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Le drame familial de la Shoah, la maladie d'Alzheimer et cette auto-dérision caractéristique de l'humour juif, forment le noyau de cette désopilante chronique -?joyeusement mélancolique?- où le burlesque et la légèreté s'emparent de tout.
Nous voilà donc face à une histoire d'amour et de mort, une histoire faite d'amnésie et de souvenirs, celle qui lie la narratrice à sa mère, à sa famille, à son histoire.
Au fil des pages, nous sommes entraînés dans le quotidien d'un EHPAD, avec ses aberrations administratives et ses situations cocasses.
L'auteure nous raconte le rire de sa mère, le Monsieur-Qui-Pisse-Partout, la passion pour «?Des chiffres et des lettres?», les «?Vayalé?» récurrents du monsieur en fauteuil, René-la-grande-gueule...
Elle nous dit aussi la mort qui rôde.
Un excellent livre qui se lit entre le rire et l’émotion.
Laurence Kleinberger se livre un peu plus dans ce nouveau roman . Une belle écriture et un style incomparable.
Humour juif, ou le tragique et le cocasse s’entremêlent ?
Humour tout simplement. Une belle histoire d’amours.
Efrat, à peine la cinquantaine en début de livre doit se résigner à trouver un EHPAD pour sa mère qui souffre de la maladie d'Alzheimer. C'est une véritable déchirure que de l'y faire entrer, d'autant plus, qu'une trentaine d'années plus tôt, une promesse avait été faite de ne jamais la faire entrer dans ce genre d'établissement.
Ce roman aux courts chapitres part de cette situation. Il débute de manière assez légère et drôle : "J'ai horreur de l'humour. Je déteste les libraires et je commande tout sur Amazon. Je ne trie jamais mes déchets et au supermarché je me dirige systématiquement vers les caisses automatiques. Même quand il y a des caissières disponibles. Parce que je n'aime pas les caissières. J'ai voté Macron ! J'ai voté..." (p.7) Le ton oscillera toujours entre cette légèreté et, bien que la narratrice s'en défende, de l'humour et des questionnements plus lourds, plus sombres. Les grands-parents d'Efrat, juifs, ont été déportés dans les camps et les générations suivantes portent "les larmes de la Shoah" (4ème de couverture).
Le livre emprunte à pas mal de genres, le journal intime, le roman humoristique, le témoignage d'une femme qui laisse sa mère en EHPAD, l'autobiographie... Car l'on se doute un peu qu'Efrat pourrait être Laurence Kleinberger, au moins un peu. C'est aussi un questionnement sur la judéité : est-on juif parce que l'on croit ou parce que l'on est né de parents et grands-parents juifs ? J'avoue que cette question m'escagasse toujours un peu, comme souvent les questions de religion. Chrétien-baptisé de quasi-naissance donc par convention et habitude familiale et de l'époque, apostat-athée par choix et rayé des registres de l'église, je vis mon athéisme libéré et toujours estomaqué par le poids des religions et sidéré par leur retour en force avec un certain traditionalisme et une intolérance normalement incompatible ces dernières années.
Mais revenons au roman qui est très juste dans ce qu'il raconte des EHPAD, notamment sur l'implication des personnels, sur les résidents particulièrement ceux atteints d'Alzheimer : "Je m'approche de Josette et Maurice, eux aussi ont besoin d'aide. Je fais remarquer que le pantalon tient parfaitement tout seul, que les ceintures c'est chiant, qu'il faut toujours les ouvrir et les fermer et que Josette est beaucoup plus chic sans ceinture. Josette est satisfaite, elle prend sa ceinture et va la ranger à sa place : dans le placard de la cuisine avec les assiettes." (p.27). Il évoque aussi la gestion des EHPAD par des grands groupes qui ne cherchent que la rentabilité. Il est bien vu également sur la relation mère-fille, sur ces choses qu'il faut dire et faire avant la mort, pour ne pas regretter. Sur les vies rendues difficiles par le poids des non-dits familiaux, par les parents ou grands-parents trop tôt disparus.
Simple d'accès, facile à lire, ce roman qui pourrait sembler léger est nettement plus profond qu'il n'y paraît. Son atout est de donner cette profondeur tout en ayant l'air de ne pas y toucher.
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