Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
Mikhaïl Petrovitch Artsybachev (1878-192), est un écrivain russe qui connut un immense succès populaire au début du XXe siècle avant d'être totalement censuré par le régime tsariste et de sombrer dans l'oubli à cause de la censure de son oeuvre par le régime soviétique. Les personnages des récits et des romans d'Artsybachev, notamment Sanine, du roman éponyme, manifestent son désir d'en découdre avec le « comme il faut », avec les grands principes réactionnaires régissant la vie en société. Le roman Sanine, au début du XXIe siècle, paraît évidemment bien moins scandaleux qu'au début du XXe siècle, car la « révolution sexuelle » est passée par là. Dostoïevski frappa très fort, scandalisa, révolta ses lecteurs par son oeuvre emplie de crimes et d'analyses psychologiques extrêmes (Les frères Karamazov seront préfacés par Sigmund Freud), mais il proposait, après la transgression, un rachat, un châtiment, un salut, non pas d'ordre social mais d'ordre divin. Dans Sanine, en revanche, pas de regret, pas de remords, pas de pitié, pas de pardon, pas de belle prostituée sacrifiée et salvatrice, rachetée par son dévouement et aspirant à la sainteté, pas de Bien sauvant le Mal. Le héros, divisé, scindé, déchiré, au sens originel de « diabolique », agit, dans l'accomplissement de ses contradictions, de ses paradoxes, dans la transgression, il prend du plaisir, dans la rupture, dans la déchirure, dans l'explosion. Il est résolument au-delà du Bien et du Mal : héros nietzschéen. Titan. Exaltation, exubérance, énergie vitale. « Orages désirés ! ». Renversement de toutes les valeurs, dont, en premier lieu, celles de la religion chrétienne.
Tolstoï, qu'Artsybachev admirait intensément, tout comme il admirait Dostoïevski et Tchekhov, a commenté avec enthousiasme Sanine et l'écriture d'Artsybachev, dans son Journal de 1909. Lors de sa conférence à Milan en 1929, intitulée « La littérature en exil », l'écrivain Alexandre Valentinovitch Amphitheatrov fit l'éloge de celui qui resta toute sa vie son ami très proche, malgré l'éloignement : « Artsybachev fait partie de ces écrivains incompris par leurs contemporains, qui ont besoin de l'écoulement du temps, de la mise en perspective historique, pour être appréciés et aimés. » Notre époque est sensible à la voix des amoureux de la nature, des passionnés de la vie libre, sans entrave, loin des pollutions mesquines et des bruits mondains, loin des idéologies oppressantes et les lecteurs amoureux d'authenticité entendront, derrière l'ironie et le cynisme, la nostalgie de « la Terre Mère », l'appel à « Matouchka zimlia siraïa » (« Notre petite mère la Terre humide ») de Sanine-Artsybachev.
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