lire ses textes simples, sobres et bouleversants.
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