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« Qu'étais-je venue faire en Psychanalyse ?. Moi, l'immature, ignorant l'amour et la haine, le conflit, la culpabilité ; moi, encore dans les limbes. Pourquoi un divan au sortir du berceau ? Pourquoi ce divan-là qui devint si célèbre ? Voici comment j'ai été, à vingt-six ans, la patiente de Françoise Dolto ; pourquoi je l'ai quittée, conquise par la femme, non par l'analyse ; pourquoi, à l'âge de la retraite j'ai rédigé mes souvenirs et pourquoi, vingt-cinq ans plus tard, grâce à l'abondance de ses publications, j'ai voulu savoir qui était vraiment la psychanalyste que j'ai connue. » L'auteur/ Un Autoportrait Les événements de ma vie en eux-mêmes n'ont pas eu d'importance notable. Mon enfance s'est déroulée dans un cadre privilégié, au milieu d'une famille unie appartenant à la bourgeoisie fortunée, catholique, du début du xxe siècle. Si je me suis montrée sévère avec mes parents, c'est que j'étais particulièrement exigeante (c'est pourquoi, par respect pour ma famille, j'ai choisi d'écrire sous un pseudonyme) (.) Quand je suis arrivée chez Madame Dolto en 1952, elle était pratiquement inconnue sauf de son milieu professionnel où, déjà, on la critiquait pour ses méthodes non conformistes, qu'elle expérimentait sur les enfants psychotiques. Mais, en psychanalyste d'adultes, jeune praticienne d'une discipline révolutionnaire, elle s'efforçait à l'orthodoxie (sans y parvenir, du moins avec moi, comme on va le voir). (.) Ne sachant rien de la psychanalyse, j'ignorais à plus forte raison ces querelles de chapelles, et ma déconversion se fit empiriquement, à ma façon, au cours de ces trois ans. « Ça ne marchait pas ! » J'étais toujours aussi anxieuse. Pourquoi n'allais-je pas mieux ? (.) Ma rupture avec Dolto clôtura une période de ma vie que je pourrais appeler : « La Psychanalyse et moi ». Commença alors une seconde époque que je baptiserais (en toute mégalomanie) : « Moi et la Psychanalyse ». (.) Ce qui me faisait surtout défaut pour me poser en psychologue avertie c'était une qualification ; je n'avais même pas mon bac. Me proclamer compétente par la seule vertu d'une expérience ratée était d'une incroyable prétention. Je me documentais par la lecture mais qui allait prendre au sérieux les intuitions d'une autodidacte ? C'est pourquoi mon premier objectif était de faire des études qualifiantes, validées par un diplôme reconnu. Cela finit par se produire à la cinquantaine : je me retrouvai titulaire d'une maîtrise de Psychologie clinique délivrée par la faculté Paris-V-Sorbonne. Avec cette modeste étiquette, j'allais pouvoir entreprendre ma croisade. (.) À la retraite, aidée par des notes, je rédigeai enfin ce témoignage, mais il ne trouva pas d'éditeur. Il avait des défauts, c'est vrai, mais surtout le clan freudien détenait tous les postes clés dans les collections « sciences humaines » et tenaient les portes fermement closes. J'ai alors pris contact avec les représentants de l'opposition qui s'était formée autour des partisans des thérapies dites « comportementales ». On me conseilla d'étoffer mon travail en parlant plus de moi et surtout de Dolto (.) Cette belle rencontre aurait été beaucoup plus romanesque si j'en étais sortie guérie, mais ça n'a pas été le cas, et mon livre ne peut rejoindre ceux de ses hagiographes. Mais je ne fais pas partie non plus de ses détracteurs radicaux qui vont chercher à cette femme remarquable des griefs jusque dans sa vie privée. L'intérêt, peut-être, de mon travail est cette approche nuancée, subjective bien sûr, mais le seul témoignage de ce genre sur cette personnalité française qui a marqué son époque et fait encore parler d'elle près de trente ans après sa mort.
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