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(extrait).
Soudain j'aboie/ Soudain nos jambes nos cuisses mon sexe noir/ Soudain je te pose une question/ Soudain tu m'échappes/ Soudain nos corps glissent sur le tapis/ Soudain la succession des étoiles/ Soudain le mur plus mur que le mur/ (extrait).
Soudain et tu n'es plus qu'une emmurée docile/ Soudain les vastes terres se cognant en leurs angles/ Soudain et tu surprends la lutte primitive/ Soudain carotides et sangsues liant leurs ouvertures/ Soudain le corps emblématique propulsé dans l'espace/ Soudain et tu comprends que la démence sied aux galaxies/ Soudain le jour encerclé sa girandole de feux/ Soudain la peur collée aux cintres d'un théâtre sans lieu/ Soudain et tu n'es plus qu'un point sur ce terrain sa déclive/ Soudain la lettre seule épelée appelante/ Soudain pliée et dépliée sa rondeur sa musique/ Soudain aux autres s'emmêlant usinant sa longueur/ Soudain sans théorème et sans robe sans appâts/ Soudain sa nudité spectrale spirale ou sceptre/ Soudain agrandissant son diadème nuptial/ Soudain reptile au ruisseau marié aux abysses/ Soudain serpente et s'abreuve et tournoie/ Soudain glisse et remue déplaçant le vivant
Écrivain, critique et poète, auteure de plus d’une trentaine d’œuvres, Jeannine Baude nous a quittés en décembre 2021. Il nous reste son œuvre pour continuer à faire entendre sa voix singulière.
« Soudain » est construit sur une anaphore, ce mot « soudain » qui crée une immédiateté brutale, accentuée par la construction des phrases, brèves, parfois sans verbe. Cela donne une poésie en apnée avec une impression d’urgence.
« Soudain j’aboie
Soudain nos jambes nos cuisses mon sexe noir
Soudain je te pose une question
Soudain tu m’échappes
Soudain nos corps glissent sur le tapis
Soudain la succession des étoiles
Soudain le mur plus mur que le mur »
Le rythme est haletant. Le tutoiement au détour d’un ver nous apostrophe.
« Soudain je te pose une question. »
Il y a une énergie incroyable dans l’écriture de Jeanine Baude, il faut la lire en prenant sa respiration :
« Soudain le flux et le reflux d’une respiration »
On est bousculé, souvent, et saisis, parfois par une once de douceur :
« Soudain la douceur d’un nid. »
Le monde et la vie, la mort, tout cela est traversé par la « violence de l’écriture ». Les mots, entrainés par ce « soudain » psalmodié nous pousse, nous tire, jusqu’à, parfois, nous perdre.
« Soudain rien à comprendre »
Pour finir par : « soudain être soi ».
Une poésie à lire et, pourquoi pas, à scander à voix haute pour mieux entendre la voix de cette grande poétesse disparue.
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