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Parler d'une « littérature du travail », n'est-ce pas en soi un oxymore, une contradiction dans les termes? Pourquoi, en effet, la littérature, envisagée comme activité esthétique par excellence, en viendrait-elle à prendre pour objet le travail? Quelle importance les écrivains contemporains accordent-ils à la besogne quotidienne, aux gestes banals, aux lieux triviaux que sont l'usine et les locaux d'entreprise? Pourquoi s'intéresser aux univers de travail pourtant éloignés du labeur d'écrivain?Si l'on admet le postulat d'une séparation entre le fait social du travail et les écrivains, on peut dès lors se demander comment ces derniers peuvent prétendre dire ou écrire le travail? Il semble qu'un gouffre doive être franchi pour que la littérature s'approche de la condition laborieuse. Ces enjeux touchent aux problèmes du rapport de l'écrivain au monde social et de sa place dans la division du travail. Axé sur l'analyse de trois ouvrages contemporains - Les Fils conducteurs de Guillaume Poix (2017), Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas (2010) et Le Laminoir de Jean-Pierre Martin (1995) - le présent essai explore les textes comme des configurations problématiques, traversées par des tensions qui se cristallisent au coeur de la représentation du travail.
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