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Le juge Galtier, victime d'insomnie est surpris de retrouver en pleine nuit dans son jardin un malfrat ,Ange Siméoni ,qui dit être traqué par des inconnus.Il enjoint donc Ange de se présenter le lendemain devant l'inspecteur Juston pour donner des éclaircissements sans quoi il risquerait des poursuites.Seulement il est introuvable le lendemain. Le juge et l'inspecteur vont enquêter pour découvrir un vaste marché frauduleux à l'immobilier où tout est bon pour arriver à ses fins.Lecture agréable.
Chez Jigal, j'étais habitué aux polars assez rapides, efficaces, comme récemment Beso de la muerte ou L'autel des naufragés, mais là pas du tout, c'est un roman qui prend son temps. Un peu bavard et pas mal de répétitions, mais on est à Marseille, là où on enjolive les faits, où une simple anecdote prend des tournures d'histoire du siècle. Je dois sûrement ici écrire un cliché, mais il faut bien reconnaître que ce roman de 272 pages (dans sa version grand format) aurait pu être réduit nettement sans perdre de son intérêt. Ceci étant dit, c'est un roman qui m'a beaucoup plu. D'abord, le ton est léger, le style entre ironie, sarcasme et humour, on lit avec un sourire aux lèvres -pas permanent, car les digressions de l'auteur sont bien senties et sérieuses, mais j'y reviendrai-, mais qui tient une bonne partie du livre : "Le prince Al-Walid qui avait fait ses études secondaires en Angleterre, au prestigieux collège d'Eton, puis ses humanités à Oxford parce que, cette année-là, les étudiants de cette université avaient battu Cambridge aux avirons, n'en était pas moins un partisan convaincu du despotisme absolu. Ça tombait bien parce que le despote, dans son pays, n'était autre que son grand-oncle et que cet ancêtre tout puissant avait le sens de la famille. On avait eu beau apprendre au jeune dandy qu'il était alors, la philosophie des Lumières avec Locke puis Montesquieu et Voltaire (et non pas Rousseau, il ne faut tout de même pas exagérer...), rien n'y avait fait." (p.13)
Ensuite, on suit l'intrigue du côté du juge d'instruction, qui lentement, cherche à établir les responsabilités et à ne pas faire payer des lampistes mais les bons coupables. Enfin, entre deux interrogatoires, et des discussion avec Juston le flic, le juge Galtier nous fait part de ses opinions sur la justice française (André Fortin s'y connaît un peu, il a été magistrat) : "J'ai toujours été, par principe, opposé à cette législation et à cette juridiction d'exception [la juridiction anti-terroriste] : augmentation considérable des droits de la police, durée de garde à vue doublée, voire triplée, détention provisoire allongée, accointances entre justice et services de renseignement, cour d'assises sans jurés, incriminations élastiques, droits de la défense réduits... Un système que l'on croirait relever d'un régime totalitaire et non d'une démocratie européenne du XXIe siècle?" (p.219) et également sur les réseaux de l'islam intégriste dans les cités : recrutement de jeunes désoeuvrés et en recherche d'un sens, implication dans des affaires financières douteuses, ... Dans ces moments, l'écriture est plus grave, pas donneuse de leçons, elle constate en s'appuyant sur l'expérience d'un juge.
On est en plein roman noir social ou sociétal. Un polar très ancré dans le vrai, sans doute encore au-dessous de la réalité qui, on le sait, dépasse toujours la fiction. Très prenant grâce au rythme, à l'écriture très plaisante d'André Fortin et au réalisme de ses intrigues.
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