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Un chef d'oeuvre satirique, scandaleux et visionnaire sur l'Allemagne de Weimar, brûlé par les nazis et censuré depuis, qui ressort enfin en version intégrale. Un véritable événement.
À Berlin, Jakob Fabian se livre à une critique féroce de la société allemande sous la République de Weimar, lieu de toutes les débauches et de tous les compromis. Désespéré par la veulerie de ses contemporains, il pressent l'approche du désastre, mais reste incapable d'agir et de s'engager.
Un roman décapant, qui parvient à conjuguer l'ironie, la compassion et la poésie singulière d'une modernité déboussolée.
Sans doute l'une des dix fins de roman les plus déroutantes de la littérature mondiale. En un mot comme en cent, Vers l'abîme est un chef-d'oeuvre. Jérôme Dupuis, L'Express
Publié en 1931, Vers l’abîme met en scène deux jeunes amis dans la République de Weimar : Jakob Fabian et Stephan Labude. Le premier travaille dans une agence de publicité, le second est plutôt aisé grâce à son père avocat. Jakob traverse la vie sans beaucoup d’illusions. Avoir traversé la guerre de 14/18 a laissé quelques traces chez le jeune homme, aussi bien physiques puisqu’il a une maladie cardiaque que psychiques. Et puis la situation économique du pays en ces années 30 est plutôt préoccupante. Jakob et Stéphan multiplient les sorties dans les cabarets, les ateliers d’artistes ou les bordels, fréquentant des jeunes femmes très libérées et ont de nombreuses conversations sur l’avenir de l’Allemagne alors que le nazisme monte.
Ce roman, devenu un classique, a eu une histoire mouvementée ! Censuré en 1931, il fera partie des ouvrages voués au feu en 1933. Il nous est pourtant heureusement parvenu, dans une édition complète agrémentée de plusieurs postfaces de l’auteur et de l’éditeur qui éclairent l’œuvre.
Le titre laisse évidemment peu de doute sur le pessimisme de l’auteur et le contenu le confirme. Jakob est le témoin d'une époque décadente et d’une catastrophe annoncée. Il est aussi un personnage plutôt apathique, qui assiste sans beaucoup de réaction à ce qui se passe. C’est d’ailleurs un jeune homme sans beaucoup d’ambition, qui travaille sans chercher à faire carrière et qui subit plus qu’il n’agit.
Mais cela ne l’empêche pas de jeter un œil lucide et désabusé sur ses contemporains et sur ce monde qui se délite. Les dialogues entre Jakob et Stephan sont emprunts de cynisme et d’un réalisme désenchanté quant aux mœurs de leurs contemporains. Leurs errances, de jour comme de nuit, vont conduire le lecteur au cœur d’une société interlope où tous les vices sont présents et où l’égoïsme est la norme.
Erich Kästner se fait ici un observateur très fin d’une époque qui a conduit vers l’inéluctable. Il précise toutefois dans la préface qui accompagne la nouvelle édition datée de 1946 et qu’il reprendra en 1950 : “ Ce livre, qui dépeint ce qu’était autrefois la grande ville, n’est pas un album de photographies mais une satire. Il ne décrit pas ce qui existait, il exagère. Le moraliste ne cherche pas à rendre une image fidèle de son époque, il lui tend un miroir déformant. Et pour ce faire, il ne peut trouver mieux que le procédé légitime de la caricature.”
Si l’auteur revendique la caricature, le récit assume aussi sa capacité d’analyse de l’échec d’une politique qui a conduit, avec d’autres facteurs, à la montée du nazisme. Un roman à découvrir.
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