Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Il pleuvait à torrents et personne, vraiment personne, n'était prêt à ouvrir sa porte, et surtout pas à ces individus. Oui, il y avait des Blancs parmi eux-les humanitaires qui les accompagnaient-mais ils étaient tout aussi étranges que les autres malheureux, mal fagotés et mal en point. Que venaient-ils faire, ces envahisseurs, dans notre petit village où il n'y avait plus de maire, plus d'école, où les trains ne passaient plus et où même nos enfants ne voulaient plus venir? Nous nous demandions comment les affronter, où les abriter puisqu'il le fallait. Eux aussi, les migrants, avaient l'air déboussolés. C'était pour ce coin perdu de Sardaigne, ce petit village délaissé, qu'ils avaient traversé, au péril de leur vie, la Méditerranée? C'était ça, l'Europe?
Dans un petit village de l'arrière-pays sarde, la vie des habitants se déroule sans secousses, à l'abri des murs des maisons rénovées en parpaings et de celles abandonnées. Beaucoup sont parti et l’économie se réduit à la culture d'artichauts et de biomasse. C’est un pays "perdu", oublié du monde. Jusqu'à l'arrivée des « envahisseurs » : une poignée de migrants venus de loin et d’humanitaires qui les accompagnent. Stupéfaction des habitants et stupéfaction des migrants qui rêvaient d’une autre Europe. Pourtant de cette étrange rencontre, une saison douce va éclore.
Un roman bourré de charme et d’une humanité infinie autour du thème de la rencontre. Ce village va retrouver un sens à une existence qui semblait s'être définitivement évanouie. Agir au lieu de parler, comprendre au lieu d'avoir peur.
Un roman choral qui a la saveur des histoires orales. De ces récits qui se transmettent depuis la nuit des temps, adaptables à toutes les époques". Raconté par le "chœur des femmes », presque comme dans le théâtre grec, ce conte a en même temps quelque chose d'archaïque et d’une profonde actualité.
Le cadre est également très important : une Sardaigne "oubliée", loin de tout et de tous. Loin du tourisme. Une terre qui a perdu ceux qui sont partis, qui ne reviennent jamais, et qui a éteint les espoirs de ceux qui sont restés. Cette terre parvient à être le protagoniste de cette agrégation humaine qui a le goût d'une renaissance, du retour d'un temps bienveillant qui montre que tout n'est pas perdu. Et ce renouveau de vitalité a quelque chose de sacré, car il part de la terre, de la réapparition des vieux vergers et des vieux jardins.
La rencontre avec « les autres » d'aujourd'hui renouvelle le monde d'hier en le déclinant au présent. Les "envahisseurs", en fin de compte, ne sont que le catalyseur d'une renaissance qui n'attendait que d'être déclenchée.
Trop utopique diront certains mais un peu d’idéalisme ne fait pas de mal par les temps qui courent.
Fuyant le continent africain, embarqués sur un rafiot pour une traversée à hauts risques, sous une pluie battante ils mettent pied à terre sur un territoire isolé, peuplé de quelques couples et de vieilles femmes vivant dans des maisons délabrées. Les enfants, le maire, le médecin, le curé, la plupart des habitants ont déserté.
Nous sommes dans le Campidano, une région en cours de restructuration dans le Sud-Ouest de la Sardaigne.
Les « envahisseurs » vont occuper « la Ruine ». De l’intérieur, ils verront les étoiles. Interrogatifs et découragés, ils s’interrogeront « c’est donc ça l’Europe ? ». Ils ne pensent qu’à Paris, à Londres, à repartir. Dans le village, la méfiance prédomine puis un groupe de femmes allume une véritable lumière en dépit des réticences masculines.
Milena Agus s’empare avec humour de la tragédie migratoire et brosse un tableau flamboyant d’humanité au milieu du chaos. Un sujet brûlant sans solution évoqué avec humour et délicatesse. J’ai parfois bien du mal à me détacher de la réalité, mais j’ai beaucoup apprécié cette « saison douce ».
Une de mes autrices chouchous ! Livre après livre elle construit une œuvre très intéressante. J’aime son humour et les portraits qu’elle fait, notamment ceux des femmes sardes. Elle a un talent de conteuse.
Un petit village perdu en Sardaigne voit débarquer un groupe de migrants accompagné d’humanitaires. On les installe dans une maison en ruine. On les observe. On les regarde de travers. Très vite il va y avoir deux camps, les villageois qui les côtoient et les aident, et les villageois qui ne veulent pas d’eux. Sorte de huis-clos où tous les deux camps mais aussi les migrants et les humanitaires s’observent et trouvent la situation de l’autre absurde.
Milena Agus ne donne pas de détails sur leur vie d’avant, on sait juste qu’ils veulent aller en Europe et que pour eux la Sardaigne ne ressemble pas à l’Europe.
Un groupe de femmes du village prend « les envahisseurs » en affection. Tous les jours elles viennent les voir, leur apportent des objets et les aident pour rénover la maison, commencer un jardin. Un quotidien, des habitudes se mettent en place. Ce sont elles qui nous raconte l’arrivée des « envahisseurs » et les réactions des uns et des autres. Ils essayent de fêter Noël ensemble alors qu’ils n’ont pas la même religion, culture. Les jeunes ayant désertés le village, les sardes se sentent seuls. Que se passera-t-il le jour où les migrants repartiront ?
Un roman truculent !
Si vous ne connaissez pas ses romans, je vous conseille de commencer par un autre que celui-ci. Lisez d’abord « Mal de pierre ».
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2021/02/une-saison-douce-de-milena-agus.html
Le Campidanese est un petit village perdu et paisible de Sardaigne qui vit de la culture des artichauts, un "hameau baignant dans le silence... qui évoque un western après le passage des méchants". Le train ne s'y arrête plus, le maire, le médecin et le curé se trouvent dans le village voisin, l'école est fermée, aucun enfant ne naît plus ici. Les enfants du village qui l'ont quitté répugnent à y revenir, même lorsque leurs parents veulent les réunir pour Noël. Un village qui meurt lentement, un horizon limité pour les villageois aux idées tout aussi limitées quant aux évolutions de la société.
Un jour tous voient arriver avec horreur, cachés derrière leurs volets, des migrants qu'ils qualifient tout de suite d'envahisseurs. Personne n'est prêt à ouvrir sa porte à ces êtres majoritairement noirs. Accompagnés d'humanitaires, des Blancs tout aussi étranges que les migrants aux yeux des villageois, ils vont s'installer dans le Rudere, la Ruine, une maison abandonnée, sans toit ni eau courante ni électricité qui leur a été attribuée par les autorités.
Dans un premier temps les autochtones leur fournissent de mauvaise grâce du matériel de première nécessité. Peu à peu, un groupe de femmes, un chœur de femmes qui s'exprime dans le roman, se rapproche des migrants entrainant la division dans le village. Certaines femmes, les maris et les belles-mères, dénommés les Autres, voient d'un mauvais œil la proximité de ce chœur de femmes avec les migrants. Chez les migrants il en est de même, les sentiments sont très partagés, certains sont déçus par ce lieu où ils ont atterri qui leur apparait aussi désolé que celui qu'ils ont quitté au péril de leur vie.
Ce texte a des allures de fable. L'histoire se déroule dans un village sinistré, petit et étriqué comme la vie de ses villageois à qui a été confiée la tâche d'accueillir des gens encore plus éprouvés qu'eux. Des femmes autochtones qui ont sombré dans l'apathie "nous n'étions pas méchants, mais les forces nous manquaient", après avoir dans un premier temps rejeté les migrants, découvrent la satisfaction de s'occuper de quelqu'un, trouvent une raison de vivre en se rendant utiles à ceux qui ont encore moins de chance qu'elles. Ces femmes qui ne voient que très rarement leurs propres enfants ont l'impression de former une famille avec les migrants. Traitées comme des pestiférées par les Autres qui se tiennent à l'écart de l'aventure auprès de ceux qu'ils nomment "une bouillabaisse de Blancs, de Noirs, de gays, de musulmans, d'évangéliques et de catholiques", elles apprennent une autre façon d'être au monde et vont vivre une belle saison douce avec les migrants. On ne sait pas quelle communauté a le plus aidé l'autre et cela n'a aucune importance...
Le sujet m'attirait beaucoup mais je sors de ma lecture avec un avis assez mitigé, j'aurai vraiment adoré plus apprécier ce récit. Milena Agus a indéniablement un grand talent de conteuse, son évocation d'une terre âpre, d'un village qui se meurt est très réussie. Mais ma lecture a parfois manqué de fluidité, je ne sais pas si cela vient de la traduction, les personnages ne m'ont pas marquée, ils manquent sans doute d'épaisseur. Un texte globalement beau auquel je peux cependant reprocher d'être assez moralisateur et de ne mettre en avant que l'aspect idyllique des relations entre paysans et migrants.
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J'ai aussi beaucoup aimé ce roman empreint d'une douce et généreuse humanité. Jamais déçue par les ouvrages de Mike à Agus, j'ai particulièrement apprécié TERRES PROMISES publié en 2018.