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Un monde sur mesure

Couverture du livre « Un monde sur mesure » de Nathalie Skowronek aux éditions Grasset Et Fasquelle
Résumé:

« Des marchés où s'était épuisée notre arrière-grand-mère aux magasins de prêt-à-porter montés par nos parents, tout nous ramenait aux tailleurs juifs des shtetls de Pologne.
Quatre générations plus tard, on ne se fournissait plus dans le Sentier, à Paris, mais chez d'invisibles intermédiaires... Voir plus

« Des marchés où s'était épuisée notre arrière-grand-mère aux magasins de prêt-à-porter montés par nos parents, tout nous ramenait aux tailleurs juifs des shtetls de Pologne.
Quatre générations plus tard, on ne se fournissait plus dans le Sentier, à Paris, mais chez d'invisibles intermédiaires qui ramenaient la marchandise du Bangladesh, du Pakistan ou de Chine. Qu'importait la provenance des pièces, qui les avaient confectionnés et comment, nous devions reconnaître parmi les vêtements entassés les articles susceptibles de plaire. Il fallait être rapide, choisir juste. Nous prenaient de cours ces nouvelles enseignes qui ouvraient dans toute l'Europe. Le shmattès yiddish allait bientôt disparaître. » N. S.
Au coeur de l'histoire familiale de la narratrice, le vêtement : d'un côté le magasin de son inconsolable grand-mère, peuplé des fantômes de la Shoah, de l'autre les flamboyants qui, tournant le dos à la tragédie, jouent le jeu de leur époque avant d'être dépassés par le succès. Entre eux, une jeune femme veut exister sans renier ses origines et les évoque avec une acuité sensible. La fin d'un monde, et peut-être la vraie fin du Yiddishland.

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Avis (2)

  • A partir d’une histoire de chiffons, de la confection juive au 20eme siècle en Europe, c’est un pan de l’Histoire qui est retranscrit avec beaucoup de délicatesse et de pudeur sous un angle différent.
    C’est en effet un bel hommage de l’auteur à une tradition familiale, une histoire au-delà du...
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    A partir d’une histoire de chiffons, de la confection juive au 20eme siècle en Europe, c’est un pan de l’Histoire qui est retranscrit avec beaucoup de délicatesse et de pudeur sous un angle différent.
    C’est en effet un bel hommage de l’auteur à une tradition familiale, une histoire au-delà du simple cercle intime qui est retranscrit. Avec ses mots, ses souvenirs et sentiments personnels, elle fait revivre plusieurs générations d’immigrés juifs et de rescapés de la Shoah. On suit une saga familiale sur le 20eme siècle, et en filigrane les évolutions de la confection. C’est toute une société qui reprend vie et elle nous permet de plonger dans un cadre de vie, une histoire dans l’Histoire, des us et coutumes qui nous sont soient inconnus soient indéchiffrables lorsque l’on ne fait pas partie de cette communauté.
    Le quartier du Sentier ne pourra plus être arpenté de la même manière une fois le livre refermé.

    On finit par s’approprier le vocabulaire yiddish qui va au-delà de la simple description des objets. Les Schmattès ( tissus, chiffons) portent le poids de l’histoire. Ce terme était aussi employé nous apprend l’auteur par les allemands dans les camps d’extermination à la place des corps, des victimes, sous peine d’être frappé. Ces fripes, ces loques désignaient les déportés, ces « loques, ces déchets ».

    D’autres références sont aussi intéressantes sur le plan artistique avec l’évocation du travail de Boltanski sur les fripes, l’amoncellement de vêtements ainsi que les références littéraires à Proust et Zola avec le roman « au bonheur des dames ». On prend plaisir à apprécier ces œuvres dans le cadre du roman avec une nouvelle lecture parfois, une autre résonnance.

    C’est aussi un monde très sensuel qui est décrit avec les étoffes, les mises en vitrine, les achats et magasins arpentés. On peut comprendre la peur de la contradiction avec le monde des lettres, où la valeur du livre est difficile évaluer, le désarroi de l’auteur à ses débuts dans un monde de l’édition qui ne semble pas fonctionner avec les mêmes codes. Cependant elle jaugera avec les mêmes repères que son ancienne « vie » au sein de la confection les librairies que les magasins de prêt à porter et boutiques de confection. Des passerelles se dessinent et son livre réconcilie ces 2 mondes.

    Il est en effet question de l’histoire personnelle de l’auteur, de son tiraillement entre les lettres et le commerce, les deux ne lui semblant pas pouvoir cohabiter par peur de trahir les siens, en quittant le chemin tracé depuis des générations et avec le poids de la culpabilité en toile de fond (« le père Goriot » de Balzac étant négligemment posé par la grand-mère sur une table).

    Le titre « un monde sur mesure » est terriblement juste et romanesque à la fois. Il évoque un monde passé qui n’existe plus à l’heure de la commande en ligne. Mais c’est également le regard de l’auteur sur sa famille, marquée par l’exil depuis le 20ème siècle, qui cherche à s’intégrer et dont l’histoire trouve écho dans d’autres exils.

    Il y a enfin le portrait des deux tendances des survivants de la Shoah avec les deux branches familiales de l’auteur. Ceux qui vont de l’avant, les flamboyants, qui se couvrent « d’or qui protège » et ceux qui culpabilisent d’avoir échappé à la mort, d’être revenus ou d’avoir survécu, la peur d’être en trop.

    En complément à la fin du roman, se trouvent deux très courts opus. Tout d’abord un entretien retranscrit avec l’auteur permet de creuser son travail, son cheminement. Il donne également l’envie de lire ses précédents romans présentés comme appartenant à une trilogie qui est une présenté comme une transmission à la base involontaire de la Shoah avec l’histoire familiale retranscrite sous différents angles dans ces 3 ouvrages « Karen et moi, Max, en apparence et un monde sur mesure). Avec ce témoignage, l’auteur s’inscrit dans la lignée de la 3eme génération des rescapés de la Shoah, ceux qui mettent des mots sur les drames familiaux, qui évoquent l’histoire d’une génération.

    La postface également intégrée permet d’aller plus loin dans la compréhension du travail de l’auteur et donne d’autres clefs de lecture et des précisions historiques et littéraires pour un cadre plus général dans lequel s’inscrit le roman.

    Un vrai plaisir de lecture, on apprend beaucoup sur ce monde qui semble avoir disparu et il donne envie de lire les précédents ouvrages de l’auteur.

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  • récit intéressant sur l'histoire d'une famille juive polonaise

    récit intéressant sur l'histoire d'une famille juive polonaise

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