"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La première partie de ce court roman se passe dans un vieux quartier de Shanghai où la maison du jeune Zhang Yingxiong est, comme les autres, promise à démolition ; mais son père refuse toutes les propositions de dédommagement alors que les voisins déménagent un à un, il se met à boire et meurt d'une crise cardiaque. Après son décès, sa veuve signe l'offre de compensation et la maison est rasée. Zhang Yingxiong se met alors en tête de venger son père. Il se fait embaucher comme serveur dans un restaurant dont une fenêtre à l'arrière donne sur l'appartement de l'homme chargé des expulsions dans le quartier, qu'il juge responsable du décès de son père. Ruminant son désir de vengeance, il observe par la fenêtre la fille de cet homme, sur le balcon en face, et la suit dans la rue quand elle sort, pensant en faire l'instrument de sa vengeance. Mais il s'aperçoit peu à peu que les choses ne sont pas si simples... Le récit se poursuit en déroulant une histoire très subtile, avec une tension dont le suspense n'est levé qu'à la toute fin, dans une conclusion ouverte, volontairement non dramatique, qui laisse soudain place à l'émotion.
Shanghai, dans le début des années 2000, les vieux quartiers sont prisés des autorités qui veulent y construire des immeubles. Les habitants qui vivent dans de vieilles maisons sont expropriés et touchent parfois à peine de quoi se reloger. C'est le cas de Zhang Suqing, le père de Zhanh Yingxiong qui refuse les offres qu'il trouve trop justes. Son décès brutal met fin aux négociations et sa femme et son fils sont contraints de quitter les lieux. Zhang Yingxiong est persuadé que le fonctionnaire qui a malmené son père est responsable de sa mort. Il va chercher à se venger.
Court roman ou longue nouvelle, cet ouvrage paraît dans la collection Novella de Chine, et comme toujours à L'Asiathèque, c'est une très belle découverte. Ren Xiaowen dont c'est le premier titre traduit en français se révèle être une auteure douée qui, en peu de mots, raconte une histoire complète dans laquelle rien ne manque. Certaines choses sont davantage suggérées qu'écrites, le tout dans un style élégant, fluide et moderne, ce qui n'est pas toujours le cas de la littérature chinoise qui use parfois d'images pas évidentes pour qui n'a pas les références nécessaires. Là, tout coule et c'est un plaisir, l'auteure joue également avec les prénoms de ses personnages Zhang Yingxiong veut dire Zhang le héros, la première fonctionnaire à venir faire une offre aux familles expropriées se nomme Qian Li (Le bel argent) et le fonctionnaire qui mettra fin aux négociations est Lu Zhiqiang (Qui a une forte volonté).
Ren Xiaowen décrit ses personnages dans les rues de Shanghai, la ville en pleine transformation. Elle parle des petites gens, de ceux qui triment, qui vivotent sans savoir de quoi seront faits les jours suivants, des changements urbains à tous prix et notamment à celui de la santé des habitants.
Très bien construit, ménageant un certain suspens quant à la vengeance voulue par Zhang Yingxiong, ce court roman se lit vite et peut même se relire. Le genre de petit livre que l'on a plaisir à offrir et faire découvrir.
A Shanghai, la maison de Zhang Yingxiong doit être rasée au grand désespoir de son père qui refuse toutes les propositions d’indemnisation. Quand les voisins, peu à peu, quittent le quartier, les Zhang résistent mais le père y laisse sa santé et sa vie. Pourvus d’une somme dérisoire, insuffisante pour se reloger, mère et fils se font héberger par un membre de la famille mais Yingxiong ne digère pas cette injustice. Son désir de vengeance se focalise sur Lu Zhiqiang, chargé par la municipalité de convaincre les récalcitrants. Il trouve un emploi dans un restaurant dont l’une des fenêtres donne sur le balcon de son ennemi. Il se met à épier le fonctionnaire et sa fille Shanshan qu’il suit dans les rues du quartier. Trouvera-t-il le courage de se venger ?
Loin des jolies façades coloniales du Bund ou des buildings ultra-modernes de Pudong, Ren Xiaowen nous entraîne dans les quartiers pauvres de Shanghai, dans ces hutongs traditionnels amenés à disparaître au nom du progrès. En peu de pages, l’autrice dessine des personnages forts et une trame où se mêlent chronique sociale, suspense et dénonciation de la misère et des expropriations.
Sur le balcon raconte, avec brio, émotion et justesse, les laissés-pour-compte, la corruption, l’injustice, la part d’ombre de la Perle de l’Orient.
Encore inconnue en France, Ren Xiaowen est célèbre dans son pays pour ses novellas, textes courts entre le roman et la nouvelle, qui ont renouvelé la littérature chinoise, depuis les années 80. Gageons qu’elle saura aussi se faire un nom ici, grâce à la nouvelle collection de L’Asiathèque ‘’Novella de Chine’’, dirigée par Brigitte Duzan.
A découvrir !
Merci à Pascaline et aux éditions de L’Asiathèque.
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