Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Dans un futur très lointain, les hommes et les femmes ont quitté la Terre, après l'avoir vidée de toutes ressources. Ne sont restés que les animaux qui ont réappris à vivre en harmonie les uns avec les autres. De son côté, la nature s'est régénérée. Mais dans la mémoire collective animale, le souvenir des sombres actions humaines reste vif. Aussi, le jour où un vaisseau s'écrase sur la Terre, la peur d'assister au retour des humains monte parmi les animaux. Seule, Nyelle, une jeune lycaonne, ose s'approcher des deux survivants au crash. Bannie par son clan pour avoir fraternisé avec eux, elle leur vient en aide... Sera-t-il possible à la nature, aux animaux et aux humains de cohabiter enfin les uns avec les autres, sans suprématie d'une espèce sur l'autre et surtout sans pollution ? Loin du récit catastrophe, Terra Animalia nous invite à réfléchir à notre place dans l'écosystème et à renouer avec un mode de vie plus simple, plus authentique, et surtout plus en phase avec les espèces végétales et animales qui nous entourent.
Voici une dystopie que je ne peux que vous recommander, ayant apprécié cette histoire de retour à la terre et à la nature. Une histoire rendue possible par le départ des Hommes pour Mars, laissant à la nature le possibilité de se régénérer et aux animaux de s’épanouir, de (re)prendre leur place et de, libérés du joug des Hommes et de leur cruauté, vivre en liberté.
S’est créée et développée une société pacifiée avec ses propres règles et ses propres limites. Ainsi, si tuer est permis, la seule raison légitime pour le faire est de se nourrir ! Cet équilibre est néanmoins menacé par l’arrivée d’un vaisseau avec à son bord deux humains, une femme et un homme. Alors que cela est interdit, Nyelle, une lycaonne, s’approche d’eux, ce qui la conduira à être exclue de son clan… Une situation injuste et cruelle qui ne l’empêchera pas de veiller sur ces deux humains, la lycaonne refusant de condamner des individus pour le mal commis par leurs ancêtres.
D’emblée, j’ai été immergée dans ce monde dominé par les animaux, qui ont développé une manière d’être au monde bien plus juste et humaine que la nôtre. Toutefois, il n’y a pas que les êtres humains qui sont capables de jalousie, de peur et de haine comme le découvriront Nyelle et ses nouveaux amis. À cet égard, l’auteur suscite d’intéressantes questions et réflexions d’ordre presque philosophique. Peut-on condamner une espèce entière sur la base de ce que certains de ses représentants ont fait par le passé ? Est-il réellement acceptable de recourir aux méthodes de ses ennemis ancestrales, ou cela ne relègue-t-il pas les personnes qui s’y abaissent au même rang que ceux qu’elles méprisent ?
J’ai trouvé intéressant que la très sage Nyelle refuse de tomber dans le piège de la peur, de l’ignorance et de la méfiance. Elle fera montre de bienveillance alors même que celle-ci lui coûtera beaucoup ! Au lieu de condamner, elle accompagne et aide nos deux humains dans cette nouvelle vie pour laquelle ils ne sont taillés ni physiquement ni psychologiquement. Mais de fil en aiguille, la nature semble reprendre ses droits sur ces deux êtres dont on suit l’évolution avec une certaine fascination mêlée de crainte.
Avec un naturel étonnant qui rend le scénario crédible, Patrick Mallet inverse le processus de l’Évolution, amenant ses personnages vers une régression qui est finalement synonyme de libération et de pleine réalisation. Sur Mars, nos deux humains étaient déconnectés d’eux-mêmes, mais ils trouvent enfin sur cette Terre gâchée par les Hommes, mais ressuscitée par les animaux, le sens de la vie et une manière d’appartenir à la Terre sans la ruiner.
En plus des quelques références à la Bible qui s’incorporent étonnament bien à ce récit, j’ai apprécié la présence des Gardiennes, sorte de manifestation de la nature apparaissant en cas de danger. J’aurais adoré en apprendre plus sur ces entités que les animaux considèrent avec beaucoup de respect et de déférence, mais l’aura de mystère qui plane autour de ces dernières les rend encore plus intéressantes. D’autant que cela rappelle que la genèse de ce nouveau monde n’a pas besoin d’être connue dans les moindres détails pour en apprécier les concours et la manière dont les animaux ont réussi à s’y épanouir.
En conclusion, en plus de son originalité et du scénario sans fausse note de Patrick Mallet, Terra Animalia peut s’appuyer sur les illustrations vives et vivantes de Tom Tirabosco. Ce dernier donne corps et vie avec beaucoup de talent à cette nature foisonnante, mais pas sans danger, dans laquelle nos personnages évoluent. Une BD qui nous offre un retour aux sources et à la nature que je vous recommande chaudement, que ce soit pour les réflexions soulevées par l’histoire, ou la vision d’une Terre différente dans laquelle l’Homme n’est plus l’élément destructeur mais un élément qui a su s’adapter pour vivre avec et non vivre aux dépens de…
Avis publié également sur https://lightandsmell.wordpress.com/2024/08/30/terra-animalia-tom-tirabosco-et-patrick-mallet
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