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Zoé est lycéenne lorsque le mouvement social devient insurrectionnel. Elle assiste à une répression sanglante dans le bâtiment qu'elle occupe avec ses camarades. Elle croit aux Quartiers libres qui se construisent dans la rage et le dégoût de cette violence de l'État. Mais à force d'assassinats et de disparition, la révolte est écrasée par le régime. Les forces révolutionnaires se morcellent alors que l'autoritarisme se renforce. Subtil béton n'est pas l'histoire de cette insurrection, mais de ce qui reste après la défaite, ce qui peut être reconstruit.
Deux années après la Dispersion, un collectif vit en clandestinité dans une maison en périphérie d'une grande ville portuaire. Pour certaines, c'est un choix : Koma ou Faz trafiquent leur identité officielle et permettent au groupe d'acheter ce qu'elles ne peuvent créer ou réparer.
Izem et ses enfants, déchu·e·s de leur nationalité, ou Alex et Pedro, condamné·e·s à 5 ans de prison, n'ont pas d'alternative. Comment vivre et résister en clandestinité ? Comment trouver l'énergie pour penser à demain après la déferlante répressive et les grands espoirs meurtris ? Comment faire à nouveau confiance lorsqu'un mouvement, frémissement du passé insurrectionnel, semble se lever sur le port non loin ?
La clandestinité n'est pas la solution de tou·te·s. Zoé a commencé sa vie d'adulte en vivant cette répression, visitant régulièrement son meilleur ami, Vinyl, mutique depuis les événements traumatiques du lycée. Onik, elle, a quitté le mouvement squat pour une vie de précarité officielle, afin de ne pas abandonner sa mère et son frère. Les vies dans la légalité, surveillée en permanence, des drones à la géolocalisation, ne rencontrent pas les mêmes problèmes que celles dissimulées, mais n'en sont pas moins complexes.
Et puis, il y a Tor. La super-militante, celle qui fait le lien entre les clandestinités, qui amènent des gens vers la lutte, celle dont on tombe amoureuse, celle qui a des contacts à la préfecture. Celle qui n'a pas donné de nouvelles depuis tant de temps.
Il y a des concepts prometteurs dont le résultat ne nous convient pas, Subtil béton fait partie de cette catégorie pour moi.
L’histoire se déroule dans un futur très proche, tellement proche que sa classification en science-fiction laisse perplexe. Une insurrection a été anéantie, c’est l’événement prétexte à la mise en place d’un régime totalitaire répressif. La moindre différence jugée inappropriée a pour conséquence un séjour dans un camp de rééducation pour permettre l’assimilation. Tout refus d’obtempérer retire la nationalité et désactive la puce implantée dans le bras de chacun. Une puce active est nécessaire pour vivre et contient entre autres l’état du compte en banque. Sans puce ou sans argent, il n’y a plus d’accès possible au moindre commerce même de premières nécessités. Et bien entendu sous couvert de sécurité, il faut régulièrement fournir à l’Etat les données qu’elles contiennent ce qui permet aux autorités de connaitre le moindre déplacement réalisé. Surveillance de masse, mal logement, violence policière, racisme, transphobie, sexisme… le quotidien des personnes dans le système n’est pas glorieux alors que dire de celui des personnes sorties du système ?
Une des forces des classiques de l’anticipation comme 1984 ou Fahrenheit 451 est dans la prise de conscience du protagoniste, ici tout le roman choral est du côté des personnes déjà anti-système ce qui perd de son piquant. Subtil béton est un roman choral donnant la parole à première vue à une galerie variée de personnages, mais il apparait rapidement qu’un seul type est présent : les minorités oppressées ou plutôt une partie. J’apprécie la présence de diversité et le fait de donner la parole aux minorités discriminées mais comme d'habitude on oublie les personnes handicapées. La seule mention est très clichée, la personne handicapée est un poids pour sa famille ce qui l’empêche donc d’être aussi militante que souhaitée. C’est usant ce type de représentation d’autant plus venant d’un collectif se voulant inclusif et défenseur des opprimé.e.s.
Le ton du récit est très culpabilisant d’autant plus qu’ils hiérarchisent les discriminations. Se soumettre au régime pour garder une vie sans clandestinité ou vouloir retourner dans le système est très mal perçu. La vision est manichéenne et la moindre tentative de déviation de l’idéal est jugée, jamais comprise ou excusable. Le ton est hyper accusateur de manière frontale ou via une manipulation sous couvert d’arrondir les angles. Le message est simple et peut faire grincer des dents : si tu es un poil moins discriminé que le voisin tu dois t’autoflageller à jamais et être corvéable à merci, vilain privilégié, va.
Niveau écriture la volonté d’inclusivité est forte mais la mise en application ne l’est pas. La décision de ne pas utiliser un langage inclusif homogène tout le long du récit rend la lecture, en particulier pour les personnes dys, compliquée. Il n’y a aucun moyen de s’habituer aux choix d’écriture.
Enfin ce qui est pour moi le soucis majeur c’est l’absence complète d’utilisation du « montrer plutôt que dire » (le fameux « Show don't tell »). Comme le dit la postface écrite par les membres du collectif, « Subtil béton est le lieu de nos décharges émotionnelles et politiques » et ça se sent. Je suis pour les romans militants mais jamais au détriment de l'histoire comme c’est le cas ici.
Pour finir sur une note plus positive, le travail éditorial bon. Les illustrations sont belles et une très grande carte est incluse dans un rabat.
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