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Second jardin

Couverture du livre « Second jardin » de Lou Raoul aux éditions Isabelle Sauvage
Résumé:

Second jardin (drugi vrt) forme le troisième volet d'un triptyque avec les deux recueils précédents de Lou Raoul, Most et Otok, tous les trois tournés vers la Croatie.
Après Else et Kim, c'est le personnage Beris que l'on suit, une fois encore avec des repères temporels et spatiaux incertains... Voir plus

Second jardin (drugi vrt) forme le troisième volet d'un triptyque avec les deux recueils précédents de Lou Raoul, Most et Otok, tous les trois tournés vers la Croatie.
Après Else et Kim, c'est le personnage Beris que l'on suit, une fois encore avec des repères temporels et spatiaux incertains et une écriture marquée par des décalages et des ellipses, tant sémantiques que syntaxiques, à même de transcrire le chamboulement de la mémoire - et de l'aujourd'hui qui en découle. L'absence de ponctuation (sauf quelques virgules), de majuscules (sauf aux noms propres), et, comme une basse continue, l'emploi du croate (et de l'anglais) contribuent aussi à cette désorientation.
Ainsi l'enfance donnée dans les premières pages en pointillés, au présent, est pourtant « comme si loin d'ici ». Juste quelques bribes - Nadia Comaneci, Khrouchtchev ou Youri Gagarine, les maisons sans étage (qui reviendront au fil des pages) - pour évoquer l'attrait partagé avec le frère aîné, mort, pour ce monde situé derrière « le rideau de fer ». Alors il s'agira (c'est d'abord au futur) d'emprunter le chemin vers l'Est sur les traces de cette aspiration, de fouler cet autre jardin.
Ce chemin peu à peu se précise dans la deuxième partie, dans la confrontation réelle à la Croatie que Beris découvre progressivement. On glisse alors dans un temps brouillé, un présent d'observation mêlé, suspendu au conditionnel. Les images du présent et du passé se superposent, tant des faits, lieux, personnes resurgissent, telle une cohorte de fantômes (« du bagage de celle qui revient / débordent une maison / et ceux qui ne sont pas morts »), et que « les couleurs des souvenirs elles aussi changent ». C'est qu'il y a aussi là-bas les traces douloureuses de la guerre récente, face auxquelles Beris ne peut que s'arrêter et se tenir, « muette » - « si vingt-cinq ans est le temps pour oublier et pour pouvoir survivre » ?
Mais, « s'il n'y a dans ce jardin aucun remède à la puissance de la mort / dans les griffes des ronciers / elle se tient debout », Beris s'égratigne pour faire « des coupes des clairières des encores », elle « élague entre les années ». C'est au prix de ce cheminement qu'il sera possible de continuer : « si Beris consent / [...] à pouvoir oublier ou l'inverse / à pouvoir exister c'est une autre ce sera ».

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