"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dany Laferrière était présent à Haïti lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010. .
Il témoigne ici, en courts paragraphes titrés de ce qu’il a vécu et ressenti en ces jours terribles.
Pas d’humour, pas de poésie cette fois, il se contente de relater ce qu’il voit dans son pays dévasté une nouvelle fois.
C’est un constat presque sec mais qui remue malgré tout.
L’attachement de l’auteur pour son pays est tangible. Pays si souvent frappé par la violence.
Dany Laferriere nous fait partager la vie des Haïtiens au lendemain du séisme de janvier 2010. La beauté de l’écriture de Dany Laferriere est à l’image et à la hauteur de la dignité des Haïtiens face à leurs traumatismes. On pourrait penser qu’Haïti est un pays maudit qui a perdu tous ses repères, ses maisons, ses églises, son gouvernement et ses frontières.
Il y aura un avant et un après. Même la notion de temps a changé. On évite de penser à la réalité. On continue son chemin comme si le drame n’avait duré qu’une minute. Mais après l’heure de l’acceptation, vienT celle plus difficile de devoir surmonter cette épreuve, ce malheur à la fois individuel et collectif.
Plus rien ne choque même pas le fait de transformer Haïti en plateau de téléréalité.
On parle de révolution possible voire de reconstruction pour la première fois : tous les espoirs sont permis et les challenges deviennent des paris.
Tout bouge autour de moi est un témoignage réussi à la beauté aussi rare qu’effrayante.
Dany Laferrière est cet écrivain haïtien à la noble et mâle figure qui est venu nous dire de sa chaude voix rocailleuse à nous Francophones, qu’il fallait éradiquer de notre pensée l’idée de malédiction – « Qu’a fait de mal ce pays pour mériter d’être maudit ? », et de notre vocabulaire l’expression année-zéro – « On devrait savoir, avec le temps, qu’on efface pas aussi facilement la mémoire d’un peuple. » 12 janvier 16h53, alias « Ça », puis « La chose » puis « Goudougoudou », Dany Laferrière à Port-au-Prince, à Montréal (son lieu exil) et retour au pays, carnet noir à la main : il saisit le vif, il croque la mort, des faits et des paroles minuscules, des émotions et des sentiments énormes. Et voici le recueil de ses notes, de courtes virgules dans l’interstice des images en continu – «[…] Port-au-Prince est devenu un immense plateau de télé. ». Elles disent le malheur, l’angoisse, la fraternité, la prière, la dignité, l’énergie, la vie – « Ces gens sont tellement habitués à chercher la vie dans des conditions difficiles qu’ils porteront l’espérance jusqu’en enfer. », « [La] petite fille qui, la nuit du séisme, s’inquiétait à savoir s’il y avait classe demain. » –, l’humour (« Il aura fallu un tremblement de terre pour que j’accepte de partager une mangue. »), l’admiration envers ce peuple debout qui a la culture pour colonne vertébrale. Peintres, musiciens, danseurs, conteurs, poètes, écrivains… Dany Laferrière est un magnifique porte-parole, pudique aigu et poignant dans ce livre qui grandit la littérature.
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