"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Voilà l'été. Berthe Morisot, peintre impressionniste, et Eugène Manet, son mari affable, quittent Paris pour une partie de campagne. Ils posent valises et chevalet dans une maison champêtre, havre d'une douceur estivale propice à toutes sortes d'expérimentations nocturnes.
Dans ce roman formant un diptyque avec Trois jours dans la vie de Paul Cézanne, Mika Biermann confond allègrement mots et couleurs, phrases et perspectives, écriture et peinture.
De ces pages, comme d'autant de toiles, surgissent des méditations corrosives sur la chair comme matière à peindre.
Berthe Morisot et son mari Eugène Manet, frère de ..., partent en train pour leur campagne « L’été a peigné le blé. Les forêts enferment les ombres derrière les barreaux de leurs troncs. Un troupeau de brebis soulève la poussière du chemin ; on ne voit pas le berger. »
Bien sûr, elle a apporté des toiles avec elle. Là-bas, elle peint mais pas que.
Berthe Morisot est une femme sensuelle et son mari un peu trop timide sur ce plan. Mika Biermann dresse un tableau impressionniste, par touches, de la partie de campagne. Certains jugeront qu’il y a trop de sexe dans ce court roman où Une Berthe Morisot sensuelle, libre, épanouie apparaît.
La peinture est, pour moi, un acte sensuel. Coucher sur la toile un paysage n’est pas neutre il y a la personnalité du peintre (tiens, au fait, comment féminise-t-on ce mot?), les doigts, la main qui actionnent le pinceau glissant sur la toile pour répondre au désir, à la poussée créative, la colère, la frustration lorsque cela ne va pas. C’est aussi un général qui part à la bataille « Sur la palette les couleurs se font la guerre, des hordes de soldats se rentrent dedans, ça saigne. L’artiste se sent l’âme d’un général. Elle commandera au temps et aux choses. »
Les phrases sont courtes, condensées, vives, le ton est joyeux ; pourtant la nuit amène plus de réflexions. Mika Biermann m’a offert une Berthe Morisot diablement vivante et libre et donne à voire ce qu’était être une femme et une peintre en même temps dans ce XIXème siècle corseté. La rencontre avec le curé et le maire est une belle photo de l’époque. Les deux hommes ne s’adressent qu’à Eugène Manet et l’ignore complètement, voire pire.
Un livre très (trop) court qui se lit rapidement et j’y ai pris grand plaisir…. Berthe, je vous retrouve au musée d’Orsay lorsque j’aurai le courage de monter à Paris et je regarderai vos tableaux avec un œil qui frise !
Chroniqué et apprécié un précédent livre de Mika Biermann : Booming
https://zazymut.over-blog.com/2021/12/mika-biermann-trois-nuits-dans-la-vie-de-berthe-morisot.html
De Berthe Morisot je connais et j’aime la peinture. L’impressionnisme est sans nul doute le courant pictural qui me touche le plus et si vous saviez comme j’aime passer mes journées au Musée d’Orsay lorsque je profite d’un séjour à Paris !
Trois nuits dans la vie de Berthe Morisot par Biermann
Alors lorsque la librairie Privat a sélectionné ce récit pour le prix des lecteurs Privat, je ne pouvais être que ravie.
Pendant trois journées et trois nuits, Berthe et Eugène, le frère du célèbre Edouard Manet, partent profiter de la campagne. Elle sort chevalet et pinceaux et peint. Mais la peinture n’est pas tout, Berthe est aussi une femme, une femme de désirs dont le mari est bien timide à cet égard. Mais la peinture n’est pas que de l’observation, c’est aussi l’éveil des sens et Mika Biermann nous montre l’importance du désir pour cette peintre.
Certains jugeront que l’aspect sensuel de ce court récit n’est que peu en relation avec la peinture impressionniste mais pensons au Déjeuner sur l’herbe ! Ce que j’ai aimé dans ce récit, c’est non seulement l’importance accordée aux sens pour faire naître l’art mais aussi ces subtiles descriptions des tableaux de Berthe Morisot au creux des pages. En refermant le récit de Mika Biermann, j’ai replongé avec délice dans les peintures de Berthe Morisot et dans les tableaux impressionnistes en général et mon désir de retrouver le Musée d’Orsay s’est fait un peu plus fort.
En résumé : les libraires de Privat font toujours une bonne sélection !
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