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" Rosa Blanca " est le nom d'une hacienda, propriété de l'Indien Hacinto Yanyez. Elle lui appartient comme elle a appartenu à ses ancêtres, et comme elle appartiendra encore à ses descendants, plusieurs générations après lui. À ses yeux, elle est la propriété de ceux qui y ont vécu, y vivent, ou y vivront dans le futur : plus que le propriétaire, il en est le gardien, et il ne peut - ni ne veut - donc la vendre. Nous sommes au Mexique dans les années 1920, après la chute de la dictature de Porfirio Díaz. La compagnie pétrolière américaine Condor Oil Company, qui possède déjà tous les champs pétrolifères alentour, veut à tout prix mettre la main sur l'hacienda pour en exploiter les gisements. Avec l'ironie et l'humour noir qui le caractérisent, B. Traven nous raconte pourquoi Mr Collins, le président de la compagnie tient tant à ce domaine, et comment il va s'y prendre pour arriver à ses fins : " Le seul principe que [la Compagnie] admît comme règle de combat était celui-ci : la guerre avec les moyens les plus brutaux est la plus courte, et, par suite, la plus humaine. " Prophétique ? on croirait voir et entendre, avec plusieurs décennies d'avance, la " World Company " des Guignols de l'Info ? Rosa Blanca a été porté à l'écran en 1961 par le cinéaste mexicain Roberto Gavaldón.
Apparemment, Rosa blanca commence comme La révolte des pendus ou La charrette, deux autres superbes romans de B. Traven. Nous sommes dans l’état de Veracruz, au Mexique et l’auteur, avec son habituel talent, nous plonge dans le quotidien d’une hacienda tenue par l’indien Hacinto Yañez. Sur 800 hectares plusieurs familles, en parfaite harmonie, produisent maïs, haricots, chile (piments), canne à sucre, oranges, citrons, papayes, tomates, ananas mais aussi élèvent des chevaux, des bœufs, des porcs… La vie est paisible. Enfin, chacun vit et la solidarité n’est pas un vain mot grâce au système du parrain (compadre) et de la marraine (comadre) permettant aux familles de s’entraider en permanence, d’une génération à l’autre.
Cette tradition, héritée des Indiens, était forte au Mexique jusqu’à l’arrivée de Christophe Colomb… Petit à petit, les colonisateurs espagnols ont imposé leur logique d’exploitation, oubliant que la terre est d’abord nourricière.
Hélas, le patron de l’hacienda doit affronter la voracité de la Condor Oil Company (COC) qui veut à tout prix acquérir ses terres pour agrandir ses champs de pétrole. Cela se passe peu après 1920 et tout ce qu’écrit B. Traven est terriblement d’actualité, encore aujourd’hui. Nous partons alors dans le pays voisin, les USA où nous faisons connaissance avec Mr Collins, Président de la COC. Tous les détails de sa vie et de son irrésistible ascension nous permettent de comprendre les ressorts du capitalisme, de l’exploitation honteuse des mineurs à l’empire du tout pétrole. Pour conclure, l’auteur écrit cette phrase terrible : « Que nous importe l’homme, seul le pétrole est important. » Aujourd’hui, le mot pétrole serait-il interchangeable avec le mot nucléaire ?
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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