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À la mort de Vico, les membres de l'Université royale et ceux de la confrérie de Sainte-Sophie revendiquèrent chacun de tenir les cordons du poêle. La controverse tourna au pugilat, tandis que le cercueil attendait dans la cour.
Incapables de se mettre d'accord, les deux partis s'en allèrent et l'on dut remonter le cadavre dans sa vieille demeure. Cette anecdote préfigure le singulier destin posthume de Vico, quasiment ignoré au XVIIIe siècle, redécouvert par Michelet au XIXe et considéré aujourd'hui comme l'un des penseurs les plus importants de son époque, dont les thèses ont nourri toute la philosophie moderne de l'histoire. C'est ce destin que retrace la Vie de Giambattista Vico écrite par lui-même, première véritable autobiographie que nous ait laissée un philosophe. L'idée principale de Vico est qu'il y a dans le monde et dans l'histoire un ordre intelligible, dont la science nouvelle doit retrouver les principes. Or cette découverte, il l'applique à sa propre existence, et montre que sa vie a été exactement ce qu'elle devait être. C'est pourquoi cette autobiographie, beaucoup plus facile d'accès que ses oeuvres proprement philosophiques, émaillée d'anecdotes, de querelles, de portraits, est la voie royale pour accéder à sa pensée. Nous publions ici la très belle traduction qu'en avait donné Michelet au XIXe siècle, revue et complétée par un jeune spécialiste de Vico.
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