Des conseils de lecture pour faire le plein de découvertes !
La rencontre de la plume affutée de Caryl Férey et du dessin réaliste de Corentin Rouge.En Afrique du Sud, une vingtaine d'années après l'Apartheid, les cicatrices laissées par l'ancien système peinent à se refermer. Le racisme n'est plus institutionalisé mais les inégalités toujours présentes et la population divisée entre les propriétaires blancs et les ouvriers noirs. Dans ce contexte, Sam est retrouvé mort sur les terres de la ferme des Pienaar, ses employeurs. Le lieutenant Shepperd - esprit léger, avisé autant que séducteur et tête brûlée - est chargé de saisir les enjeux qui auront mené au drame. L'enquête s'alourdit bientôt d'éléments disparates : conflits et secrets familiaux, recours à la sorcellerie, disparition d'un bambin dans le voisinage... Tandis que Shane Shepperd lutte tant bien que mal contre les silences et les mensonges de ses interlocuteurs, en toile de fond, le parlement est le théâtre d'oppositions rongeant la nation sud-africaine... La réforme agraire visant à redistribuer les terres usurpées du temps de l'apartheid provoque les débats et souligne les tensions des partis radicaux. Bientôt, les deux camps en appelleront à la violence.Enquête policière sur fond de climat social brulant, Sangoma, les damnés de Cape Town, est un récit sous tension où la violence d'un crime souligne les angoisses d'un pays captif de son passé. Treize ans après Zulu, Caryl Férey retourne en Afrique du Sud pour sa première bande dessinée aux éditions Glénat. Accompagné de Corentin Rouge, ils créent ensemble un polar palpitant aux dialogues ciselés et à l'action explosive...
Des conseils de lecture pour faire le plein de découvertes !
Un bon polar bien troussé dans la région de la Route des vins, tout près du Cap en Afrique du Sud, où j'ai passé des vacances l'été passé.
J'ai attaqué l'album doucettement, j'avais peu de temps ce matin, et j'avais l'ambition de morceler la lecture. Mais, pas de chance, impossible de le lâcher.
Les ambiances sont merveilleusement retranscrites, les paysages sont grandioses (j'ai d'ailleurs eu la chance de lire cet album dans une version Noir & Blanc format géant qui accroît les ressentis) et fidèles à mes souvenirs.
Ça n'est pas au même endroit ni le même contexte, mais j'ai pensé à "Mississipi Burning" d'Allan Parker.
Je remercie fortement la "librairie du Cap" de Saint Laurent du Var (total hasard puisqu'il ne s'agit pas du même Cap...) de m'avoir fait remporter cet album dans le cadre de leur tombola pour le Festival des Terrasses BD.
Quel scénario.
Dès les premiers dessins, j'ai été embarquée dans cette histoire.
Nous assistons à cette société post apartheid qui n'arrive pas à se réconcilier, dans laquelle les inégalités, les clivages, les croyance, les rites et les violences restent prégnantes.
L'enquête sur la disparition d'un bébé et la mort d'un homme, nous emmène dans les township, les beaux quartiers, les fermes des "petits blancs" et le parlement.
Les dessins sont magnifiques ; c'est réaliste, brutal et émouvant.
Il y a quelques pointes d'humour pour alléger, un peu, l’atmosphère.
J'aimais Caryl Ferey comme romancier, il m'a conquise dans cette BD.
Une pépite.
Le Cap, Afrique du Sud, le corps d'un ouvrier agricole noir est retrouvé dans une ferme d'une famille blanche et un nourrisson a été enlevé au même endroit. Le lieutenant Shane Shepperd, flic blanc, davantage intéressé par les charmes d'une jeune femme noire, maîtresse du leader d'extrême droite et fille d'un politicien noir qui tente de régler l'épineux problème de la répartition des terres entre noirs et blancs, est dépêché sur la double affaire.
Caryl Férey scénarise cet album tandis que Corentin Rouge le dessine. Il débute par une chasse à l'homme noir par des hommes blancs accompagnés de chiens excités et dangereux. L'apartheid est fini, mais les tensions demeurent : des noirs demandent qu'on leur restitue leurs terres dont ils ont été chassés et les blancs propriétaires refusent arguant que ce sont eux qui les ont fait fructifier. Le scénario va puiser dans les croyances les plus enfouies et pas toujours avouables, dans celles qui subsistent dans les coins les plus reculés, dans les townships. La violence y est également très présente, quotidienne, les armes circulent et il ne fait pas bon être flic ou blanc pour y arpenter les rues, alors, flic et blanc...
Les teintes sont souvent sombres, le dessin classique qui fait la part belle aux personnages expressifs, pour un album de très bonne qualité, très rythmé et intense.
Très bonne bande dessinée policière, tous les ingrédients sont réunis pour qu'une éventuelle suite soit tout aussi bonne, car je ne serais pas surpris que Shane Shepperd revienne dans un autre tome, je dois dire que je serai même ravi de le retrouver.
L’album s’ouvre sur une fuite, sur une recherche et l’opposition entre les Blancs et les Noirs qu’ils soient adultes ou enfants. La bande dessinée montre à quel point l’Apartheid, malgré les années, malgré les actions politiques, a imprégné le sang de ce peuple. Entre les camps, au milieu du silence et des idéologies, le lieutenant Shepperd veut découvrir la vérité, mettre des mots sur les faits. Le scénario est rythmé entre deux niveaux, la vision de politique générale et l’histoire plus familiale, plus intime. Le lieutenant doit affronter tout cela et ne pas perdre son objectif de vue. Sa détermination est forte et on la discerne facilement malgré une certaine légèreté. Il joue de son charme, d’une certaine détente pour mieux vivre tout cela. Il est souvent rattrapé par le contexte, par les situations et survit sans perdre son calme. À ses côtés, les autres personnages sont hantés par le silence, par l’histoire de leur pays. Ils sont tendus, perdent leur sang-froid, ce qui donne des scènes d’action fortes. On retrouve là le sens du rythme de Caryl Ferry, auteur de polar qui sait parfaitement ménager le chaud et le froid, ce que le dessinateur déploie avec force dans le choix de ses couleurs, de leur confrontation frontale. Il sait capter l’air d’un pays, ce que l’Histoire fait peser sur les êtres, sur leur descendance. L’Histoire fait des ravages, provoque des raz-de-marée qui ne laisse personne indemne. Même le lieutenant Shepperd est atteint. Il n’est pas un héros insensible. Il défend mordicus son sens de la justice et porte cette idée de vérité.
Corentin Rouge trouve le ton juste pour raconter cette histoire, alternant les plans larges pour installer le décor et les plans très rapprochés pour saisir les personnages, leurs visages portant les doutes et les peurs. La scène de Mitchell’s plain, Township de la ville du Cap, ghetto où on peut être accueilli à coups de bazooka, est l’un des moments forts de ce récit. Quelques dialogues pour installer le suspens et le danger de ce lieu. Un plan large pour respirer et découvrir le gruyère labyrinthique de ce quartier, suivi d’une plongée progressive auprès des informateurs. En soulevant chaque rideau, le lieutenant Shepperd tombe dans un univers magique, aux couleurs envoûtantes. Il est perdu et fait face à une certaine violence. La tension monte avant qu’il ne retrouve la réalité, la confrontation entre les flics et quelques habitants. Les armes lourdes sont sortis. Les rencontres furtives bousculent les repères, autant pour le personnage que pour les lecteurs, et le retour à la réalité se teinte d’une surprise, d’une brutalité qui était palpable jusqu’à maintenant, sans pour autant être concrète. Ce bouleversement progressif et finement déployé est une vraie réussite.
Même vingt ans après sa fin annoncée, l’apartheid laisse des traces dans la population d’Afrique du Sud. Les afrikaners propriétaires terriens représentent encore une minorité de la population mais ils détiennent toujours la majorité des terres. Ces terres exploitées depuis des centaines d’années par leurs ancêtres, grâce au travail des esclaves. Si aujourd’hui ce sont des salariés qui travaillent les vignes et les terres agricoles, la famine et les privations sont toujours là, et la révolte gronde parmi ces travailleurs qui réclament la restitution des terres volées à leurs ascendants.
C’est dans ce contexte que l’on découvre l’exploitation viticole de la famille Pienaar. Sam, l’un des ouvriers, est retrouvé mort dans les vignes. L’inspecteur Shane Shepperd, un policier au comportement pour le moins singulier, est chargé de l’enquête.
Mais les langues ont du mal à se délier, surtout quand l’enquête touche aux secrets de famille, aux croyances religieuses et animistes, à la sorcellerie. Shepperd devra s’armer de courage pour affronter les bandes hostiles des township, les secrets des sorciers, les conflits politiques qui gangrènent le pays et les discussions au parlement.
Voici une excellente BD qui allie le scénario de Caryl Ferey, un auteur que j’apprécie pour ses romans, et Corentin Rouge aux dessins.
lire la suite de la chronique sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/01/02/sangoma-les-damnes-de-cape-town-caryl-ferey-corentin-rouge/
Un polar politico-socialo -économique, voilà le meilleur raccourci pour qualifier cette histoire qui se déroule sur les terres de celle qu’on appelle dorénavant la nation arc-en-ciel.
Au 17e siècle, les premiers colons européens (hollandais, allemands et français) s’installent en Afrique du Sud, ce sont les boers (paysans), les ancêtres des actuels Afrikaners. Au fur et à mesure, ils vont s’installer sur ces terres pour y cultiver le blé et la vigne.
En 1910 l’Union sud-africaine est créée après les deux Guerres des Boers contre les Anglais. Mais en 1948, le National Party décide d’instaurer l’Apartheid (séparation en Afrikaans) entre les Afrikaners et les autres ethnies, de couleur. Ce système séparatiste sera confirmé par la proclamation de La République d’Afrique du Sud en 1961.
Ce n’est qu’en 1991 que le Président Frederik De Klerk décide de mettre fin, constitutionnellement, à ce labyrinthe ségrégationniste qui avait mis l’Afrique du Sud au ban des nations.
En 1994, l’avocat Nelson Mandela, après 27 années d’emprisonnement, deviendra le premier Président noir de cette nation.
C’est alors que le problème de la redistribution des terres est étudié au Parlement, qu’un policier du Cap, Shane Shepperd, est mis sur une nouvelle enquête. Il va devoir découvrir les liens qui pourraient exister entre l’enlèvement d’un bébé, le meurtre d’un ouvrier agricole dans un domaine viticole de Stellenbosch, la présence d’une sangoma (guérisseuse) d’un township et la maîtresse noire d’un politicien extrémiste afrikaner. Sa tâche va s’avérer des plus complexes, comme trouver un arbre dans une forêt, et nous fera glisser dans un univers où la violence et les rancunes sont encore des plus présentes.
Ce bel album de Caryl Férey et Corentin Rouge nous décrit parfaitement la réalité de l’Afrique du Sud, un pays gangréné par la violence et les différences économiques.
Mais c’est surtout une véritable invitation à découvrir cette région du monde pour laquelle j’ai une affection toute particulière.
Quelle belle surprise que ce polar étouffant brûlé par le soleil sud-africain !
Cette couv aux couleurs chaudes sentait le mystère et voir le nom de Caryl Férey, auteur reconnu de romans noirs, au scénario, présageait le meilleur…
Et de fait on a ici un scénario riche au décor politique et social complexe avec toute une galerie de personnages qui ont chacun une place dans l’intrigue. On part pour 150 pages en apnée avec le lieutenant Shane Shepperd de la police du Cap. En apnée dans les bidonvilles à la recherche des Sangoma, sorciers mystérieux, dans les vignes, terres réclamées par les ouvriers noirs, en apnée aussi au Parlement de Cape Town où les blancs et les noirs s’affrontent au sujet de ces terres… En apnée à la recherche d’un assassin.
Le dessin de Corentin Rouge est à la hauteur du récit. C’est dynamique, vivant et réaliste. La chaleur, la violence physique mais aussi la violence raciale, la tension qui pèse sur ce pays… tout est bien palpable.
Au final, voilà un album à ne pas louper ! Un combo parfait entre un scénariste et un dessinateur, c’est pas si fréquent et ça saute aux yeux quand c’est réussi !
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