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Rassemblées dans une publication commune, deux pièces du dramaturge Daniel Besnehard, écrites à vingt-cinq ans de distance, cousines de par leur structure, leur inspiration, et leur thématique : la filiation au centre du conflit familial.
Vaches noires est une pièce écrite en 2008. Elle raconte les retrouvailles tourmentées entre une mère, Marie, et son fils, Pierre, parti vivre aux États-Unis pour la fuir, assumer sa différence, s'inventer une autre famille. Jeune fille, la mère a traversé la Seconde Guerre mondiale, bu au verre de l'ignominie avec un officier allemand, repris sa vie en main dans les années 1950 et gravi les échelons de l'administration postale. Son fils, professeur de lettres, s'est heurté à son père, ancien légionnaire en Indochine. Un " Golden Home ", maison de retraite confortable, est l'espace d'affrontements plus ou moins feutrés entre les deux. Bientôt le duo familial tourne au duel. Arromanches, écrite en 1984, est une histoire simple, celle des derniers instants - ici mal partagés - entre une mère et sa fille. Dans l'isolement d'une chambre d'hôpital, durant un été brûlant, Marie retrace le parcours de sa vie en lignes brisées. Chaque jour, elle rejoint ce CHU de Caen où sa mère, Louise, est alitée. Le mélange de haine et d'irrémédiable attachement qui oppose et rapproche les personnages est d'autant plus complexe qu'ici, aux frictions nées du conflit entre caractères différents, s'ajoutent celles provoquées par l'écart culturel. La mère a peu fréquenté l'école, la fille, elle, est devenue professeur. Arromanches et Vaches noires sont aussi deux pièces normandes. Elles ont la même source, la vie quotidienne, les sensations de plage vide, un CHU inhumain, la campagne trop verte. Ce sont des oeuvres réalistes, d'un réalisme un peu tremblé, rêvé, inquiet. Tout se joue et se rejoue entre Vire, Le Havre, Houlgate... Des lieux qui ont peuplé l'enfance de l'auteur. Ces pièces s'attachent, certes, aux tensions et aux tendresses furtives, aux petits drames ordinaires de l'existence familiale. Mais elles ont aussi l'ambition de conter, à partir d'itinéraires personnels, un peu du destin commun d'une nation. Entre dialogues laconiques et longs récits, ces deux textes privilégient l'intime et le quotidien, sans omettre de rejoindre le monde et ses mouvements.
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