"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans la famille d'élection de Rodolphe Barry, on trouve Carver, Agee et maintenant Sam Shepard. Sam Shepard, écrivain, dramaturge, acteur, musicien, avait déjà fasciné ses contemporains, de Patti Smith à Peter Brook, de Ginsberg à Terrence Malick. Barry se glisse dans sa vie, imagine des rencontres, improvise des conversations avec cet homme dont il veut faire découvrir la profondeur à ses lecteurs. Avec une réelle empathie, il compose une épopée fiévreuse sur un artiste recherchant désespérément la sérénité intérieure, mais sans cesse bouleversé par le bouillonnement créatif de l'oeuvre à venir.
« Shepard est un conteur épique, méfiant vis-à-vis de tout ce qui est trop intellectuel, trop rationnel, et attiré par la magie et le surnaturel. Sa poésie précise, dépouillée, a ouvert mon regard sur une autre dimension du monde ».
Dès les premières pages de ce roman biographique, Barry proclame son amour sans borne pour l'immense oeuvre littéraire de Shepard, et pour l'homme qu'il a été. Poète, dramaturge, romancier, scénariste « aux yeux bleu délavé », il est pourtant devenu célèbre pour sa carrière d'acteur de cinéma: je l'ai adoré dans le contemplatif « Moissons du ciel » de Terence Malick ou dans le touchant « Mud » de Jeffrey Nichols sans me douter qu'il était écrivain.
Avec tendresse et admiration, Rodolphe Barry rend hommage à Shepard, qu'il a eu la chance de rencontrer quelques années avant sa mort, en 2017, lors d'un entretien tequila/ukulélé qui a profondément marqué l'auteur français.
Barry remonte le temps, raconte l'enfance de Shepard, sa relation douloureuse à son père, les débuts à New-York, sa carrière théâtrale phénoménale (prix Pulitzer de l'oeuvre théâtrale en 1979), les années 60 et ses excès en tous genre, les femmes de sa vie, sa passion pour les chevaux, ses amis surtout, la musique beaucoup. Et sa quête effrénée de liberté et de vérité, du bout des doigts, au rythme régulier de son inséparable machine à écrire. L'intimité de cet être insaisissable se dévoile parfois dans ses pages, mais Sam Shepard échappe toujours au regard, lui qui a passé la majeure partie de son existence à fuir les journalistes indiscrets, pour se dédier entièrement à la création.
Si l'écriture de Barry est parfois maladroite quand il évoque sa rencontre avec Sam Shepard, il restitue ensuite un portrait inspiré de l'écrivain de l'Illinois, qui m'a donné envie de me procurer de toute urgence l'oeuvre de celui qui avait « Une lune tatouée sur la main gauche ».
"une lune tatouée sur la main gauche" entre le pouce et l'index de Sam Shepard.
je ne me lasse pas de vous recommander cette lecture, la bio à cheval d'un écrivain qui a fait parfois des films et non pas un acteur qui eut écrit...
ce n’est pas trop tard pour les découvrir, cette homme, sa prose, j’ai été si immensément émue à la lecture de cette biographie romancée que je pourrais rédiger une chronique encore plus longue que le livre lui-même.
C’est CE genre de livre qui me fait aimer la lecture infiniment, passionnément; riche, cultivé, emprunt de poésie, et d’écrivains croisés, de musique -il était batteur dans un groupe, et partout où il y avait un bar, une ambiance…- de philosophie, d’audace, sans compromis, jamais, d’amitié-plus-fort-que-tout, d’amours écorchés…
il nous emporte, nous élève, au diable le reste !
Samuel Shepard fut un écrivain rare sous son "Etoffe de Héros», à 40 ans déjà plus de 40 pièces et autres volumes de prose, célèbré de son vivant, une vie plus longue que la moyenne que celle des génies emportés trop tôt par une irrepressible autodestruction (alcool, drogue, insomnies…) épargné peut-être par ce besoin viscéral d’écrire «ses mots si simples crient si fort" .
Un écrivain plus que tout autre carrière il a semé compulsivement recueils de nouvelles, pièces de théâtre et a fait du cinéma pour l'argent, pour nourrir ses chevaux, heureusement pour nous, il a en a eu beaucoup!
"il n'a jamais cherché à prospérer avec sa belle gueule, sa seule crainte c'est de n'avoir plus rien à écrire.. »
notre auteur, terrassé par la nouvelle de la mort Sam Shepard à 73 ans, l’été 2017, nous raconte leur entrevue, un rêve pour lui, une journée agréable pour l’autre, lui qui fuit toute interview. L’a t il rencontré vraiment ou est-ce l’amorce d’une biographie dont il est imprégné depuis des années, fan absolu de sa plume et de sa personnalité?
hommage sublime : je n'ai jamais lu plus riche et plus sensible biographie ; on se fond littéralement dans la tête et le coeur si expressifs, loquaces, créatifs, sans concession et parfois caustiques de Sam Shepard greffés de notes de jazz et de country,
Notre coup de coeur commence lorsque notre auteur, terrassé par la nouvelle de la mort Sam Shepard à 73 ans, l’été 2017, nous raconte leur entrevue, un rêve pour lui, une journée agréable pour l’autre, lui qui fuit toute interview. L’a t il rencontré vraiment ou est-ce l’amorce d’une biographie dont il est imprégné depuis des années, fan absolu de sa plume et de sa personnalité?
C’est un hommage sublime : je n'ai jamais lu plus riche et plus sensible biographie ; on se fond littéralement dans la tête et le coeur si expressifs, loquaces, créatifs, sans concession et parfois caustiques de Sam Shepard greffés de notes de jazz et de country,
"....Il conduira 2000 km d'affilée en quête d'un endroit où aller quand on ne sait plus où aller."
Finalement ses quasi 30 ans de vie commune avec la sublime Jessica Lange, "le croisement d'un faon et d'une Buick!" disait J. Nickolson, son amie aussi baroudeuse que lui, Patti Smith et toutes ces personnalités de Clint Eastwood à Brad Pitt, croisées au gré des premières de théâtre ou tournages de film font partie de « l’action » de ce livre, qui le rendent si attachant et proche de nous.
On « vit » ce livre, on tressaute quand Jessica fuit une énième fois en claquant la porte et que Sam se remet à écrire, avec pour seule compagnie sa machine, une Olympia "prunelle de ses yeux », on apprend par coeur ses pensées, mix de tout ce qu’il a lu et cogité, pour pouvoir les replacer à un diner et on souffre en silence, car enfant battu par un père alcoolique ses vieux fantômes ne sont jamais loin, et jusqu’au dernières pages car «ceux qui vont mourir ne dorment pas" son dernier manuscrit "le livre de ses nerfs" emporté par la maladie de Charcot.
"Si un livre parvient à te faire vivre une expérience, c'est qu'il est vivant" disait-il
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