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Frédéric Marais s’inspire librement du parcours d’Eugène Criqui, gueule cassée devenue champion du monde de boxe. En tirant ce fil, avec des phrases courtes, l’auteur ne se perd dans son histoire ou dans la psychologie de son personnage. Il se concentre sur le corps, sur la force d’un homme marqué à jamais par l’Histoire et décidé à écrire la sienne. Frédéric Marais construit tout un univers graphiques très fort, basé sur des contrastes intenses et une palette de couleurs réduites.
Chaque illustration occupe toute la page, confrontant le lecteur au personnage, à la violence et au décor. La lumière joue un très grand rôle dans la compréhension de ces images. Là où le visage et le corps d’Eugène sont en lumière directe dans les premières pages, une fois passé le choc de la guerre, l’ombre apparaît, d’abord sur l’infirmière puis sur le visage en plan serré d’Eugène. La lumière apporte alors de la consistance aux matières, aux corps et aux personnages. Il y a une complexité qui surgit de ce traitement graphique et pose l’envie, le désir, la volonté qui habitent cet homme fracassé. Sans jamais montrer les horreurs de la guerre et les blessures du corps, Frédéric Marais trouve une manière de faire comprendre son sujet et de pointer la force contenue chez certaines personnes. Il ne réduit pas cela par des phrases et laisse le lecteur accepter le mystère d’Eugène tout en admirant sa détermination exceptionnelle.
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