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" Le froid arriva. Et puis le froid s'installa à jamais. "
Nord-est du Canada, 1972, Nord-est du Canada. Dans cette région glaciale, balayée par les vents, où l'hiver dure huit mois, la petite communauté de Jasperville survit grâce au travail dans les mines de fer. Les conditions de vie y sont difficiles. Au-delà du village, il n'y a rien. Juste une nature hostile, quelques ours, des loups. Aussi quand le corps d'une adolescente du village est découvert aux abords de la forêt, la gravité des blessures laisse-t-elle supposer qu'elle a été victime d'une bête sauvage. Ce sera en tout cas la version officielle. Et tout le monde prie pour qu'elle soit vraie. Mais, quelques temps plus tard, le corps d'une autre jeune fille est retrouvé.
Des années plus tard, de retour à Jasperville où il a passé son enfance, Jack Devereaux réalise que tout le monde se contente aujourd'hui encore des mensonges du passé, par peur d'affronter une vérité bien trop dérangeante.
Dans la droite ligne de Seul le Silence, RJ Ellory nous offre un roman troublant de beauté et d'émotion à classer sans conteste parmi ses plus grandes réussites.
Un polar noir d'ambiance, au coeur d'une fratrie déchiré par un drame, Jack Devereaux revient Jasperville où il a passé son enfance mais des meurtres de jeunes filles aux abords de la forêt, la gravité des blessures laisse supposer qu’elles sont victimes d'une bête, est-ce un Windigo créature mythique, flashbacks, différents aspects psychologiques, un bon rythme, personnages cabossé et torturé, d'échec , culpabilité, traumatisme, remords et lâcheté.
Une atmosphère glaçante, Jack qui recherche une rédemption, de la tension et du suspense. Une intrigue aboutie.
"La vérité, c'est que le pire arrive aux gens bien. Et le passé est un pays qui a sa langue à lui, une langue que la plupart apprennent à oublier. Les mots de cette langue sont comme des chansons apprises par cœur. Au moindre rappel, elles reviennent et la mélodie est aussi familière, aussi obsédante que jamais."
"Le passé devait rester le passé. Les regrets ont aussi peu de valeur qu’une montre cassée. Voire moins. Une montre cassée a le mérite de donner l’heure deux fois par jour."
"Les ténèbres sont habitées. Ces choses-là peuvent retenir indéfiniment leur souffle, et leurs narines tressaillent au rythme de vos petits cœurs saisis d'effroi."
Une ruine noire, de légers tourbillons colorés, des vies éteintes, un trouble intérieur, des souvenirs de souffrance et de faim, un silence tendu, des routes gelées, le sang est un sillon, des nuées de mouches et de moustiques, une colère de toutes les couleurs, une intelligence féroce, une longue série de difficultés, des émotions naïves, les Wendigos, des liens d'amitié, des mots comme des clous, un labyrinthe aux angles étranges, une sensation d'inquiétude, un frère en détention, un esprit vif, un lieu sinistre, un geste symbolique, des fantômes qui attendent, des sanglots hystériques, une pensée absurde, une parcelle derrière l'église, une menace qui plane, prendre son courage à deux mains, une ombre ensanglantée, un sentiment de trahison, une mine à ciel ouvert, un homme à la parole rare, des morts inexpliquées….
Jasperville, une toute petite ville minière perdue dans le (très) grand nord québécois, une toute petite ville minière quasi coupée du monde 8 mois par an, c’est parce que son père avait été embauché dans la mine en 1969 que Jacques et sa famille y ont vécu. Ils n’ont pas eu la vie facile, c’est le moins que l’on puisse dire, et Jacques a fuit cette ville pour faire sa vie à Montréal en 1990, mais son petit frère Calvis est resté. Un coup de téléphone de l’unique policier de Jasperville lui apprend aujourd’hui que Calvis est accusé de tentative de meurtre, qu’il tient des propos étranges et est incapable d’expliquer son geste. Jack (qui a anglicisé son prénom) prends donc la route de cet enfer gelé, et va devoir y affronter les terrifiants fantômes du passé.
Attention : coup de cœur pour ce roman noir de RJ Ellory, qui nous emmène dans le grand nord canadien, à la limite du cercle polaire, où les nuits durent des mois. J’ai cherché Jasperville sur une carte, sans succès. C’est peut-être trop petit, ou bien c’est totalement fictif, je ne sais pas. Mais ce que je sais en revanche c’est que le nouveau RJ Ellory est à classer tout en haut de sa bibliographie. Rarement j’aurais dévoré un de ses livres avec autant de facilité et de voracité. Le roman est captivant de la première ligne à la toute dernière, et on y suit Jacques/Jack Devereaux. C’est personnage central attachant, mais qui ne s’est pas toujours comporté comme il aurait fallu, avec son frère notamment qu’il a plus ou moins abandonné à son sort : un égoïsme très humain, mais un égoïsme quand même. La première moitié du roman est double, un chapitre de flash back (chronologique) alterne avec un chapitre centré sur Jack, qui prend la longue route vers Jasperville. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y va à reculons, et plus on avance dans les flashs back plus on comprend pourquoi. Cette toute petite ville a fait exploser sa famille en petits morceaux, lui a pris sa mère et sa sœur, à rendu fou son père et probablement son petit frère. Des jeunes femmes ont été assassinées entre 1972 et 1990, toutes étaient jeunes et jolies, toutes tuées de façon abominable et pourtant, peut-être parce que cette ville est coupée du monde, parce qu’il n’y a qu’un policier en tout et pour tout, et bien la population a fermé les yeux. Parce qu’il est insupportable de penser que dans cette toute petite communauté isolée un prédateur est à l’œuvre, alors on a mis ces morts sur le compte d’animaux sauvages, d’accidents improbables, voire de mauvais esprits. Calvis a tenté de tuer un homme qu’il pensait coupable des crimes, Jack va bien devoir refaire l’enquête de son frère pour tenter de l’aider. La seconde partie du roman est plus linéaire, il reste encore quelques flash back mais on est davantage centré sur l’enquête car désormais, on sait tout du background chargé du personnage. L’enquête est captivante, son dénouement en trois temps ménage un suspens bien dosé. Tout reste cependant à hauteur d’homme, crédible. Jasperville est presque un personnage de l’intrigue à part entière. J’insiste un peu là-dessus parce que c’est en partie ce contexte géographique qui donne son intérêt au roman, une même intrigue dans un autre contexte aurait donné un roman noir certes intéressant mais pas à ce point, je pense. C’est l’isolement, le froid, l’obscurité, la mine qui fait vivre toute la ville, la quasi absence de l’Etat (dans le sens de la Police) qui rends tout possible, qui rends tout oppressant. Au final la seule chose que je n’aime pas dans ce roman, c’est son titre passe-partout sans intérêt (titre original « Darkest Season", meilleur mais pas ouf non plus) parce que sinon, RJ Ellory rends une copie impeccable, « chaudement » recommandée.
« ...le trou du cul du monde, mais gelé jusqu'à l'os »
Nord-Est du Canada, 1972. On y trouve des ours, quelques loups, beaucoup de neige, et des familles, attirées là par le travail dans les mines d'acier. Car on ne vient pas à Jasperville par hasard.
Et puis il y a le corps gelé d'une jeune fille, partiellement dévoré. La version officielle parle de bête sauvage, de nature hostile. Mais un deuxième corps est découvert.
Jacques a débarqué là avec sa famille en 1969, puis s'en est enfui à 18 ans.
Montréal 2011. Jack(ques) reçoit un appel de Jasperville. Son petit frère vient d'être incarcéré pour tentative de meurtre. Jack n' a pas d'autres choix de d'y retourner, affronter les démons de cette ville, et les siens en prime.
Ellory nous offre un fabuleux cadre que ce froid glacial qui émane de chaque page et devient un personnage à part entière. Il excelle dans l'art de décrire l'inhospitalité des lieux, qui marque les âmes et les corps fatigués.
Jonglant entre passé et présent, il alterne les chapitres pour retourner à la source et raconter l'enfance de Jack, la rencontre de ses parents, leur arrivée à Jasperville, son grand-père. Il place les pions sur un échiquier, la tension monte, le lecteur sent arriver le point de rupture.
Les personnages oscillent entre croyances ancestrales et vérité scientifique, tradition autochtone et rationalité occidentale. La vérité semble enfouie, quelque part, entre les deux.
Jack devient l'enquêteur, se substituant à l'autorité locale, pieds et points liés par le manque de moyen et de confiance de la part de la population. Il avance, recule, s'interroge, apprend, déduit. Il n'est pas pro et le récit s'en ressent. Si la première partie m'a parue fluide et haletante, j'ai un peu peiné en milieu de texte, m'enlisant à mon tour sous le poids de la neige et des interrogations en suspens, avant que le souffle ne revienne.
Bilan? Un récit un peu triste mais envoûtant et très, très addictif !
Très bon roman où se mêle suspens, légende, et sentiments profonds..
Vingt six ans après avoir fui Jasperville,au nord -est du Canada, loin de la violence et de la folie, Jack retourne au pays tenter d'aider son jeune frère, accusé d'avoir violenté un homme, qu'il soupçonne être le tueur de plusieurs jeunes filles entre 1972 et 1990...Jack n'avait que 19 ans à son départ pour Montréal, abandonnant Calvis, son frère âgé de 12 ans, sous l'emprise d'un père alcoolique et brutal, et Carine, son amour, promettant de revenir la chercher...
Ces meurtres, commis par le passé, n'ont jamais été élucidés, affaires classées, probablement l'attaque d'un animal sauvage....
Jack va tenter de découvrir le responsable, en poursuivant les recherches entamées par son frère...
Un très bon cru de R.J Ellory qui nous ramène sur les traces de con premier roman paru en France, le toujours inégalable "Seul le silence". Même type d'atmosphère, même narration lente et profonde, avec des personnages très humains et tellement authentique. Son intrigue se situe au Nord-Est du Canada dans un endroit perdu où le froid glacial et l'obscurité ont établi leurs quartiers. C'est pourtant un endroit qui accueille des familles avec la société Canada Iron proposant beaucoup d'emplois dans le secteur de la mine. Tout au long de cette lecture, Jasperville, nom de la commune, est un personnage à part entière, à la fois accueillant et tellement hostile. Un endroit où l'on peut perdre la tête.
R.J Ellory propose tout comme dans "Seul le silence" une intrigue s'étalant entre le passé et le présent, sur plus de 40 ans avec comme point de départ la découverte du corps d'une jeune fille en février 1972. S'en suit une longue série de drames avec d'autres victimes physiques et collatérales. Le personnage de Jack Devereaux donne beaucoup de puissance à ce récit, sans oublier tous les autres personnages secondaires qui jalonnent la lecture. La résolution de l'affaire ou l'explication des meurtres n'a du reste rien d'exceptionnel, en tout cas sans rebondissement majeur, mais là n'est pas l'essentiel.
Une lecture agréable à savourer sans modération.
« On est tous brisés, quoique chacun à un endroit différent. »
Pour Jack Devereaux, cet endroit c'est la ville minière de Jasperville ( ville fictive inspirée de Schefferville en plein coeur de la péninsule du Labrador ), Québec, Nord-Est du Canada : huit mois d'obscurité et de froid polaire qui l'isole du reste du monde. C'est là qu'il a grandi, là que sa famille s'est installée en 1969 pour suivre son père employé dans la mine de fer.
C'est ce lieu qu'il a fui dès qu'il a pu à 18 ans. Et c'est là qu'il doit revenir 26 ans après pour venir au secours de son petit frère qui vient d'être arrêté pour tentative de meurtre au premier degré. Sans que la police comprenne ce qui l'a fait disjoncter. Jack soupçonne qu'il y a un lien avec la série de meurtres jamais résolus : des jeunes filles de Jasperville régulièrement retrouvées mortes éventrées à partir de 1972.
Etonnamment, R.J. Ellory ne choisit pas de placer l'enquête en elle-même au centre du roman. Même si on saura au final qui a assassiné les jeunes filles, ce n'est pas la résolution qui semble le plus intéresser l'auteur, à peine le tueur. Ce qu'il privilégie, c'est l'exploration de la psyché humaine à travers un personnage principal en quête de rédemption, hanté par un passé traumatique.
« Il commençait à comprendre que les fantômes étaient en lui et que, même s'il partait au bout du monde, ils l'attendraient encore. »
R.J. Ellory est sans doute l'auteur de romans noirs qui sait le mieux injecter de l'émotion à ses récits en faisant la part belle aux blessures qui abiment l'enfance et font ce que nous sommes aujourd'hui. Il maitrise avec brio le procédé narratif classique alternant présent du retour de Jack à Jasperville et passé révélant progressivement les choix d'un homme qui s'est trompé et a évolué sur une quarantaine d'années.
Grâce aux flash-backs éclairant les tragédies qui ont détruit sa famille et sa ville durant son enfance, le lecteur a l'impression de comprendre totalement Jack : ses erreurs, sa lâcheté, sa peur, ses remords, sa culpabilité, ses souvenirs qui le secouent jusqu'au tréfonds dès qu'il met un pied à Jasperville, lui qui a cru en fuyant régler ses problèmes et s'est retrouvé enfermé dans une prison dans laquelle il s'est débattu durant 26 ans.
Pour évoquer le style de R.J.Ellory, Franck Thilliez parle de « slow motion thriller », expression parfaite pour ce roman noir qui prend le temps de poser des personnages, un lieu et une atmosphère. C'est le maître des ambiances.
On a l'impression que la glaciale et glaçante Jasperville est une ville qui prend possession de ses habitants, une ville maudite que Jack doit parvenir à exorciser en affrontant les démons du passé, les siens et celui de la ville. En affrontant les légendes locales qui obsédait son grand-père et le terrifiait petit, celles mettant en scène les wendigos, créatures lycanthropes du folklore amérindien avides de chair humaine et capables de prendre possession de l'esprit d'une proie au point de le pousser au crime.
Un excellent roman noir qui explore les abimes émotionnels d'un homme en quête de rédemption.
Depuis ses derniers polars, R. J. Ellory est revenu dans la cour des très très grands. Et, Une saison pour les ombres est un très grand roman noir qui procure le plaisir de sa découverte jusqu’après le livre refermé.
Avec R. J. Ellory, je reviens du froid, non de l’hyper froid, du nord-est du Quebec, au Canada, précisément. Un endroit qu’on rejoint après huit heures de train pour arriver dans un désert de glace. Celui-ci est juste peuplé de quelques familles regroupées à Jasperville, figé dans le temps. Le seul objet de cet endroit tourne autour de la mine d’acier exploitée par Canada Iron.
On y vient pour un job, quand on n’en a pas trouvé ailleurs. Ou lorsqu’on veut donner un nouveau départ à sa vie. Ça ne viendrait à personne de s’y enfermer juste pour le plaisir de ne jamais voir vraiment la nuit mais aussi le vrai jour !
Montréal. Ludo n’a jamais entendu parler de la famille de Jack avant que celui-ci reçoive un coup de fil de Jasperville qui le replonge dans l’enfer qu’il a quitté presque vingt-six ans plus tard. Pourtant, celui qui avait voulu oublier son passé, le retrouve au fil du voyage qui le ramène inexorablement dans ce pays qu’il a choisi de fuir pour ne pas mourir d’asphyxie.
À l’aide de retours en arrière savamment distillés, R. J. Ellory dévoile l’histoire de Jack au cœur de Jasperville avec ses crimes, jamais élucidés, qui font de cette bouche de feu un enfer à ciel ouvert.
Dès les premières lignes, ça claque et ça attire inexorablement pire qu’une vitrine illuminée au moment de Noël. Chez R. J. Ellory les mots ont un sens et il entend bien le faire savoir. La construction d’Une saison pour les ombres est savamment étudiée pour que le lecteur soit attaché à ses lignes. Et, jusqu au bout, j’ai redouté de découvrir la fin.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/02/13/r-j-ellory/
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