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L'auteur a mis en épigraphe de son texte cette citation tirée de Walden de Thoreau "Quand un homme ne marche pas du même pas que ses compagnons, c'est peut être parce qu'il entend battre un autre tambour". Quel est donc cet étrange bruit de tambour qui s'entend dans cette ville, quand tout d'un coup toute la population noire décide de quitter la ville, sans réel bruit, sans explication. Les blancs de la ville, sur leurs vérandas ou la véranda de l'épicerie les voient passer, avec leurs valises. Que se passe il ? L'histoire et certaines légendes vont alors jaillir et l'auteur nous entraîne dans l'histoire de l'Amérique, de l'esclavage, de l'abolition de l'esclavage, des rapports blancs noirs. Il va nous narrer alors cette histoire du point de vue des blancs et de leur questionnement, certains auront des remords, d'autres peu ou voire pas du tout. Un texte percutant quand je découvre de plus qu'il a été publié en 1962 et qu'il s'agit d'un premier roman. Une fable impitoyable et à lire. Merci encore à picabo river book de m'avoir conseillé ce livre
UN AUTRE TAMBOUR de William Melvin Kelley
Traduit par Lisa Rosenbaum
Éditions Delcourt
UN AUTRE TAMBOUR a été publié pour la première fois en 1962 aux USA puis, après avoir fait scandale, il est tombé aux oubliettes... Mais tel le phénix qui resurgit de ses cendres, il a été réédité en 2019 par les génialissimes éditions Delcourt.
L'histoire se déroule en 1957 dans un état fictif du sud des états-unis. Tucker Caliban, descendant d’un esclave rebelle, quitte la ville après avoir volontairement détruit la totalité de ses biens. Ce départ sert d'exemple à toute la population noire qui partira à son tour en laissant les blancs s'interroger sur l'énigme de cet exode massif.
L'originalité de ce livre est d'être raconté uniquement par les personnages blancs qui assistent à cette "migration". Des blancs bien incapables de comprendre ce soudain refus des afro-américains de continuer à vivre dans des conditions de subordination.
Voilà donc ce qui choqua tant le lecteur blanc et "bien pensant" américain lors de la parution initiale de ce roman : comment un auteur d'origine africaine osait-il penser à la place des blancs ? Car c'est bien connu, ce qui est permis aux blancs est interdit aux auteurs dont la peau est plus foncée... intolérance quand tu nous tient !
Pour en revenir au phénix, un de ses pouvoirs est de lire dans le cœur des hommes et de débusquer ceux dont les intentions sont impures... Et c'est bien ce que fait William Melvin Kelley en décrivant une Amérique blanche qui tient fermement à sa (soi-disant) supériorité morale blanche et sur ce qui en découle : l’hostilité raciale ! Mais il attire également notre attention sur le lien entre l'oppression et la bigoterie.
Ce livre nous propose une étude sans faille de la psyché sud-américaine blanche à l'aube du mouvement des droits civiques et il délivre un message très négatif sur l'évolution des mentalités. 60 ans plus tard, il est toujours d'actualité et, comme c'est un grand livre intemporel, on peut parfaitement le transposer à d'autres crises bien réelles d'aujourd'hui.
Pour en finir avec le phénix, son origine remonterait à l’Egypte antique et serait liée au dieu solaire Râ... Râ étant représenté par un faucon surmonté d’un disque solaire. Et si ce n'est pas un soleil couchant que l'on retrouve sur la couverture, qu'est-ce que c'est ?
UN AUTRE TAMBOUR de William Melvin kelley est un livre essentiel qu'il faut absolument avoir lu au moins une fois dans sa vie.
Je remercie les éditions Delcourt ainsi que le Picabo River Book Club pour cette lecture.
1957. Une petite ville imaginaire, au plus profond du Sud américain, connaît soudain l'exode spontané de toute sa population noire, soit un tiers de ses habitants. Médusés, les blancs observent ce départ massif, déclenché semble-t-il par un certain Tucker Caliban, descendant d'un esclave demeuré dans la légende pour son incoercible refus de la soumission. Tandis que les souvenirs des temps anciens reviennent aux mémoires, chacun réagit en fonction de son vécu, de ses sensibilités politiques et raciales, de ses inquiétudes quant à l'avenir, avec violence pour la majorité, avec un certain bonheur pour quelques-uns, qui avaient un jour rêvé d’un monde plus juste et plus égalitaire entre les communautés noire et blanche.
Cette fable, écrite en 1962 par un Afro-américain, a évidemment une grande portée symbolique : alors que rien ni personne, pas même les organisations politiques noires, ne semblent alors capables de faire reculer la ségrégation raciale, cette histoire fait entendre un autre tambour, celui que chacun est libre d'écouter individuellement au fond de lui-même, pour oser sortir des rangs et agir spontanément, à la mesure de ses moyens. A partir d’un terrible constat d’échec collectif, l’auteur construit un formidable et magnifique message d’espoir, convaincu que le changement pourra venir des multiples petites initiatives individuelles, si modestes soit-elles : ce sont elles qui finiront par modifier la société.
Dotée par ailleurs de grandes qualités littéraires, à commencer par une puissance d'évocation toute cinématographique et un indéniable talent de conteur, cette œuvre engagée appelle chacun à se comporter en homme libre, droit dans ses bottes et fidèle à lui-même, quand, autour, tout n’est qu’aliénation, raciale, ou autre d’ailleurs...
Sutton 1957. Tucker Caliban, descendant d’esclave, détruit ses cultures, tue son cheval et sa vache, brûle sa maison et part sans se retourner avec Bethrah, sont épouse enceinte et leur bébé. Dans les jours qui suivent, la totalité de la population noire va quitter l’état.
Stupéfaits, les blancs tentent de trouver une explication et vont écouter Mr Harper leur narrer l’histoire (ou la légende ?…) de l’Africain, esclave d’une force surhumaine et ancêtre de Tucker Caliban, acheté par Dewitt Willson à New Marsails.
Harry Leland et son fils Harold, âgé de huit ans et surnommé “Monsieur Leland” sont probablement les seuls à Sutton à éprouver une vraie estime pour Tucker Caliban.
Dewey Willson III qui a grandi avec Tucker aimerait comprendre ce qui a pu déclencher ce départ collectif et plonge dans les souvenirs familiaux, non sans un sentiment de culpabilité pour cette vieille histoire de bicyclette …
Et si le prêcheur noir était finalement le coupable ?…
Édité en 1962, on imagine aisément la petite “bombe” littéraire que fut ce texte superbe d’un jeune auteur noir de vingt-quatre ans … Un sobre mais non moins magnifique récit d’un exode programmé afin de tenter de mettre fin à une époque condamnée et condamnable …
L'auteur est décédé en 2017, il a écrit trois livres, c'est "un homme noir écrivant sur le point de vue des blancs". Après ce troisième livre, il n'est plus arrivé à se faire publier, son deuxième roman seras rééditée par les éditions DELCOURT en 2020.
1957, SUTTON, ville imaginaire, un bateau, des esclaves, DEWIT Wilson est très intéressée par un esclave de stature impressionnante, mais l'homme malgré qu'il soit attaché se rebelle et se sauve, Wilson se mets à sa recherche, et quand il le retrouve et le tue et hérite de son bébé : Tucker qui va élever.
J'ai beaucoup aimé ce livre ou on ressent l'atmosphère de cette époque, qui nous semble impensable à notre époque.
Chaque chapitre est représenté par un personnage différent ou l'exode des noirs est vue par la population de la ville, c'est très intéressant, comme cela nous permet de comprendre plusieurs points de vue de la trame.
C'est vraiment une belle fable, ou l'auteur on comprends vite, ne prends ni le parti des noirs, ni le parti des blancs, il est vraiment neutre.
J'ai vraiment apprécié comment il a dépeint les personnages et la façon qui les as reliés, pour faire une véritable histoire, c’était vraiment très intéressant.
Evidemment, on ne peut qu'être émue et bouleversé, à la lecture de ce livre, les temps sont durs, et je n'ai pas pu m'empêcher de penser que ces années étaient extrêmement effroyables et que c'est incroyable que ces hommes et femmes et leurs enfants ont pu vivre cela, sans une aide extérieure.
J'essayerais de me procurer le deuxième livre de cet auteur, car son écriture est très belle, et on s'imprègne très vite du contexte.
Ce roman écrit par un jeune auteur de vingt-trois ans, et publié une première fois en 1962, était plus ou moins tombé dans l’oubli, jusqu’à sa réédition l’année dernière, suivie de cette parution française. Ce roman au ton singulier est situé dans un état imaginaire du sud des États-Unis, entre le Mississippi et l’Alabama, en 1957. Un jour, un groupe d’hommes blancs oisifs observe un camion qui va livrer du sel en grande quantité à Tucker Caliban. C’est un fermier noir, descendant du mythique Africain, esclave de Dewitt Willsson, le général sudiste emblématique de ce état. Ce qu’observent ces hommes, et un jeune garçon surnommé « Monsieur Leland », est particulièrement étrange. Tucker Caliban, laissant derrière lui les ruines fumantes de sa ferme, quitte l’état. D’autres noirs, puis tous les habitants de Sutton prennent leur valise, montent qui à bord de l’autobus, qui dans une voiture, et partent pour une destination inconnue.
Plusieurs points de vue se succèdent au fil du roman, qui, s’il n’est pas très long, n’en est pas moins dense, avec ses voix multiples. Ce sont les blancs qui commentent ce départ, la famille Willson en particulier, qui a toujours entretenu des relations embarrassées avec ses domestiques, relations qu’il est passionnant de voir développées, sans explication psychologique, simplement des faits qui parlent d’eux-mêmes.
C’est un enchantement de lire entre les lignes, de relier les personnages, de comprendre leurs motivations, leurs limites et leurs renoncements. Il y a beaucoup à deviner, à déduire, de phrases ou de paragraphes parfois sibyllins, et la lecture n’en est que plus réjouissante.
J’ai eu du mal à croire à l’âge de l’auteur, tant la construction est maîtrisée et les personnages incarnés, vivants, complexes. J’attendrai avec intérêt un autre de ses romans (il n’en a écrit que quatre) que Delcourt publiera en 2020. Celui-ci m’a rappelé le roman beaucoup plus récent La route de nuit de Laird Hunt, l’un comme l’autre continuent leur chemin après lecture, au lieu de s’évaporer comme bien d’autres. Un achat de rentrée qui correspond parfaitement à mes attentes !
avec les extraits : https://lettresexpres.wordpress.com/2019/09/26/william-melvin-kelley-un-autre-tambour/
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