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Comment apprend-on à se construire dans les années soixante-dix, à la campagne, quand on est une jeune femme attirée par d'autres femmes ? À l'époque, Danièle est mariée, élève ses trois enfants. Une vie conforme aux attentes de sa famille. Seule la littérature lui ouvre d'autres horizons. Sa rencontre avec Mia la foudroie. Mais comment s'assurer que ses sentiments sont réciproques ? Du souvenir de cette passion resurgissent, comme de poupées russes, d'autres visages : ceux de Frankie, adolescente qui fut son premier coup de foudre sur les bancs de l'école, puis de Linda, dont elle tomba amoureuse à la veille de son mariage.
Trois amours de ma jeunesse est le récit autobiographique d'une éducation sentimentale tourmentée. Danièle Saint-Bois s'y livre comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Dans ce travail d'archéologie intime, écrit avec les tripes, on retrouve son style plein de fougue et sa colère envers une époque qui lui a volé, chaque fois, la possibilité d'aimer et d'être aimée.
La narratrice reçoit un coup de téléphone lui annonçant la mort d'une femme qu'elle connût à vingt-six et qui menaça l'équilibre précaire dans laquelle se maintenait sa vie de mère de famille de trois enfants. Elle nous livre alors ses souvenirs de jeunesse, ceux liés à trois jeunes femmes qui l'ont pour le moins troublée, trois histoires avec des points communs souvent dus à la personnalité de la narratrice mais avec des différences liées aux profils des trois jeunes filles : Frankie qui va s'affirmer comme une femme uniquement attirée par des femmes, Linda avec qui elle vivra une correspondance passionnée et Mia, l'ado rebelle.
Ainsi donc les filles étaient des pièges, les yeux des filles, le sourire des filles, l'amour des filles, le corps des filles. Comment s'en sortir? Pouvait-on guérir? Etait-ce dangereux, contagieux, héroïque?
On le comprend vite même sans connaître Danièle Saint-Bois, ce n'est pas un roman mais un récit autobiographique et dans ce livre plus que dans d'autres autofictions, le mot roman écrit en rouge sur la couverture m'a gênée parce que, si j'ai eu l'impression d'assister à l'éveil sentimental d'une jeune fille qui ne savait même pas que l'homosexualité existait, si j'ai été touchée par le récit de la pauvreté dans laquelle elle vivait, j'ai aussi été gênée par ce qui me semblait être un règlement de comptes, notamment à l'égard de Frankie. Danièle Saint-Bois se targue dans un passage d'avoir déjà écrit son histoire en utilisant les vrais prénoms des protagonistes de ses amours de jeunesse, sauf celui de Mia. Je pense que ces trois histoires auraient mérité d'être romancées, pour m'éviter de me sentir prise au piège de sentiments presque haineux. J'ai tendance à penser qu'à quelques exceptions près, nous sommes responsables de nos vies et de nos choix, qu'on ne rencontre pas les gens au mauvais moment si on en envie que ce soit le bon. Ce qui m'a sans doute le plus intéressée dans ce "roman", ce sont les mystères de la mémoire, qui ne cessent de me fasciner. Il semble que la narratrice se souvienne davantage de ce qui ne fut pas que de ce qui fut concernant ses amours, jusqu'à ce qu'une lettre retrouvée lui rappelle que l'émotion fut partagée.
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