"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tokyo, 1995. Des attentats au gaz sarin. Vingt-cinq ans plus tard, une enquête. Des témoins. Des scolopendres. Des veuves noires. Des oublis. Des murmures. Des non-dits. La narratrice peine à déchiffrer les signes équivoques qui lui parviennent. De rencontre en rencontre, elle se laisse traverser par ce que le pays cache et révèle. Un apprentissage de l'abandon et du lâcher-prise.
J'avoue être embarrassée. Ce livre ne mérite pas qu'on le critique sévèrement, cependant il m'a dérouté.
L'écriture d'Olivia Rosenthal est fluide, précise. Mais ce court roman n'a éveillé que peu d'émotion chez moi. Il n'y a que les quelques dernières pages qui m'ont interpelées.
A un moment j'ai eu le sentiment que l'autrice avait au départ un projet profond, qu'elle l'a mis en place mais que finalement, le résultat ne l'ayant pas pleinement satisfaite, elle a tout de même utilisé la matière de son enquête pour développer sa pensée, sa réflexion. Je ne juge pas, je peux me tromper, j'essaie juste de comprendre ce labyrinthe.
Elle est partie d'une enquête réalisée à Kyoto, 25 ans après les cinq attentats au gaz sarin dans les métros de Tokyo en mars 1995. Elle voulait voir ce qu'il en restait dans la mémoire collective, à distance géographique du drame et distance temporelle.
Elle trouve que les japonais sont des gens (trop) serviables, avenants, ayant l'obsession des convenances et se sentant en permanence dans l'obligation de respecter l'harmonie autour de soi. Elle découvre que le "Je" n'existe pas en japonais, ou si oui, que pour les hommes. Et ainsi de suite.
Tout ceci aura de fait, limité les résultats de son enquête.
Mais ce que j'ai le moins bien vécu lors de cette lecture, c'est le perpétuel questionnement qui traverse les trois quarts du récit.
"Selon toi où sont les morts ? Si tu avais vu le jour ailleurs, y penses-tu ? Si tu pouvais dire le secret le plus lourd, cela faciliterait-il la tâche ? Souffres-tu de ta ressemblance avec ton père, ta mère, tes frères ? Te souviens-tu de ta douleur physique la plus vive ? ..." de bonnes et de moins bonnes (plus communes) questions jalonnent le roman.
Mais mais mais, de toute cette "mise ne scène /mise en page" en est sortie une phrase merveilleuse qui valait de loin l'effort de la lecture :
"Accepter la tristesse et en faire le choix »
Lu sans trop comprendre ce que l'auteur à voulu nous dire de singulier. Je n'ai pas accroché. Ses questionnements entre chapitres sont déjà vus connus et comblent un "je ne sais quoi". Sa quête du lâcher prise, pourquoi pas ?
Rencontrer l'autre, accepter qu’ils nous disent de nous, qu’il aille ailleurs, puiser loin le sujet d’accueil, qu’il digresse jusqu’à une ligne de fond.
Rencontrer l’autre pour mieux se fondre en soi, combler les failles et les incertitudes.
Chercher autour dedans plein corps absorber les traumas et recracher mots. Réorganiser l’existence.
Un livre puissant noue l’émotion doucement arrache les mots et dépose langue. En bouche me reste les questions et le chemin contemplatif derrière pupille. Un singe m’observe de ses yeux inquiets, je lui chuchote reconnaissance.
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