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A la croisée de la linguistique de l'énonciation et de l'acquisition du langage, cette étude a pour objectif d'élaborer des hypothèses sur le cheminement de l'enfant apprenti-énonciateur, à partir d'une analyse de la genèse de l'auto-désignation. Il s'agit bien sûr d'observer et d'analyser le processus de mise en place du marqueur de première personne je, mais aussi de le resituer au sein du développement général du langage de l'enfant et de le corréler à d'autres phénomènes. L'étude d'un JE en construction est tout simplement un lieu pour observer l'émergence des facultés énonciatives. On constate qu'entre dix-huit mois et trente mois, des marqueurs variés sont utilisés par l'enfant pour se désigner : absence de forme, voyelles préverbales, prénom, il/elle, moi, tu, je. Entre trente mois et trente-six mois, l'emploi de je se stabilise et les autres marqueurs tendent à disparaître en fonction sujet. Au même moment, les enfants sortent d'un emploi simplement déictique du langage et manipulent différents temps, modalités et aspects. L'ouvrage part de ces observations et se déroule en quatre temps. La première partie présente une réflexion sur les outils d'analyse, les hypothèses et les théories élaborées par différents chercheurs qui se sont intéressés à la question. Dans la deuxième partie, le corpus d'un enfant francophone filmé pour les besoins de cette recherche, en milieu naturel entre l'âge de dix-huit mois et trois ans, ainsi qu'une première analyse générale sont présentés. Il s'agit ensuite de mener plus loin les analyses, de décrire le plus finement possible les emplois de marqueurs et leurs valeurs en contexte. Aussi, la troisième partie est-elle consacrée à une étude très détaillée de dix saynètes extraites du corpus. La quatrième partie fait la synthèse des analyses de corpus et les met en perspective avec les travaux précédents. On montre que la maîtrise du pronom sujet de première personne passe par une disjonction entre les différentes valeurs que peut prendre l'auto-désignation, notamment le marquage du sujet grammatical, et celui de sujet énonciateur. A la fin du processus, l'enfant conjoindra toutes ces dimensions dans un marqueur unique, je, montrant qu'il s'est approprié la parole de l'autre et construit sa place dans la coénonciation.
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