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Les rendez-vous posthumes fixés par Stendhal à la gloire (je serai lu en 1880, 1935...), et le parti affiché de ne s'adresser qu'aux happy few ont déterminé un phénomène très spécifique, dont l'histoire restait à écrire, et l'anthologie à rassembler : le stendhalisme. Être balzacien ou zolien, c'est connaître et aimer Balzac ou Zola ; être stendhalien, ou beyliste - et l'hésitation entre les termes est déjà significative -, c'est faire partie d'un club très sélectif, appartenance qualifiante qui excède la littérature et induit une manière d'être au monde, un style de vie autant qu'un style tout court. On s'attache ici à suivre, au fil des générations et sur plus d'un siècle et demi, les métamorphoses surprenantes d'un écrivain majeur qui n'a été reconnu pour tel qu'après sa mort, et qui sera lu tour à tour comme le roi des psychologues, un sociologue de la subversion, un professeur d'énergie nationale, un modèle de dilettantisme cosmopolite, un moraliste désinvolte, un marxiste avant Marx, un freudien avant Freud, un phénoménologue avant la phénoménologie... Revendiqué par la droite, par la gauche et par ceux qui ne veulent ni de l'une ni de l'autre, réquisitionné par les idéologies, les passions et les modes successives, Stendhal, unique et pluriel, est un miroir qui reflète le kaléidoscope des cristallisations intellectuelles de la France moderne.
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