"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour éviter le scandale et protéger les intérêts de leur fille, Bernard Desqueyroux, que sa femme Thérèse a tenté d'empoisonner, dépose de telle sorte qu'elle bénéficie d'un non-lieu.
Enfermée dans sa chambre, Thérèse tombe dans une prostration si complète que son mari, effrayé, ne sait plus quelle décision prendre. Doit-il lui rendre sa liberté ?
Lorsque j’avais 16 ans, j’avais à lire ce roman pour mon cours de français et j’ai un souvenir d’ennui profond. Je n’avais pas été touchée par ce roman, peut-être justement parce que je n’avais pas cette vision d’adulte et que les conventions sociales ont bien évoluées depuis la publication du roman.
C’est avec mes yeux d’adultes que j’ai relu ce roman et j’en ai une toute autre interprétation. Bien sûr, les conventions sociales ont évolué et la place de la femme a grandement évolué depuis l’écriture du roman. Le recours au mariage arrangé n’est plus systématique, loin de là et le recours au divorce est légion de nos jours. Thérèse Desqueyroux de nos jours aurait pu éviter d’en venir à tenter d’empoisonner son mari pour se débarrasser de lui.
Ce qui reste probable de nos jours, c’est que le paraître et la réputation familiale à tenir face à autrui sont toujours d’actualité. Et ce sont bien là 2 aspects qui sont tenaces et qui peuvent amener à de terribles situations.
Thérèse Desqueyroux s’est mariée par convenance parce qu’il le fallait et qu’elle s’est résignée à suivre ce qu’on attendait d’elle. Mais très vite, elle s’aperçoit que cette situation ne lui plaît pas car son mari semble ne pas s’enquérir de son bonheur et considère Thérèse comme un faire valoir.
Elle a toujours été un peu en recul de ce qui lui arrivait, même avant son mariage. Elle semble ne pas vivre pleinement sa vie et la vivre tout du moins par procuration, du point de vue de sa meilleure amie, Anne. Celle-ci rêve de rencontrer l’amour et se marier mais elle aussi va devoir se ranger et finit par se marier, sans amour.
Thérèse finit par tenter d’empoisonner son mari, qui n’y succombera pas. En revanche, Thérèse est arrêtée et pour sauver les apparences et la réputation familiale, notamment le père de Thérèse, son mari va témoigner en faveur de sa femme. Elle va donc être libéré.
Loin de reconnaître ses torts, son mari ne va pas prendre le parti de reconsidérer la situation et de prendre sa part de responsabilité.
J’ai du mal à reconnaître les torts de Thérèse, même si bien évidemment, en venir à ces extrémités, c’est loin d’être anodin. Néanmoins, l’auteur arrive tellement à nous rendre compte de la prison dans laquelle s’est enfermée Thérèse au sein de sa famille, que j’ai du mal à lui donner tous les torts. Thérèse est à la fois victime et coupable en même temps de s’être laissée enfermée, car elle ne s’est pas révoltée, ou tout au moins, elle ne semble pas avoir voulu réellement faire comprendre à son mari son mal-être. On a comme l’impression que son mari finirait par le comprendre et qu’il en tirerait lui-même les conséquences.
C’est donc un roman sombre, oppressant et en même temps terriblement réaliste. La pression monte, le lecteur se demande comment cette histoire peut se terminer. Les descriptions rajoutent à cette ambiance terrible, notamment lorsque Thérèse est libérée par le juge et qu’elle se remémore son passé, qu’elle prépare son discours face à son mari pour se justifier de son acte. J’ai beaucoup aimé ce roman et cette fin est parfaite. A lire !
Lorsque je lis F.Mauriac, j'ai l'impression de me couvrir d'un voile noir qui peserait une tonne ! Sa plume est lourde, tellement lourde que je suis fatiguée de le lire ... J'avais déjà ressenti ça avec " le baiser au lépreux " mais l'histoire est tellement noire que j'ai cru que ce sentiment venait de là : cet homme si laid qu'il se fait peur à lui-même. Ici l'histoire n'est pas moins noire mais le synopsis de départ me plaisait bien : Une femme qui tente d'empoisonner son mari et qui s'en sort avec un non-lieu pour éviter le scandale et ainsi sauver leur nom de famille ... Oui, bon je n'ai pas du tout ressenti ce que j'aurais dû ressentir ! Au contraire avec l'auteur, j'ai comme cette impression de "tiens toi bien à table ! " , " as tu fait ta prière avant de dormir ? " ... Tout dans le paraître mais aucun sentiment ! C'est froid, c'est lourd, c'est trop austère pour moi ... Ce livre est donc le dernier que j'ai lu de cet auteur, je ne le lirai plus ! Tant pis
Thérése Desqueyroux obtient un non lieu après avoir tenté d'empoisonner son mari. Il faut sauver les apparences dans ce milieu bourgeois alors mieux vaut étouffer l’affaire. Mais en sortant du tribunal, Thérèse retourne auprès de ce mari qu’elle a tenté d’empoisonner.
Sur le trajet, elle repense à son enfance, à son mariage, la manière dont elle a été happée par sa belle famille, la maternité.
C’est un roman très amère qui nous embarque dans les pensées d’une femme qui aurait aimé être libre, qui aspire à beaucoup de choses dont l’amour mais dont les devoirs l’ont rendu prisonnière d’une vie dans laquelle on lui demande de s’effacer, de renoncer à toute volonté propre pour être à la hauteur de son mari.
Un bon moment de lecture
Je ne connaissais François Mauriac que de nom et je peux dire que si ma première rencontre avec l'auteur ne fut pas une catastrophe, elle ne fut pas non plus une grande réussite, un peu comme un premier rendez-vous ni franchement loupé, ni réellement réussi, quand on ne sait pas trop si on laissera une seconde chance ou pas à l'autre de nous séduire (et de mon côté, lorsque j'hésitais, au final, la réponse a toujours été "j'aurais mieux fait de m'abstenir").
Je partais pourtant avec un a priori plutôt favorable, ayant très envie de découvrir Thérèse Desqueyroux. Forcément, je ne crois pas être la seule, le titre me faisait penser à Thérèse Raquin, d'autant que le sujet, dans une certaine mesure, s'avérait similaire. Une femme qui tue ou tente de tuer son époux. Mais la comparaison s'arrêtera là. Je trouve d'ailleurs qu'ici, l'héroïne se rapproche davantage de l'Emma Bovary de Flaubert que de la Thérèse de Zola. Et encore, j'éprouve une certaine tendresse pour Emma Bovary que je n'ai absolument pas pour l'héroïne de Mauriac, mais ça, c'est une autre histoire.
Je suis passée par plusieurs phases avec ce livre. Alors qu'il est pourtant très court (moins de 200 pages dans mon édition), j'ai réussi, parfois, à m'y ennuyer, pour, la page d'après, reprendre plaisir à l'intrigue voulant savoir le pourquoi du comment. Mais à ce sujet aussi, j'ai fini déçue.
L'écriture de François Mauriac, je l'avoue, ne m'a pas embarquée non plus. Je l'ai trouvée très "datée", dans ce roman en tout cas, ne faisant donc pas de lui, à mon humble avis et selon mes critères, une oeuvre intemporelle - contrairement, étonnamment, à la Thérèse de Zola par exemple, pourtant écrit bien plus tôt. Néanmoins, je dois admettre quelques fulgurances littéraires au détour de certaines phrases.
En résumé, sur la couverture de mon bouquin (une vieille édition trouvée chez mon bouquiniste, vous savez un de ces anciens romans du livre de poche), il est inscrit que Thérèse Desqueyroux est estimé, selon de grands auteurs, comme l'un des douze meilleurs romans du demi-siècle. Je ne vais pas explicitement contredire ces grands écrivains, oh et puis si finalement, un roman appartenant aussi finalement à ses lecteurs, mais selon moi, il en est loin, je n'ose imaginer qu'il n'existe pas douze autres romans, écrits entre 1900 et 1950, bien meilleurs que celui-ci.
Lu en février 2021
D'habitude j'ai du mal à lire les classiques, les trouvant souvent difficiles à lire et à comprendre. Mais il s'avère que le roman de Mauriac m'a bcp plu.
J'ai trouvé que ce roman était facile à lire, ayant une syntaxe légère et un vocabulaire accessible.
J'ai particulièrement aimé le fait que l'auteur aborde la condition de la femme dans les années 1900, et son rôle en tant qu'épouse, de bourgeoise provinciale.
Je trouve que l'auteur est audacieux d'avoir eu le courage d'exposer une femme singulière, qui remet en cause l'existence individuelle à cette époque et la place des femmes.
En somme ce fût une lecture agréable et enrichissante car j'ai découvert que la femme n'avait pas beaucoup de droits à cette époque et une liberté d'expression quasi nulle.
Le statut de la femme fut et reste toujours difficile dans nos sociétés, car on se bat encore aujourd'hui pour se faire respecter auprès des hommes.
Quelle plume ce Mauriac! Et quel esprit! Si je n'ai pu tout à fait m'attacher au personnage de Thérèse, qui bien que profondément humain et complexe est aussi criminel, je me suis en revanche totalement éprise de son créateur tant sa prose et ses idées m'ont touchées au coeur à de nombreuses reprises!
Sur le fond du récit de vie de la tour à tour cruelle et victime Thérèse Desqueyroux, c'est une mine de réflexions sur l'amour, le mariage, la famille, le poids des traditions, la religion et tant d'autres sujets porteurs que nous livre François Mauriac. Et comme sa finesse et son intelligence vont de pair avec une poésie certaine, c'est un vrai régal que de pouvoir le lire.
Pas tant pour l'histoire qu'il raconte que pour toute les histoires qu'il éveille en nous, je recommande chaudement ce roman qui, comme tous les grands, même si il se situe à une époque et en un lieu donnés, mérite bien sa place parmi les classiques tant les thèmes abordés sont éternels...
Portrait d'une femme qui a tenté d'empoisonner son mari. F. Mauriac fait vivre l'héroïne à travers un monologue intérieur par lequel elle tente d'expliquer son geste, autant pour son mari, qu'elle va retrouver, que pour elle-même. Se côtoient, alors, passé, présent et avenir. Un voyage au coeur de l'âme, et un regard sur soi sans concession de la part de Thérèse. Dans la dernière partie, l'auteur revient au récit classique pour décrire la séquestration de Thérèse, et l'épilogue. L'atmosphère du livre est sombre et étouffante, on n'en ressort pas indifférent. Mais plus important encore, ce livre nous questionne, car, avant-tout, il est le plaidoyer d'une femme qui, prisonnière de sa vie, a voulu, par son geste, être libre.
A l'origine inspiré d'un fait divers : une femme tentant d'empoisonner son mari. Il part donc de cette base pour nous fignoler un portrait, tout en finesse psychologique, d'une femme mariée par intérêt à un homme qu'elle n'aime pas, d'où la tentative d'empoisonnement qu'elle n'arrive à se l'expliquer elle-même.
Le style précieux de Mauriac en est aussi admirable et embrasse à la perfection le rythme indolent d'une province fortement imprégnée, comme de coutume dans les années 1930, de catholicisme.
Thérèse Desqueyroux restera pour moi à jamais l'un des portraits de femme dans la littérature les plus saisissants qui soient, un peu à l'image de l'Albertine de Proust.
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