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Le 26 avril 1986 à 1 h 23 mn 44 s, le coeur du réacteur n° 4 de la centrale Lénine de Tchernobyl explose. À travers l'étude de plusieurs gestes artistiques, cet essai interroge ce que cet événement, impliquant des temporalités au-delà de l'expérience humaine possible, a changé, depuis plus de trente ans, dans notre regard et notre façon de faire des images. Contrairement à la bombe atomique, qui a donné lieu à des régimes de représentation ex- orb ita nts, par leurs surcroîts pyrotechniques et olympiens, la première grande catastrophe humaine environnementale du nucléaire civil ne peut être approchée que par une esthétiquein- ocu lée où le regard est partout orienté vers les êtres non humains dans une menace obscure, sourde et infernale. Pour rendre compte de cette esthétique, il faut commencer par rompre avec la logique de la « fin du monde » et le concept de « nature ». Trois propositions principales : la radioactivité est moins, pour l'art, un objet de représentation qu'une manière de regarder ; les images du vivant contaminé par la radioactivité (nucléarisé) exigent un regard humain énucléé ; un art de la radioactivité produit une esthétique radieuse. C'est à une révolu tio n dy son ien ne de la philosophie que nous serons fi nalement conviés.
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