"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Albertine, Léocadie, Ciboulette, Uriana, Schasslamitt et compagnie... Inspirée par l'amour des noms étranges et des êtres chers, Bérengère Cournut trace des miniatures, des portraits, de petites vies, où l'exceptionnel vient se nicher dans l'anodin. Il ne sert à rien de résumer ces histoires. Juste dire qu'elles sont frappées au coin de l'étrange et du quotidien. Lisez-les à haute voix, elles vous transformeront en oie.
Un titre à première vue énigmatique, mais dit à voix haute (et je ne me suis pas transformée en oie !) donne « chasse la mite ». L’explication arrive page 57, ou l’art de mettre fin à des années de vacances ennuyeuses en Dordogne ! Jubilatoirement sanguinolent.
Gasper Opakochka m’a ravie par son surréalisme, le Sergent-Major par son outrecuidante morgue…
Ces 17 histoires très courtes ont un ton décalé, une écriture alerte et vive, voire sauvage. Le naturel et l’alambiqué, le bizarre et le normal, les jeux de mots, les associations de mots… Tout ceci au service de personnages bizarrement normaux ou normalement bizarres, d’instants courts ou de longues tranches de vie.
Les pochoirs de Donatien Mary donnent une assise aux mots libres de Bérangère Cournut.
Un excellent recueil d’histoires courtes qui ne tient pas beaucoup de place dans la besace, qu’il est bon d’ouvrir de temps à autre pour piocher quelques instants d’autre part.
Recueil de très courts textes. Dix-sept en tout étalés sur quatre-vingt-six pages. Illustrés chacun par des pochoirs. Titre énigmatique s'il en est -au moins en sa toute première partie- qu'il faut vérifier deux ou trois fois après l'avoir écrit, pour savoir si l'on n'y a pas fait une petite faute. Un oubli de "s" ou de "a" est si vite arrivé...
Ces textes ont quasiment tous en commun d'avoir en titre un simple prénom ou un surnom ou un ensemble de noms propres, sauf un : Plume toi d'là qui n'est pas celui qui m'a le plus plu. J'ai aimé :
- Léocadie : "La course de Léocadie commença un soir sur les quais, c'était en 1900." (p.15) En quelques lignes (3 pages), Bérengère Cournut résume la vie tumultueuse d'une femme, ses aventures, ses amours.
- Mélanie... ou Henriette ? : "00h00, en chiffres rouges. Il fait une chaleur confortable. Ça me pique un peu le ventre, mais si je m'ajuste, la piqûre glisse, puis s'apaise." (p.19). Attention, nouvelle à chute... inattendue.
- Gaston le hanneton : la nuit mouvementée d'un hanneton dépressif.
- Schasslamitt : à ceux qui préfèrent les chiens aux chats et inversement.
- Hortense Gemperd : ""Vraiment d'une humeur de clochard aujourd'hui !" Et la petite dame au manteau noir crache sur les clous. Piaffements d'impatience sénile sur la bande podotactile du pavé surbaissé, c'est d'un oeil mauvais qu'elle guette l'apparition du bonhomme vert sous sa visière fêlée de plastique noir, façon ghetto urbain." (p.65)
- Miguel Perez : la vie mutique de Miguel et Dora.
- Pierre Meulière, l'enfant bourru (1896-?) : la précocité d'un enfant n'a pas que du bon. Et Bérengère Cournut boucle sa boucle.
Textes bien écrits avec parfois des formules intéressantes comme ce passage dans Hortense Gemperd parlant de "bande podotactile", des tournures de phrases plaisantes. L'auteure "écrit en état de veille paradoxale" (4ème de couverture). Une sorte d'écriture automatique où un mot en appelle un autre puis un autre donnant à la fin une histoire, entre surréalisme, onirisme, poésie. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on est en présence des nouvelles de l'année, mais indubitablement Bérengère Cournut a du talent. Son coéquipier dans cette aventure se nomme Donatien Mary et il signe les illustrations (dont la couverture), proches des textes, dans des tons gris-noir-parme, assez simples d'abord qui n'alourdissent pas le propos de l'auteure.
Un petit livre à glisser dans une poche et à lire tranquillement.
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