Les lecteurs ont sélectionné des romans policiers plus palpitants les uns que les autres !
Dans ce coin des Appalaches, entre rivière et montagnes, que l'oeuvre de Ron Rash explore inlassablement depuis Un pied au paradis, un monde s'efface devant un autre:à l'enracinement des anciens à leur terre succède la frénésie de profit des entrepreneurs modernes. Le shérif Les, à trois semaines de la retraite, et Becky, poétesse obsédée par la protection de la nature, incarnent le premier. Chacun à sa manière va tenter de protéger Gerald, irréductible vieillard, contre les accusations de Tucker, propriétaire d'un relais pour riches citadins curieux de découvrir la pêche en milieu sauvage. Dans leur esprit, Gerald est incapable d'avoir versé du kérosène dans l'eau, provoquant la mort des truites qu'il aime tant. Mais alors, qui est le coupable? La voix de Becky incarne la poésie infinie de la prose de Ron Rash, dont la colère s'exprime dans la description des ravages de la meth, fléau des régions frappées par le chômage et délaissées par les pouvoirs publics.
Les lecteurs ont sélectionné des romans policiers plus palpitants les uns que les autres !
C'est le moment de découvrir les livres qui déchaînent les passions littéraires du moment...
La collection La Noire de chez Gallimard qui avait disparu depuis 14 ans, refait surface avec, excusez du peu, le nouveau roman de Ron Rash ! Vous savez tout le bien que je pense de cet auteur. C’est donc avec délectation que j’ai ouvert ce livre.
Comme d’habitude, l’auteur nous entraîne dans sa région d’origine, les Appalaches, où se déroulent toutes ses histoires (après en avoir discuté avec lui lors d’un salon, ce n’est pas près de changer !). On va donc s’intéresser au destin d’habitants d’un petit village retiré. Dans cette micro société, les règles sont légèrement différentes et tout ne se passe pas comme ailleurs. Les conflits se gèrent au cas par cas et les coutumes prennent parfois le dessus sur les lois.
Les acteurs de cette aventure sont à l’image de leur environnement. Ils sont rudes, incontrôlables et directs. Cette enquête sur un fait divers va creuser le fossé entre deux générations. D’un coté, les anciens qui cherchent à régler les conflits avec diplomatie, pour le bien de la communauté et de l’autre, les nouveaux qui vont défendre leurs intérêts personnels et professionnels, sans faire de compromis.
L’auteur réussit une nouvelle fois à reproduire avec justesse l’atmosphère des lieux. On est immergé dans cette ambiance rustique où la nature est omniprésente. Celle-ci apporte sa contribution à cette histoire liée à l’écologie et l’évolution des mentalités.
La plume de Ron Rash est toujours exigeante et dégage une certaine poésie. Toujours défenseur des paysages sauvages et fin analyste de l’humanité, il nous offre un roman complexe, à la fois social et environnemental. En maître du roman noir rural, il sait parfaitement associer son amour de la nature et son analyse du genre humain. Je peux donc confirmer qu’il s’inscrit parfaitement dans la charte de cette nouvelle collection et deviendra, j’en suis sûr, un représentant incontournable à l’avenir!
http://leslivresdek79.com/2019/05/31/462-ron-rash-un-silence-brutal/
Le Shérif Les s’apprête à prendre sa retraite dans les prochaines semaines, lorsqu’une dernière affaire vient bousculer ses préparatifs de départ : Gerald, un vieil homme du coin, dur-à-cuir irascible viscéralement attaché à ce coin de nature des Appalaches, refuse de respecter l’interdiction d’accès à la rivière, légalement décrétée par le propriétaire d’un tout récent et luxueux relais de pêche pour riches touristes. La dispute de voisinage s’envenime lorsque la rivière est soudain polluée par un déversement de kérosène, et que tout semble, bien trop facilement, accuser le vieillard.
Sur l’insistance de Becky, la directrice du Creek Park qui a fait de la protection de la nature sa raison de vivre et qui partage avec Gerald sa passion pour ce lieu, Les entreprend de soulever le drap des apparences pour innocenter leur ami.
Les est de l’ancienne école et a depuis longtemps appris à jouer son rôle avec discernement, quitte à appliquer parfois ses propres méthodes, celles qu’il juge plus aptes à remettre ses concitoyens sur les rails, lorsque le malheur ou la pauvreté les a envoyés dans le mur. Pas facile en effet de rester de marbre face aux fréquents drames du désespoir qui frappent ce district rural et déshérité, où l’addiction à la méthadone fait des ravages. Il semble qu’aucun des personnages ne soit indemne : tous ont gardé des traces psychologiques et affectives des épreuves qu’ils ont vécues. Ce sont ces failles qui leur donnent tant d’humanité, dans ce roman qui parvient à rendre toute leur profondeur et leur complexité.
Au travers de ce qui n’est finalement qu’un fait divers, cette histoire met en scène la confrontation entre un mode de vie traditionnel, pauvre mais proche de la nature, et celui, plus bling bling, de sa transformation moderne motivée par le profit. Ici un promoteur s’empare d’un coin de nature pour l’encager dans les frontières d’une propriété privée réservée à une clientèle payante. Là, le départ en retraite de Les marque la fin d’une humanité professionnelle et son remplacement par l’efficacité toute neuve et toute réglementaire de son successeur.
Rien n’est ici manichéen, tout n’est que nuance et subtilité dans la restitution tant des caractères que de leur environnement. Le propre attachement de l’auteur pour cette région transpire à chaque page, en particulier chaque fois que Becky vient chercher l’apaisement au contact de la beauté sauvage du parc naturel dont elle a la garde. Ses envolées lyriques m’ont toutefois laissée un peu sur la réserve : sans doute vaut-il mieux apprécier ces poèmes dans leur langue d’origine, ce qui m’amène à saluer au passage le travail de la traductrice, dont ils ont dû sérieusement compliquer la tâche.
Ce roman est au final une œuvre aux multiples facettes, où l’enquête policière n’est que le miroitement en surface de complexités humaines suggérées avec sensibilité, poésie et une forte pincée de nature-writing.
Je remercie Lecteurs.com qui m'a fait parvenir cet ouvrage dans le cadre des Explorateurs du polar à l'occasion de Quais du Polar à Lyon fin mars dernier.
Ron Rash, on ne le présente plus… J'ai eu la chance de le rencontrer et d'échanger avec lui. J'avais donc hate de découvrir sa dernière production.
Et je n'ai pas été déçu. On retrouve tout ce qui fait le charme de l'auteur: un roman noir, rural… tres descriptif ou la nature est au cœur du propos. Vous sentez, vous entendez, vous voyez, vous êtes littéralement au milieu de la scène en tournant pages apres pages. Il y a une vraie sensation d'immersion. Impossible pour ma part de rester en dehors tant c'est bien écrit et j'adhère au style de l'auteur.
Mais il y a également de la poésie… aussi étonnant en première approche que réussi et adapté à l'intrigue qui est parfaitement maitrisé.
Comment ne pas s'attacher à ce vieux flic… si proche de la retraite et pourtant si actif.
Je ne peux que vous conseiller ce beau livre.
Merci Lecteurs.com
Un polar poétique... L'intrigue se tient, sans aucun doute, et ce flic est tout sauf antipathique. Mais ce qui est surprenant dans ce roman c'est l'écriture amoureuse de la nature, de l'environnement décrit avec tant de justesse, de la vie de manière générale, même si celle-ci entraîne avec elle son lot de déconvenues.
Merci à cet auteur surprenant de nous offrir un si beau texte et de nous divertir avec ce polar distingué.
Ron Rash est un écrivain ,poète et nouvelliste Américain.Il est un auteur de roman policier.Sa carrière d'écrivain a commencé en 1994 par un recueil de nouvelles puis de poésie.Il a écrit 7 romans, le premier datant de 2002.Un silence Brutal étant son 6ème.Il est aussi lauréat de plusieurs prix littéraires
aux Etats Unis.
Dès la première page ,j'ai été embarqué dans l'univers poétique de l'auteur. Comme avec cette jolie description:"Des lianes de chèvrefeuille enroulent leurs verts cordons, des fleurs blanches accrochées là comme de petites ampoules de Noël."
C'est vraiment très beau et je suis allée de surprise en surprise.Mais j'ai aussi été un peu déstabilisée par la construction du roman car en fonction des personnages ,on distingue deux sortes d'écriture: classique ou poétique et on fait souvent des sauts dans le temps (flashback).C'est surprenant au début mais vraiment intéressant lorsqu'on en a compris le fonctionnement.
On se retrouve donc au coeur d'une petite ville des Appalaches proche du parc régional du Locust Creek.
Less ,le chérif part dans 3 semaines à la retraite et c'est pour cela qu'il doit régler les dernières affaires en cours ,problèmes de braconnage, de trafic de meth..Rien de bien exceptionnel pour une petite bourgade.Jusqu'au jour où des poissons morts sont retrouvés empoisonnés dans la rivière du parc.Le fautif est tout de suite trouvé en la personne de Gérald un petit vieux un peu marginal du coin.Pour Less cela parait trop facile et il va donc mener son enquête avec le soutien de son amie Becky la directrice du parc ,elle qui est si proche de la nature et qui fait tant pour la protéger.
Dès qu'elle entre en scène, on découvre la beauté de la nature à travers ses yeux car elle ressent la libération d'être dans un corps en pleine conscience.Tout nous est décrit ,la faune, la flore de façon détaillée même parfois en utilisant le nom scientifique des plantes et ceci toujours avec beaucoup de poésie.Comme par exemple:"Les ailes aux macules bleues d'un machaon s'ouvrent et se referment en un lent applaudissement."
Le fait de faire des pauses et de s'arrêter dans l'enquête pour regarder le paysage permet de rendre ce monde plein de noirceur beaucoup plus beau.On a donc moins l'impression d'être dans un roman noir.Mais malgré tout il y a un bon suspens .Les noeuds de cette enquête se dénouent au fil de l'évolution de l'histoire .
J'ai donc vraiment été conquise par ce polar un peu différent de ce que j'ai l'habitude de lire grâce à l'âme poétique de l'auteur et comme il le dit si bien:
" Vous n'êtes pas obligés de comprendre les mots ,laissez simplement les sons pénétrer en vous comme tout ce que vous voyez ,respirez et touchez."
Et bien Ron Rash risque bien de devenir un de mes auteurs préféré.
Tout laissait penser à Les, shérif d’un comté situé dans un coin des Appalaches, que les trois semaines qu’il lui restait à effectuer avant de prendre sa retraite, seraient, sinon calmes, du moins sans grand imprévu. Seule une opération antimeth, inscrite au programme pouvait apporter peut-être un peu d’imprévu.
Mais cette tranquillité va être brisée lorsque quelqu’un va verser de l’essence dans le torrent, torrent qui traverse la propriété du riche Tucker. Les belles truites argentées meurent. Les riches citadins qui venaient au relais de Tucker, pêcher dans un décor magnifique et sauvage, vont donc fuir.
Tucker accuse aussitôt Gerald, ce vieil irascible qui ne comprend pas pourquoi il ne peut plus parcourir à son gré les rives de cette rivière qu’il a toujours connues et qui malgré les panneaux d’interdiction, continue à les arpenter.
Becky, la garde forestière et Les, le shérif, ne peuvent pas croire que Gerald ait pu commettre un tel geste tant il aime et respecte cette nature. Les va donc devoir mener l’enquête pour savoir qui est le responsable d’un tel geste.
Les principaux personnages de ce roman sont deux : Becky, gardienne d’un parc naturel qui écrit des poèmes et représente la défense de l’environnement, et Les, ce shérif bientôt retraité. Tous deux ont un point commun : un passé douloureux et encombrant.
Mais celui qui tient la vedette, si l’on peut dire, c’est le paysage entre rivière et montagnes, paysage somptueux que Ron Rash connaît bien et décrit d’une façon sublime. Je suis restée scotchée par ses descriptions tant elles sont superbes et on ne peut que rentrer dans le paysage à son tour.
Malheureusement, la beauté qu’offre la nature, avec les fleurs, les arbres, les animaux, les montagnes et les cours d’eau, cette beauté est menacée par les entrepreneurs modernes et on en arrive au conflit entre profit et écologie.
L’auteur met également bien l’accent sur la méthadone, ce fléau qui abrutit les esprits et endommage les corps. Les descriptions des ravages causés par la meth sont si réalistes qu’elles en sont effrayantes.
En fait, c’est le constat de la disparition d’un monde gouverné par l’argent. Tout au long de ce polar, ce sont ces deux mondes qui se côtoient, celui à l’ancienne, représenté notamment par Les qui, tout au long de sa carrière, a tenté de fluidifier les rapports sociaux, et celui des coups, de l’intimidation, de la violence du pouvoir.
Ron Rash a réussi de façon très brillante un roman à la poésie éblouissante et également un roman politique, un roman noir.
J’avais apprécié cet auteur avec Par le vent pleuré, mais Un silence brutal m’a vraiment épatée, enchantée, bouleversée.
Je remercie vivement les éditions Gallimard (La Noire) et Lecteurs.com qui, dans le cadre des Explorateurs du polar 2019, m’ont permis de passer d’aussi beaux moments avec cet ouvrage.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Becky aime la poésie et Les la peinture, et si la vie ne leur a pas fait de cadeau, c’est ensemble qu’ils envisagent maintenant de franchir le seuil de l’âge mûr, au milieu de cette nature qu’ils aiment tant.
Elle, est garde forestier dans le Parc National de Shenandoah et lui, termine sa carrière de shérif du comté et c’est donc ensemble qu’ils vont enquêter sur l’empoisonnement par une pollution au pétrole lampant, de la rivière Locust Creek, détruisant toutes les truites qui la peuplaient.
Une enquête qui révèle le fragile équilibre entre la protection des environnements sauvages et les profits qu’engendre l’exploitation des lieux naturels touristiques ; car si « la nature exalte ce qu’il y a de meilleur en l’homme », elle peut également faire émerger ce qu’il y a de pire en lui.
Un roman éclairé de toutes les beautés qu’offre ce superbe endroit des Appalaches, bien loin des habituels polars, où il faut se laisser transporter par les mots qui animent les sons, les couleurs, les odeurs, de tout ce qui vit au bord de la rivière.
Le fond de l’histoire manque un peu de consistance et on ne retrouve pas l’inspiration du Chant de la Tamassee ou d’Une terre d’ombre, mais la plume de Ron rash est bien là, dans toute sa splendeur, et tant de lumière et de poésie, c’est toujours bon pour l’esprit.
Merci à lecteurs.com pour ce livre lu dans le cadre de l'opération Explorateurs du Polar.
Quand on a aimé profondément un roman, on recherche forcément lors d'une autre lecture du même auteur cette flamme originelle, même si on sait bien que chaque livre a sa propre vie, sa propre petite musique. J'ai profondément aimé, j'aime profondément Un Pied au paradis qui m'a fait découvrir la plume sensible de Ron Rash. Et avec Un Silence brutal, je ne l'ai trouvé cette vibration, cette émotion dont j'aurais tant voulu qu'elle m'emplisse pour toujours.
Bien sûr, ce livre m'a plu.
L'auteur sait comme personne créer de beaux personnages, humains, complexes, troués de failles qui apparaissent au fil des pages. Surtout Becky qui permet de découvrir le Ron Rash poète célébrant la nature ( le titre original, Above the waterfall, « au-delà de la cascade » ) ; sa voix ouvre et aère de façon nécessaire la narration du shérif Les entre traque des trafiquants de meth' et enquête pour déterminer qui a empoisonné les truites d'un lac. Il excelle à sonder, l'air de rien, notre société contemporaine, entre désespoir et douceur, sans jamais sombrer dans le manichéisme, même alors que son roman est enveloppé d'une nostalgie mélancolique pour un temps où la nature était respecté et ne servait pas l'avidité d'investisseurs.
Mais je n'ai pas vibré. Ou plutôt, si, à un seul moment, sublime et bouleversant, lorsque le taiseux Gerald crie sa rage d'être accusé d'avoir versé le kérosène fatal, son âme à nu.
A propos d'une tortue, toute la délicatesse du Ron Rash poète :
« Sortie du filet de bave moribond d'une mare de ferme
où au plus profond les pieds de l'appontement sont secs,
qu'elle avance lourdement à travers champ et pâturage
pour trouver l'eau pérenne de la rivière, qu'elle fasse palpiter
le coeur boueux du bassin,
puis remonte, un lent avenir,
comme une meurtrissure révélant
son âpre beauté
et survive »
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