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Les Sonnets de la prison de Moabit d'Albrecht Haushofer occupent une place particulière dans la poésie allemande du XXe siècle. Né en 1903, professeur d'université, géographe réputé, spécialiste de géopolitique, Haushofer, sans jamais adhérer au Parti nazi, avait occupé des fonctions officielles sous le IIIe Reich. Impliqué, comme bon nombre de ses amis, dans l'attentat manqué contre Hitler du 20 juillet 1944, il fut arrêté et incarcéré à la prison de Moabit, prison berlinoise tenue par les SS. C'est là qu'il composa les quatre-vingts sonnets qu'on retrouva sur lui après sa mort : il fut exécuté avec quatorze autres prisonniers dans la nuit du 22 au 23 avril 1945.
Publiés en 1946, ces Sonnets connurent aussitôt un grand écho et furent traduits dans de nombreuses langues. Une première traduction française parut en 1954, mais elle était faite d'après un texte encore fautif et, de plus, incomplet. Ce n'est qu'en 1976 qu'une édition fiable a vu le jour en Allemagne, où ce recueil fait aujourd'hui figure de classique. C'est cette édition qui sert de base à la présente traduction.
Les Sonnets de la prison de Moabit ne sont pas l'oeuvre d'un résistant de la première heure, mais d'un homme qui fait son examen de conscience et s'accuse de ne pas s'être opposé plus tôt à un régime qu'il désapprouvait depuis longtemps, mais en silence. Haushofer n'est tendre ni pour lui-même, ni pour son père, plus gravement compromis que lui. Ces sonnets sont le testament d'un homme qui sait qu'il ne sortira pas vivant de sa cellule : il y passe en revue les épisodes de sa vie, se remémore ses voyages, ses amitiés, ses amours, cherche à prendre exemple sur d'illustres persécutés (de Boèce à Thomas More), se rappelle les grandes oeuvres qui lui semblent avoir préfiguré son destin, comme ce tableau de Van Gogh, vu à Moscou, que nous avons choisi pour illustrer la jaquette. Pour finir, Haushofer se fraye un chemin vers la sérénité en s'inspirant surtout des sagesses orientales, dont il était familier.
Ce sont les circonstances qui ont fait éclore en Haushofer le poète. Ces quatre-vingts sonnets suffisent pour lui assurer une place parmi les voix inoubliables du XXe siècle.
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Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 3 heures
Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 2 jours
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