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Dans cette famille « silencieuse et dispersée » il manque pas mal de pièces. Carl, Nora, Paulina et leur cousin, le narrateur, n'ont jamais connu leurs grands-parents. Tandis que d'autres découvrent le passé dans les albums de famille, les quatre ado- lescents ne tombent que sur des photos découpées, des non-dits, des mensonges.
Ce qui est soigneusement tenu secret dans la famille, et que les parents ne veulent surtout pas connaître, c'est l'histoire du grand-père pendant le Troisième Reich, qui abandonne sa fiancée pour s'engager dans la légion Condor et bombarder Guernica. Qui est cette « vieille », avec qui il s'est remarié et qui fait tout pour effacer son passé ? Et qu'est donc devenue cette grand-mère soprano aux beaux yeux italiens ?
Sur les collines de la ville, où flottent de mystérieuses spores, le jeu innocent tourne à l'obsession et finit par éloigner le narrateur de ses cousins. Fiction et réalité se mélangent, peut-être qu'il vaudrait mieux tout oublier. Mais comment oublier ce qu'on ne connaît pas ?
Marcel BEYER construit son récit autour des secrets ( titre français du roman ) et du silence. Nora, Carl, Paulina et leur cousin, le narrateur sans nom, se lance comme comme une bande d'espions ( le titre original de l'oeuvre ) sur les traces d'une grand-mère, mystérieuse cantatrice qui serait à l'origine des yeux «italiens» qui les différencient des autres enfants, d'un grand-père toujours en vie mais disparu depuis son remariage avec une «mégère» qui aurait fortement contribué à la rupture avec la famille de son mari jusqu'à faire disparaitre les photo de la grand-mère des enfants. Si j'utilise le conditionnel c'est parce qu'il est difficile de faire la part entre l'histoire réelle de cette famille et tout l'imaginaire qu'inspire pour les quatres cousins la découverte d'un album de famille dans lequel les vides prennent autant d'importance que les photos du grand-père en uniforme.
Ce qui ne se voit pas peut s'inventer et les photos manquantes vont prendre forme de façon fictive mais suffisamment suggestive pour les enfants dans leur quête de l'histoire familiale avec peu d'aide de parents particulièrement silencieux ou donnant l'impression de ne pas tout dire sur le sujet. Les mots vont également jouer un rôle déterminant, plus particulièrement pour le narrateur et pour la jeune Paulina influençant en partie leur vie, Carl disant lui-même «Nous avons sous-estimé la force des mots, peut-être étions-nous trop jeune pour comprendre qu'il faut être prudent avec les mots».
Le récit m'a fait penser à un puzzle avec de nombreux changements de personnages, d'époques, passant même de l'enfance à l'age adulte pour les quatre cousins, avec un mélange de narration à la première personne et d'une narration omnisciente, avec la description d'événements étranges sans liens évidents avec l'histoire et certainement métaphoriques ( les mystérieuses spores qui envahissent la colline, le champignon géant). L'ensemble m'a paru un peu décousu et j'ai eu l'impression de me perdre un peu ( voire beaucoup ) dans cette histoire.
Ce roman est néanmoins agréable à lire en se laissant bercer par la belle écriture de l'auteur et emporter par ces secrets de famille même avec l'impression finale de ne pas les avoir tous percés et de n'avoir peut-être pas complètement fait la part entre réalité et imaginaire.
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