Depuis qu’il se sait condamné par la médecine à très court terme, l’avocat d’affaire lillois François Davin à pris le volant et fonce vers le sud, pied au plancher, sans réel but : rouler pour rouler, rouler pour oublier, pour accepter. Dans la banlieue de Lyon, il prend Paul en stop, une...
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Depuis qu’il se sait condamné par la médecine à très court terme, l’avocat d’affaire lillois François Davin à pris le volant et fonce vers le sud, pied au plancher, sans réel but : rouler pour rouler, rouler pour oublier, pour accepter. Dans la banlieue de Lyon, il prend Paul en stop, une vingtaine d’année, un peu mystérieux et un peu inquiétant. Paul fuit lui aussi, mais quelque chose de bien réel qui va les rattraper tous les deux. Une fois n’est pas coutume, je n’ai pas été emballée, transportée, bouleversée par ce dernier Karine Giebel. Dans la forme c’est toujours très bien écrit, percutant, à base de chapitres équilibrés et de phrases courtes (certaines sans verbe !), avec une tension qui va crescendo, vers toujours plus de violence, de noirceur et de cadavres. Mais sur le fond, je n’ai pas réussi à m’attacher réellement aux deux personnages, j’ai trouvé leur psychologie plus sommaire que d’habitude et la toile de fond (le grand banditisme, le proxénétisme et le trafic de drogues), çà m’intéresse moyen. Je crois que c’est surtout cela qui m’a un peu déçu. Une histoire d’amitié quasi filial entre un homme psychologiquement ébranlé et un gamin violent, une histoire d’amitié dont on sent rapidement qu’elle tourne à l’affection père-fils mais à laquelle on a parfois du mal à croire ! C’est noir et un peu sordide mais bien moins que d’habitude avec Giebel, et la fin (quand on connait son style) étonne un peu. C’est violent aussi, d’une violence assez crédible, puisque la toile de fond de cette histoire, de ce « road-roman » (l’équivalent de road-movie !) c’est le banditisme d’aujourd’hui, de celui qui fait régulièrement la une des journaux. Mais les personnages de Paul et François n’ont pas la force, le charisme d’un Raphaël (« Purgatoire des innocent » ») ou d’une Marianne (« Meurtre pour rédemption »), ils sont un peu moins bien dessinées, un peu plus binaires, un peu moins fouillés, beaucoup moins attachants. Et puis le peiti message écolo en filigrane parait, comme dire… un peu « à la mode ». Giebel a placé la barre haut, très haut avec ces deux monuments précités, elle est donc condamnée à nous décevoir un petit peu parfois, c’est logique. Dans mon petit palmarès personnel, je le place juste devant celui que j’ai le moins aimé de tous : « Chiens de sang ». Mais ce n’est pas ce tout petit bémol qui va me détourner de son travail, elle m’a trop scotché par le passé !