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Événement littéraire aux États-Unis, Tous nos noms est sans doute le livre le plus ambitieux de l'auteur des Belles choses que porte le ciel. Roman de la maturité, où l'évocation d'une amitié mise à mal par l'Histoire se confond avec le portrait d'un continent déchiré, il pousse plus loin encore l'exploration de l'exil et du déracinement.Isaac, un jeune Africain, est venu aux États-Unis dans le cadre d'un programme d'échange universitaire. Ni Helen, la jeune assistante sociale qui tombe amoureuse de lui, ni le lecteur ne connaissent son vrai nom : il l'a laissé derrière lui, en Ouganda, avec les promesses d'une révolution réprimée dans le sang par la future dictature, abandonnant aussi son ami le plus cher.Du chaos de l'Afrique à la solitude du Midwest, dans une Amérique déchirée entre la guerre du Vietnam et la lutte pour les droits civiques, l'écriture intimiste et mélancolique de Dinaw Mengestu, mêlant les voix d'Helen et d'Isaac, saisit les paradoxes de l'Histoire et de la nature humaine avec une force et une intelligence peu communes. « Un roman étincelant, profondément émouvant. » The New York Times
J'ai adoré !
Ma chronique par ici: http://elodiebooks.blogspot.fr/2015/11/chronique-n23-tous-nos-noms-de-dinaw.html
http://alombredunoyer.com/2016/01/07/tous-nos-noms-dinaw-mengestu/
Puissant et émotionnel, ce roman polyphonique se lit très vite, se dévore même au travers de deux histoires, deux regards (Helen et Isaac). Une fois entamée, il est réellement impossible de le lâcher. Grâce à l'alternance des deux points de vue qui donne une dimension universelle au récit, cet ouvrage est un vrai "page-turner" très agréable à lire.
Le premier, celui de Isaac, raconte la quête identitaire, la guerre civile, le besoin de libération, son combat pour une vie meilleure en Ouganda...avant l'exil. Ce jeune homme est très mystérieux, change de prénom au fil des pages avant d'adopter finalement celui de son meilleur ami qu'il laisse derrière lui en Afrique.
"Je suis allé à Addis-Abeba, j'ai pris une dizaine de cars différents pour atteindre le Kenya, puis l'Ouganda. En arrivant à Kampala, je n'étais plus personne ; c'était exactement ce que je voulais."
L'autre, celui de Helen, narre donc le après: celui de l'immigration, le souhait de renouveau, d'intégration, des regards de gêne, de racisme... mais aussi d'amour.
Isaac rencontre Helen quand il arrive aux Etats-Unis. Cette dernière, assistante sociale, s'occupe de lui et en tombe follement amoureuse.
"En temps normal, je me serais tenue à bonne distance d’une catastrophe naturelle d’une telle ampleur et des complications infinies qu’elle entraînait - logements détruits, récoltes dévastées et ouvriers au chômage technique -, mais quand David chercha une bonne âme pour prêter main-forte à un autre organisme d’aide humanitaire, je fus la première à me proposer. Moi qui croyais avoir perdu l’énergie nécessaire pour affronter ce genre de corvée, je découvris que ce n’était pas vrai. Je m’étais simplement relâchée. J’ignorais encore qu’aimer et se sentir aimée constitue un excellent exercice pour le cœur, l’indispensable musculation pour ne pas se condamner à vivoter. Quand j’annonçai à Isaac que j’allais intervenir dans les zones sinistrées que nous avions vues tous les soirs aux informations, il eut peur que cela ne soit trop pénible. Il me voyait déjà charrier des sacs sur une digue".
L'écriture en elle-même n'a rien de surprenant... et pourtant quelle beauté, quelle force, quelle subtilité, quelle profondeur ! Elle exprime énormément d'émotions, de tristesse. Elle mérite d'être saluée, c'est le gros point fort du roman pour moi.
Les chapitres sont pour la plupart courts, donc vite parcourus, mais toujours très intéressants. Pour garder l'attention et l'attrait du lecteur, l'auteur utilise tous les procédés à sa disposition: de l'empathie, beaucoup de poésie, de l'amour, et de fréquentes successions de dialogues.
Les personnages sont marquants, attachants, profondément humains. Ils sont surtout crédibles. Plus on avance dans l'intrigue, plus l'émotion va crescendo et plus l'intérêt du lecteur croit.
Les deux derniers chapitres menant au dénouement atteignent un degré de puissance maximal et amène l'émotion à son paroxysme. A elle seule, la dernière phrase du livre résume l'état d'esprit et la vie d'Isaac...
"La dernière page, datée du jour où j’ai quitté ce village, que j’ai lue et relue pendant le trajet jusqu’au Kenya, et à nouveau à bord de l’avion qui m’emmenait en Amérique, que j’ai déchirée et placée au milieu du passeport qu’il m’avait donné, cette phrase que j’ai relue encore après avoir quitté Helen dans une rue de Chicago, et que je venais de lui dire avant qu’elle ne parte en promettant de revenir :
«Deux êtres ne se seront jamais aimés autant que nous.»"
Roman d'amour, roman intime, roman identitaire, roman de la reconstruction... Tous nos noms est un livre fort, merveilleusement écrit et parfaitement maitrisé. Ce fut une très belle découverte dont je vous conseille fortement la lecture.
5/5 COUP DE COEUR!
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