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C'est l'hiver au nord du cercle polaire arctique. Elsa, neuf ans, est la fille d'éleveurs de rennes samis. Un jour, alors qu'elle se rend seule à skis à l'enclos, elle est témoin du meurtre brutal de son faon, Nástegallu. Elle reconnaît le criminel : Robert, un Suédois du village voisin qui harcèle sa famille et sa communauté depuis des années.
Mais celui-ci la menace de mort et la petite fille, terrorisée, garde le silence. Dix ans ont passé. Face à l'indifférence des autorités et de la police, la haine et les menaces à l'encontre du peuple sami n'ont cessé de s'intensifier. Et lorsque Elsa se retrouve à son tour prise pour cible, quelque chose en elle se brise : le poids du secret, le traumatisme et la peur qu'elle porte depuis son enfance refont surface, libérant une rage nouvelle, celle de vaincre et de vivre.
Stöld retrace la lutte d'une jeune femme pour défendre son héritage et sa place dans une société où la xénophobie fait loi, et dans laquelle les idées modernes se heurtent à une culture façonnée par les traditions et la peur.
Ce roman nous plonge dans le quotidien des éleveurs de Rennes en Suède, au nord du cercle polaire arctique..
Alors qu'Elsa, 9ans, se rend à skis, dans la réserve de ses parents ,elle fait une macabre découverte, son faon git à terre, ensanglanté. Elle a le temps d'apercevoir le tueur, cet homme du village voisin, qu'elle connait pour ses violences verbales envers ses parents et leur communauté...
Elle gardera le secret pendant plusieurs années...
La police ne désire pas ce mêler de ces conflits...
Un sentiment de non assistance envers ces éleveurs, la déprime de ces gens, leur travail rendu difficile par les conditions climatiques, les menaces contre son peuple sami ,pousse Elsa, dix ans plus tard à lutter pour cette cause...
L’auteure décrit son héritage sami et un retour en arrière sur un crime lorsqu’elle était jeune.
La force de cet ouvrage provient de la description de l’injustice ; de l’acharnement d’Elsa, depuis sa toute jeunesse ? On lit des scènes émouvantes.
« Stöld » est tiré d’une histoire vraie.
« Stöld » est, selon moi, un titre majeur de cette rentrée littéraire, que je peux considérer comme une invitation au voyage malgré des sujets très durs à propos de la population samie.
Jusqu’à présent, j’utilisais le terme « lapon » ou « Laponie » pour désigner ce peuple autochtone vivant dans le nord de la Scandinavie, en territoire Sápmi. Il s’avère, en fait, que le terme « lapon » est un terme péjoratif suédois désignant ce peuple comme « porteur de haillons ». Pourtant, il est doté d’une culture incroyable, d’une organisation sociale importante et d’une langue spécifique. Ils sont près de 85.000 individus, répartis dans le nord de la Suède, de la Norvège, de la Finlande et dans la péninsule russe du Kola.
Ann-Helén Laestadius, elle-même d’origine samie, offre une véritable épopée au travers de l’histoire d’Elsa, une gamine de 9 ans et qui se poursuit après une période de 10 ans. La scène d’ouverture du roman est dure et elle risque d’hanter plus d’un lecteur. Pourtant, c’est ce point de départ choisi par l’autrice qui marquera tout le récit et démontrera toute la haine dont doivent faire face quotidiennement les Samis.
Même s’il s’agit d’une œuvre de fiction, l’autrice s’est largement inspirée de sa propre histoire ainsi que des centaines de plaintes déposées par les Samis et qui sont pourtant classées sans suite malgré la gravité des faits.
La xénophobie touche particulièrement cette communauté, que les effets dévastateurs du climat et les destructions par l’Homme de leur milieu naturel menacent chaque jour.
Bouquin très sombre, il offre un magnifique éclairage sur les discriminations qu’endurent chaque jour les peuples indigènes. Se lisant comme un roman noir, c’est tout un pan de cultures qui est offert aux lecteurs.
Je tiens à féliciter la traductrice, Anna Postel pour le magnifique travail de traduction effectué, offrant une fluidité épatante ainsi qu’aux graphistes qui ont opté pour une couverture à la fois très sobre à l’extérieur mais avec une belle touche d’originalité dans le livre en lui-même.
C'est un roman sombre, très sombre, qui plonge le lecteur dans la dure réalité du Sápmi, territoire des Samis, le peuple autochtone scandinave, dans la Suède du Nord du cercle polaire arctique, littérairement peu explorée.
La scène inaugurale est forte et poursuivra le lecteur durant tout le récit. Elsa, neuf ans, fille d'éleveurs de rennes samis, est témoin du meurtre brutal de son faon Nástegallu. Elle a vu le criminel, elle sait que c'est un Suédois, un voisin du nom de Robert Isaksson. Elle choisit de garder le silence, traumatisée par le geste menaçant de l'homme. Mais le lecteur sait. Sa famille sait car ce n'est pas la première fois qu'on s'en prend à leurs rennes dans la région. Elle n'oubliera pas ce qu'elle a vu ni le visage du tueur. le lecteur non plus. Dix ans après, Elsa est prête à la confrontation, prête à mener le combat pour que les crimes contre les rennes s'arrêtent.
La fiction rejoint la réalité. L'auteure s'est inspirée de faits divers récents, compulsant une centaine de plaintes déposées par des éleveurs samis signalant des attaques contre leurs troupeaux, rennes torturés, mutilés, tués, par sadisme, par xénophobie, ou braconnages à des fins lucratives pour revendre clandestinement des steaks de rennes à des restaurants. Toutes classées sans suite comme « infractions insuffisamment caractérisées ». Au mieux les actes sont considérés comme des « vols » ( cf le titre ), le plus souvent ils ne déclenchent qu'indifférence auprès d'une police débordée devant couvrir de vastes étendues dans des territoires arctiques peu peuplés.
Dans ses remerciements, Ann-Helén Laestadius affirme : « Ce livre existe en moi depuis de nombreuses années ». Cette urgence de dire affleure dans chacune des 430 pages de son roman car il met en lumière le racisme structurel et les nombreuses discriminations que connaissent ce peuple, voire la haine de certains Suédois considérant les Samis comme des privilégiés avec leurs droits d'usage de la terre. Or, ces droits constitutionnels sont sans cesse bafoués, la renniculture menacée par l'industrie minière, les parcs éoliens, le tourisme et le réchauffement climatique qui perturbe leur déroulement traditionnel. le lecteur découvre stupéfait ces injustices. le roman délivre une critique sociale forte au message universel qui s'étend bien au-delà de la Suède. Impossible de ne pas y lire des résonances avec le sort des Autochtones amérindiens.
Elsa est une superbe héroïne. On la découvre fillette puis jeune adulte, courageuse et déterminée à se tailler une place dans la société. Elle n'hésite pas entrer dans l'arène face à Robert Isaksson qui continue à torturer et tuer des rennes en toute impunité. L'empathie est totale avec elle, d'autant plus qu'elle mène un double combat, externe au monde sami et interne. Elsa aspire aux rôles traditionnels masculins, elle veut devenir chef d'exploitation de son sameby ( structure administrative d'élevage ), ce qui dérange la société patriarcale sami. Plus largement, Anne-Helén Laestadius nous montre une héroïne en permanente réflexion sur son identité, sur le poids des héritages qui peut faire ployer certains ( magnifiques personnages de Hannah, sa tante, ou de Lasse son cousin ) ou en porter d'autres comme elle :
« Être sámi, c'est porter son histoire avec soi. Se trouver, enfant, devant un lourd sac à dos et choisir ou non de le porter. Mais comment choisir autre chose que de porter l'histoire de sa famille et de transmettre son héritage ? Elle sentit comme un coup de poing dans le ventre. Lasse avait essayé, il avait hésité et porté, pourtant à la fin il n'en avait plus la force. Mais dire qu'on avait envie d'autre chose, c'était inacceptable. »
La voix d'Elsa retentit fort et loin, faisant de son histoire une lecture marquante et puissante, d'autant qu'elle est portée par une voix d'écrivaine à la fois assurée, singulière et poétique. Les mots de l'auteure dans certaines scènes distillent un décalage voire une étrangeté qui laisse sourdre une menace (comme avec l'oreille du faon mutilé conservé par Elsa comme une amulette ou un memento mori) tout en laissant exploser la beauté de la nature du Sápmi ou des traditions samis dans des descriptions touchantes.
Ann-Helén Laestadius a beaucoup de choses à dire, presque trop parfois, le roman aurait pu être un peu plus resserré sans perdre en pertinence. Par les nombreuses thématiques évoquées, sociétales comme plus intimistes, son roman a connu un énorme retentissement en Suède, pays en plein débat pour savoir s'il doit ratifier la Convention 169 de l'OIT (Organisation internationale du travail), qui a pour but de protéger les droits des indigènes et tribaux, en l'occurrence des près de 30.000 Samis suédois.
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