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Avec 120 puits de mine, le Pas-de-Calais est la région la plus en pointe pour l'extraction du charbon en France. Il n'est pas rare que les enfants y travaillent dès l'âge de 14 ans. Le fils Pruvost fait partie de ceux-là. Alors qu'il découvre son métier, un coup de grisou intervient le 10 mars 1906, faisant 1099 morts. Alors que les recherches des survivants cessèrent trois jours après la catastrophe, on retrouva des rescapés vingt jours plus tard. C'est sur la base de leurs témoignages, en replaçant son récit dans son contexte historique, que Jean-Luc Loyer nous raconte ce terrible drame. Du drame industriel et humain aux luttes sociales qui s'en suivirent, des réactions des politiques de l'époque (Jaurès, Clemenceau...) à celles de la presse (L'Humanité), 1906 est un ouvrage érudit, complété par un dossier historique.
Connaissez-vous la catastrophe de Courrières qui eut lieu le 10 mars 1906 et qui causa la mort de 1099 personnes ? Non ? Jean-Luc Loyer ressort de l’oubli cette tragédie minière incroyable à travers sa BD intitulée Sang noir.
Construit en plusieurs chapitres, son récit prend le temps de comprendre l’époque, la condition ouvrière et la vie dans les mines, l’accident, les secours insuffisants, les survivants qui réapparaissent plusieurs jours après l’explosion et la grève qui survient. J’ai été sidérée par la force des dessins à restituer l’horreur tout en l’expliquant de façon très pédagogique.
Au milieu de la BD, grand moment d’émotion : Jean-Luc Loyer consacre plusieurs pages à citer toutes les victimes des différentes fosses par leurs noms, prénoms et âge. Où l’on voit que les morts sont parfois des enfants de 14 ans… Cette longue liste frappe en plein cœur le lecteur et apporte de la véracité au récit dessiné.
L’intérêt de cette BD à forte valeur historique est de capter l’histoire par des petits détails. Comme ces traditions de mineurs : les « galibots », ces jeunots qui démarrent le travail dans la mine, doivent répéter trois fois « adieu mes beaux jours » lorsqu’ils descendent pour la première fois dans les entrailles de la mine. Et doivent respecter la hiérarchie : tout en haut les ingénieurs, peu concernés par la sécurité, ennemie du rendement, puis les chefs porions, les chefs d’équipe et les surveillants.
On croise aussi dans cette BD des figures historiques comme celle de Clémenceau venu parler aux grévistes, ainsi que Jaurès, à la tête de l’Humanité, sans oublier Zola qui fait une apparition au début de la BD, venu observer les mines alentours pour nourrir son futur roman Germinal, 22 ans avant la catastrophe…
Jean-Luc Loyer, venu à Angers vendredi dernier dans le cadre du prix BD One Shot, est intarissable au sujet de cette BD et de son travail. Né à Hénin-Beaumont, cette histoire est celle de sa famille et de son pays. Il s’est beaucoup documenté pour construire son album, ses références bibliographiques figurent d’ailleurs à la fin, avec des cartes postales de l’époque et un lexique.
Par son aptitude à rendre l’histoire, la petite comme la grande, vivante et passionnante, cette BD est un véritable pavé dans la mine.
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