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Un coin perdu du sud de la France, entre la mer et la montagne. Antoine, nouveau garde-malade, vient au chevet de Rosa, vieille femme fatiguée, usée par la vie. Dans un paysage idyllique, c'est pourtant Haïti qui est au coeur de ce roman où les dialogues prennent des allures de soliloques et où les procès n'ont pas lieu devant un jury. Implacablement, Marie-Célie provoque des rencontres entre un bourreau et sa victime, entre une femme et un homme, un tête-à-tête d'où personne ne sortira indemne. Des années après la mort du dictateur, les blessures sont toujours aussi vives. Pour les panser, certains ont choisi l'exil, d'autres, l'oubli. Chaque fois, il faut partir, partir pour un ailleurs qui est souvent soi. Mais la mémoire veille, brûlante. Alors, il faut parler, dire la douleur, retrouver les mots. C'est ce que fera Antoine, espérant enfin trouver la paix au terme d'une longue errance.
Marie-Célie Agnant a une écriture ciselée, elle met les mots en dentelle. Les abîmes de l'être humain sont mis en scène et racontés par touches successives. Les rapports complexes entre bourreau et victime, ici sous la dictature des Duvaliers, mais aussi dans n'importe quel lieu sur terre, trouvent un dénouement inattendu.
Antoine, une victime du règne des Duvalier, retrouve une tortionnaire ayant pris sa retraite et vivant en France. La première partie du roman traite de cet homme usé par son passé qu'il se remémore continuellement. Son repos, il ne le trouvera que lorsque Rosa aura confessé ou avoué ses crimes. Antoine frise la folie.
La deuxième partie du roman traite de Laura, enfant recueillie par Rosa, qui relate à Antoine son passé. Elle aussi aura la sensation de devenir folle, et c'est ensemble qu'ils trouvent un dénouement pour essayer de refaire surface.
L'auteure nous transporte pendant ces années difficiles qu'aura connu Haïti à travers le passé de trois personnages, des victimes et leur bourreau. Un face à faceoù se mêle folie et tragédie.
Une oeuvre que j'ai dévoré. Les personnages sont très attachants, et nous nous retrouvons à haïr cette Rosa, cet alligator, à vouloir pousser Antoine et Laura vers l'avant. Une écriture travaillée et très fluide, nous narrant des horreurs de manière simple, sans faire dans le sensationnel. L'auteure nous livre une belle fiction, un beau témoignage de ces années de peur et de ces victimes qui ont survécu, et qui survivent aujourd'hui, toujours, dans de douloureux souvenirs. Un beau livre.
Ce roman est basé sur les différents témoignages des victimes de la dictature de François Duvalier. Certains passages peuvent être choquant, et je pense, rendent bien compte de la cruauté de ce régime. On ressort de cette lecture en ayant envie d'en découvrir un peu plus sur Haïti et son histoire.
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