"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans ce recueil de huit nouvelles, Petros Markaris nous promène dans le temps et dans l'espace, de la Grèce contemporaine à celle des colonels, de l'Allemagne d'aujourd'hui à celle de 1944, d'Athènes à Istanbul durant les pogroms visant la communauté grecque. Le lecteur retrouve l'hypersensibilité de l'auteur à la question des migrants et de « l'étranger », le dégoût du nationalisme, l'analyse subtile des relations complexes entre Grecs et Turcs tantôt oppresseurs, tantôt opprimés. Et les effets durables de la crise sur la population.
Au fil des énigmes, des investigations, des cadavres exhumés, Petros Markaris déploie tout son registre, du tragique abordé avec pudeur au rire franc en passant par le sarcasme et le sourire en coin.
En fustigeant l'état de la société à travers des enquêtes criminelles, il démontre une fois de plus ses talents de conteur, d'observateur attentif de son époque, de commentateur incisif et lucide. Sans jamais se défaire de son empathie pour ses personnages.
Traduit du grec par Loïc Marcou, Michel Volkovitch et Hélène Zervas.
J'ai découvert en préparant, bien en amont, le mois des nouvelles, que l'auteur de romans policiers grec Petros Markaris avait aussi publié des nouvelles. J'ai beaucoup aimé le ton et l'ambiance des quelques romans que j'ai lus, c'est donc parti pour une autre facette de son oeuvre.
Avec « L'assassinat d'un Immortel », on entre immédiatement dans le vif du sujet, avec l'humour habituel aux romans de l'auteur grec, et son personnage de policier fétiche. Il s'agit donc d'une nouvelle policière au sens premier du terme, avec enquête et résolution finale. C'est bien ficelé, et décrit avec malice le monde littéraire grec.
Changement de décor avec « En terrain connu » où nous suivons en Allemagne un policier turc, puis direction Istanbul pour « Trois jours » qui permet d'avoir un aperçu de l'histoire grecque, en particulier de ses relations conflictuelles avec la Turquie, au travers de trois journées de 1955. C'est là que j'ai appris que Petros Markaris était né à Istanbul, au sein d'une importante communauté grecque : il évoque fort bien les habitants de ce quartier et ces journées particulières, c'est la nouvelle la plus longue et ma préférée.
« le cadavre et le puits » est une nouvelle courte et pleine de malice.
« Ulysse vieillit seul » reprend un personnage de Grec né dans la Ville, c'est-à-dire Istanbul, jamais nommée, et qui retourne y finir sa vie.
« L'arc de Pompéi » évoque les immigrés et le père Ioannis qui leur vient en aide.
« Tentative tardive » raconte la journée d'un couple d'Allemands en juillet 1944 et enfin, « Crimes et poèmes » revient à Athènes pour un meurtre dans le monde du cinéma, bouclant le périple commencé dans des décors un peu semblables.
J'ai bien aimé ces huit textes, variés et agréables à lire, toujours avec une connotation policière, et j'imagine qu'ils plairont davantage à celles et ceux qui comme moi, connaissent déjà l'auteur, ou alors à ceux que l'histoire des Grecs d'Istanbul intéresse, puisque c'est un aspect qui revient dans plusieurs nouvelles, et qui est tout à fait passionnant.
Fan de Petros Markaris depuis 2001 et son" Journal de la nuit", j'ai lu depuis tous ses romans ... et j'ai eu la chance de le rencontrer, en octobre 2018, à la médiathèque du village voisin où il avait été invité dans le cadre du festival Polars du sud.
Ce jour-là, il avait évoqué ce recueil de nouvelles qui allait bientôt sortir en France, et qui traiterait de sujets qui lui tiennent à cœur.
J'ai donc eu la surprise d'y retrouver le Commissaire Charitos menant l'enquête dans deux de ces nouvelles, la première concernant l'enquête sur le décès d'un écrivain postulant à l'Académie d'Athènes.
Mais on quitte très vite la Grèce pour l'Allemagne où un policier turc donne un coup de main à ses anciens collègues allemands pour retrouver l'assassin d'un ami de son père ...
On remonte le temps pour partir à Istanbul, la Ville comme il l'écrit, car il ne faut pas la nommer, tant le souvenir de l'exil est lourd !
On découvre les difficultés de cohabitation entre Grecs et Turcs dans l'Istanbul des années 20, la deuxième guerre mondiale et ses compromissions, mais aussi comme je l'ai appris dans la nouvelle qui a donné son nom au recueil 'Trois jours', le 'pogrom' de 1955, et les débuts de la crise chypriote, qui a vu la destruction de magasins et des biens des Grecs et a provoqué une nouvelle vague d'exil
Petros Markaris sait bien nous parler de la Grèce d'aujourd'hui, d'Athènes et des femmes ... Avec ce recueil, il a livré des pans de son histoire personnelle et nous montre d'autres facettes de son talent
Vivement son prochain opus !
Je n’avais rien lu de cet auteur mais je me suis laissée embarquée dans ce recueil de huit nouvelles.
Tout d’abord je tiens à remercier les Éditions Points et la Masse Critique “mauvais genre” de Babelio pour ce joli cadeau !
- Un écrivain grec retrouvé assassiné chez lui, peu avant l’annonce de la nomination du prochain académicien …
- Un travailleur turc prend sa retraite en Allemagne - son pays d’adoption - et révèle à son fils que son voisin et ami (turc lui aussi) vient de se faire tuer …
- Un vendeur de tissus - d’origine grec - traverse les trois terribles jours (5-6-7 septembre 1955) d’émeutes à Istanbul après l’attentat de l’Ataturk à Thessalonique …
- Un cadavre laissé à proximité d’un puits (en périphérie d’Athènes) intrigue la police, mais attention : ne pas toujours se fier aux apparences ! …
- Un marchand d’oreillers - d’origine turque - qui voudrait quitter la Grèce et retourner mourir dans son pays, mais ne se résout vraiment pas à abandonner ses chats …
- Un prêtre grec qui collecte des vêtements pour les émigrés va se retrouver aux prises avec un “comité d’action” raciste …
- Le 20 juillet 1944, un couple d’allemands écoute à la radio le discours d’Hitler, après un attentat sur sa personne malheureusement raté …
- “Pensées philosophiques” d’un commissaire de police grec sur la scène de crime d’un metteur en scène …
Petros Markaris, écrivain grec talentueux et engagé, nous régale avec huit - courtes mais non moins savoureuses - nouvelles policières, que l’on prend grand plaisir à lire !
Un auteur que j’affectionne particulièrement !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !